Passée une série de courts-métrages sur la toile, Jenny Slate et Dean Fleischer-Camp ont décidé d’amener leur création commune, Marcel le Coquillage (avec ses chaussures) sur le grand écran via […]
Passée une série de courts-métrages sur la toile, Jenny Slate et Dean Fleischer-Camp ont décidé d’amener leur création commune, Marcel le Coquillage (avec ses chaussures) sur le grand écran via une adaptation mise en scène par ce dernier, se centrant sur la rencontre de notre minuscule protagoniste et de sa grand-mère Connie – incarnée par Isabelle Rossellini – avec un réalisateur de documentaires…
Imaginé en 2010 par Dean Fleischer-Camp et Jenny Slate, Marcel le Coquillage (avec ses chaussures) a su se faire une petite réputation en ligne, le mollusque ayant été la vedette de trois courts-métrages auréolés de succès, qui lui ont ouvert les portes du septième art. Produit par A24, qui signe là son premier film à destination d’un public familial, cette aventure sur grand écran mêlant prises de vue réelles et animation en stop-motion se veut une friandise à déguster sans modération, offrant de belles leçons de vie via les pérégrinations de notre adorable protagoniste.
En résulte un film emplit de délicatesse et de poésie, Dean Fleischer-Camp mettant sur pied une quête initiatique s’articulant sur des valeurs universelles telles que l’amour et l’amitié, les liens du cœur et du sang aidant à traverser les épreuves de la vie, comme exposé avec une certaine philosophie à travers le scénario co-écrit par le réalisateur, Jenny Slate (qui prête sa voix à ce cher Marcel) et Nick Paley, qui sait prendre le spectateur par les sentiments avec une grande justesse. Le trio tisse une histoire simple pouvant parler au plus grand nombre grâce à ses différents niveaux de lectures, les plus jeunes pouvant sourire devant les facéties de notre héros tandis que les adultes seront touchés par sa candeur face aux errances de l’existence – apportant une profondeur bienvenue à l’œuvre.
Vivant avec sa grand-mère Connie au sein d’un Airbnb, Marcel se débrouille comme un grand malgré sa petite taille, faisant tout son possible pour subvenir à ses besoins et à ceux de son aînée. Ne pouvant compter que l’un sur l’autres à la suite d’un événement dramatique, les ayant séparer malgré eux du reste de leur famille, notre tandem se serre les coudes et rivalise d’ingéniosité pour palier aux défis du quotidien. Ce que nous présente le jeune héros devant la caméra d’un réalisateur de documentaires, Dean Fleischer-Camp en personne, nouveau locataire du logement où nos mollusques ont élu domicile. Une mise en lumière effectuée avec tact, les confidences de Connie et son petit-fils face caméra se révélant pertinentes, leurs interactions ayant une puissante caisse de résonnance sur le public.
Car oui, les instants partagés par le cinéaste et ses hôtes fournissent une chaîne Youtube devenant virale, initiant une Marcel-mania sur le web et amenant nos personnages à nouvellement appréhender leur quotidien. Une médiatisation alimentant la seconde partie du métrage, particulièrement bien pensée, les horizons de chacun s’ouvrant différemment sur l’autel de la notoriété. La puissance inhérente au feu des projecteurs va t-elle combler le vide intérieur de nos protagonistes ou va t-elle panser leurs plaies ? Une question abordée avec subtilité, l’intrigue se développant devant nos yeux prenant un cours moins linéaire que prévu pour démontrer que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Ainsi, grâce à un scénario riche de son sous-texte et une réalisation épurée tirant profit de la stop-motion, cette comédie dramatique verse vers l’existentialisme, ce qui lui va à ravir, le parcours personnel de Marcel et Connie rappelant avec tact de cueillir le jour présent et de chérir ceux que l’on aime, en clair de savourer les petites choses. De quoi instiller une mélancolie qui vise droit au cœur.
Avec Marcel le Coquillage (avec ses chaussures), Dean Fleischer-Camp nous invite à l’introspection à travers un conte philosophique emplit de poésie et de mignonnerie, nous rappelant de savourer les petites choses. Une bien belle parenthèse enchantée.