[Critique] Houria, la grâce du phénix
Quatre ans après Papicha, la réalisatrice Mounia Meddour nous revient avec Houria, qui comprend au casting Lyna Khoudri, Rachida Brakni, Salim Kissari, Amira Hilda Douaouda, Marwan Zeghbib ou encore Nadia […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Quatre ans après Papicha, la réalisatrice Mounia Meddour nous revient avec Houria, qui comprend au casting Lyna Khoudri, Rachida Brakni, Salim Kissari, Amira Hilda Douaouda, Marwan Zeghbib ou encore Nadia […]
Quatre ans après Papicha, la réalisatrice Mounia Meddour nous revient avec Houria, qui comprend au casting Lyna Khoudri, Rachida Brakni, Salim Kissari, Amira Hilda Douaouda, Marwan Zeghbib ou encore Nadia Kaci et nous fait suivre le parcours d’une jeune danseuse devant apprendre à se reconstruire suite à un drame personnel…
Creusant les thématiques abordées au cours de Papicha, Mounia Meddour peint un tableau en clair-obscur de la jeunesse algérienne, se devant d’avancer main dans la main pour passer outre les obstacles propre à une société marquée par les fantômes d’un passé pas si lointain. Le tout à travers une œuvre où la délicatesse se confronte à la violence, où la solidarité fait front uni face aux menaces.
Avec Houria, la cinéaste – qui officie également au scénario – tisse un drame sensible s’articulant sur la reconstruction physique et psychologique d’une femme meurtrie, s’effectuant progressivement, en dépit des épreuves se mettant au travers de son chemin. Renaître de ses cendres tel un phénix, voici l’objectif de l’intrigue proposée par Mounia Meddour, qui use de ce symbolisme pour évoquer la difficile mue d’une Algérie essayant de relever la tête et d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire. De ce double niveau de lecture, prend forme un récit libérateur se reposant sur l’art et la sororité pour établir un constat sur le climat actuel.
Porté par la performance remarquable de Lyna Khoudri, qui allie la grâce de ses gestes à la profondeur de son regard pour magnétiser l’écran, ce second essai confirme que la réalisatrice est un talent à suivre. Grâce à une direction artistique maîtrisée, où une éclatante photographique contraste avec les sombres tenants de son histoire, il est aisé de compatir au sort du personnage éponyme, une danseuse voyant ses rêves se briser suite à une agression qui n’est pas sans séquelles. Traumatisée et désormais mutique, la jeune femme va entamer un long processus de guérison, qui ne se fera non sans mal. Reprendre une trajectoire ascendante n’est pas de tout repos, surtout lorsque les aléas d’un quotidien morose viennent mettre à mal les efforts fournis. Si l’on aurait tout de même aimé que les pistes esquissées sur la réalité politique du pays ne restent pas en surface, les questionnements sur le rôle des forces de l’ordre et des nébuleux ‘repentis’ étant pertinentes, Houria n’en reste pas moins engagée – notamment en s’interrogeant sur les flux migratoires.
Des éléments dramatiques manquant quelque peu de puissance mais servant le parcours résilient de notre héroïne, qui reste avant tout le cœur du film – à raison. Dans un esprit d’adversité et de féminisme, la jeune femme prouve son courage et puise dans son for intérieur la force nécessaire pour remonter la pente. Grâce à une seconde partie se laissant imprégner par la poésie, donnant la part belle à ses actrices, Houria trouve sa raison d’être. On se laisse dès lors emporter par la prestation solaire du casting, qui n’a besoin de nul mot pour donner du corps aux messages véhiculés, de leur danse commune s’exprimant toute une palette d’émotions, refermant le métrage sur une note douce-amère.