Cinq ans après Le Milieu de l’Horizon (sorti seulement en 2021 en France), la réalisatrice suisse Delphine Lehericey revient derrière la caméra avec Last Dance !, comprenant au casting François Berléand, Kacey Mottet Klein, Maria Ribot, Jean-Benoît Ugeux, Déborah Lukumuena, Astrid Whettnall ou encore Sabine Timoteo et nous faisant suivre le parcours de Germain, un veuf tentant de tenir une promesse tenue à sa défunte femme…

Après avoir transformé l’essai avec succès, Le Milieu de l’Horizon ayant été auréolé du Quartz du meilleur film de fiction au Prix du cinéma suisse, Delphine Lehericey s’éloigne du drame pour raconter la dure réalité de certaines épreuves de la vie, préférant la délicatesse afin de traiter avec une certaine simplicité de la question du deuil.

Se mettant au service d’un récit de reconstruction, la cinéaste laisse ainsi sa caméra suivre le mouvement d’un numéro intimiste où le sujet de la perte de l’être aimé est abordé avec une certaine élégance, le but de Last Dance ! étant de montrer avec le corps ce que le cœur ne peut exprimer. Pour s’y faire le scénario qu’elle a elle-même imaginé suit le tempo d’un homme tentant d’ouvrir un nouveau chapitre de son existence en exorcisant la douleur inhérente à la mort et ce à travers une quête personnelle, synonyme de défi. C’est ainsi que le spectateur suit les traces – pour le moins titubants – de Germain, un septuagénaire misanthrope sur les bords, s’obligeant à fouler le parquet pour tenir une promesse à sa défunte femme.

S’inscrivant dans la troupe de danse contemporaine de la chorégraphe Maria Ribot sans mettre ses enfants dans la confidence, notre protagoniste s’élance vers l’inconnu mais surtout vers un renouveau intérieurement parlant, son passage auprès de ces hommes et femmes dévoués à leur art l’aidant à faire face à un quotidien plutôt morose. Sortant du cadre délimité par sa progéniture, qui s’inquiète à raison de son état d’esprit suite au coup du sort les touchant tous de très près, ce cher Germain avance pas à pas, la chorégraphie qu’il s’applique à apprendre lui servant d’échappatoire mais surtout d’exutoire. La danse se révèle être un élément thérapeutique aux effets bénéfiques, la gestuelle permettant d’ouvrir les chakras et de laisser son esprit vagabonder. Une trame dont on connaît les ficelles, le long-métrage ne cherchant aucunement à sortir des sentiers battus, l’essentiel étant pour lui ailleurs.

En effet, l’intrigue développée par Delphine Lehericey est on ne peut plus classique, la volonté de cette dernière étant de jouer sur ce rapport au corps, dans un style épuré. A l’image des innombrables séquences passées sur scène par nos danseurs, le tout sous l’égide de celle que l’on surnomme La Ribot, qui donne l’espace nécessaire ses élèves pour s’épanouir par la danse. Le ballet concocté par la chorégraphe se marie plutôt bien avec le mise en scène de la réalisatrice, qui laisse son personnage central déambuler dans ce monde dont il ne maîtrise pas les codes, visuellement représenté par cette abondance de couleurs sombres. De quoi symboliser cette noirceur dans laquelle chacun peut s’enfermer et duquel il faut sortir. Un programme simple mais déroulé avec une certaine aisance, sans user de dramaturgie superflue – la douceur étant privilégiée – aidant de ce fait à apprécier le numéro proposé par François Berléand, qui donne de sa personne pour que l’on se laisse porter par cette tendre ode à la réhabilitation intérieure.

Avec Last Dance !, Delphine Lehericey avance pas à pas sur le terrain de la comédie avec une ode à la reconstruction douce-amère, suivant une chorégraphie appliquée mais pour le moins balisée.

© Epicentre Films

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