Trois ans après des débuts remarqués sur Netflix avec Tyler Rake, Sam Hargrave récidive et s’attèle à la suite de l’adaptation du comic-book Ciudad en s’entourant de nouveau de Chris Hemsworth, Golshifteh Farahani et Adam Bessa, amenant notre quatuor à prendre la route vers la Géorgie pour une exfiltration périlleuse…

Depuis leur passage dans l’écurie Marvel Studios, Anthony et Joe Russo se plaisent à initier des franchises sur les plateformes streaming, que ce soit au format sériel avec Citadel (Prime Video) ou cinématographique, comme c’est le cas avec Tyler Rake. Poussé par l’accueil réservé au premier opus sur Netflix, figurant parmi les films les plus regardés du service en 2020, les deux frères et le réalisateur Sam Hargrave ont tout naturellement unis une nouvelle fois leurs forces pour mettre sur pied une suite, reprenant le fameux adage ‘bigger, faster, stronger’.

Comme pour son prédécesseur, ce second volet mise tout sur son emballage, le but étant d’en prendre plein les mirettes plutôt que de se creuser la tête, le but étant de plonger au cœur de l’action à vitesse grand V. Une tactique qui peut se révéler payante quand l’intrigue permet effectivement de cumuler les séquences musclées avec une intrigue un minimum pensée. Hélas, Joe Russo, qui rempile également à l’écriture, se contente d’un post-it comme manuel d’instruction ce qui mine de rien empêche tout de même le spectacle d’être total la faute à une construction dramatique bancale inhérente à une caractérisation sommaire des personnages – en particulier du côté de l’ennemi – de même que des enjeux limités. Une habitude pour ce dernier, qui se révèle meilleur producteur que scénariste, comme nous l’avions récemment remarqué dans The Gray Man, qui s’articulait autour d’un cahier des charges sommaire.

Si l’idée d’approfondir la psychologie du mutique mercenaire qu’est Tyler Rake paraissait être un bon point de départ, d’autant plus après avoir manqué de peu son rendez-vous avec la grande faucheuse, l’intrigue revient rapidement au basique pour opérer à avec la mise en place d’une nouvelle mission d’exfiltration. Même si l’on sort la carte ‘raison personnelle’ pour donner l’illusion d’un changement, la structure reste identique. Ainsi, après le Bengladesh, direction la Géorgie pour notre homme et son équipe, le but étant de sortir une mère et ses deux enfants du giron de leur gangster de père – qui a emmené les siens au sein de la prison où il est enfermé. Le point de départ d’un sauvetage synonyme de galère sans nom, faire s’évader trois personnes d’un complexe pénitencier d’Europe de l’Est n’étant pas une sinécure, surtout lorsque ceux-ci sont liés à une organisation criminelle familiale, prête à toutes les basses besognes au nom des liens du sang.

En résulte une fuite en avant dans la peine et la douleur pour nos black-ops et leurs nouveaux protégés, devant user de la violence pour se sortir du guêpier dans lequel ils vienne de se fourrer. Se nourrissant du chaos, Sam Hargrave met à profit son savoir-faire à Hollywood – ayant été durant de nombreuses années coordinateur de cascades – histoire de pimenter l’intrigue fomenté par Joe Russo, lorgnant davantage des codes vidéoludiques pour faire parler la poudre et le sang. Suivant les traces de son collègue Chad Stahelski, qui était également du métier avant de se lancer dans la réalisation avec la saga John Wick, le cinéaste transforme l’essai et augmente le curseur en terme d’action. Point d’orgue de ce second passage derrière la caméra, un plan-séquence d’une vingtaine de minutes (où les cuts sont bien camouflés fort heureusement) en milieu de métrage donnant le tempo d’une suite plus anarchique avec un passage par la case prison pour le moins bordélique et ce dans le bon sens du terme.

Voir un Chris Hemsworth littéralement ‘en feu’ distribuer des beignes à la pelle puis dégainer de la mitrailleuse face à des hélicos le tout sur le toit d’un train charbonnant à plein régime se révèle un spectacle régressif plutôt plaisant à suivre. L’acteur s’est trouvé un nouveau rôle sur mesure et oublie le temps d’une pause explosive de faire le zouave en dieu Asgardien, démontrant qu’il en a dans le ventre physiquement parlant. Même cas de figure pour Golshifteh Farahani qui a le droit à une meilleure exposition dans cet opus, maniant les armes et tapant du poing sur la table – où plutôt sur la figure de ses adversaires. Si dans son dernier tiers, la redondance se fait malheureusement ressentir, les empoignades et fusillades n’en finissant plus de tirer en longueur, apprécions le style de Sam Hargrave qui s’applique dans sa mise en scène et s’avère être l’atout numéro un de Tyler Rake. Conscient de ne pas renouveler le genre, ce dernier donne tout de même le change à travers les morceaux de bravoure émaillant le film qui, s’il est rapidement oubliable, divertit le temps du visionnage.

En clair, un actioner à regarder tranquillement le samedi soir pour relâcher la pression de la semaine. Maintenant qu’un troisième volet est acté, comme teasé en conclusion de cette suite, il n’y a plus qu’à voir si la franchise essayera de se renouveler ou si elle se reposera sur ses acquis.

Avec Tyler Rake 2, Sam Hargrave se nourrit du chaos pour proposer un actioner bourrin qui vaut davantage le coup d’oeil pour sa mise en scène (et le tandem Hemsworth/Farahani) que pour son scénario anémique.

Netflix

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