Quelques mois seulement après Doctor Strange in The Multiverse of Madness, la Phase 4 poursuit son bonhomme de chemin – à vitesse grand V – avec Thor : Love and Thunder, quatrième aventure consacrée au super-héros asgardien. Mis en scène par Taika Waititi et comprenant Chris Hemsworth, Natalie Portman, Christian Bale ou encore Tessa Thompson au casting, le long-métrage nous révèle ce qu’il est advenu de Thor à la suite de son départ au fin fond de l’univers aux côtés des Gardiens de la Galaxie…

Quel avenir se dessine pour notre ami Thor, qui a tant souffert des événements survenus durant le diptyque Avengers : Infinity War/Endgame ? Avec Taika Waititi aux manettes, on se doutait que la réponse ne serait pas des plus sombres, le cinéaste ayant donné le ton avec le délire Thor : Ragnarok, qui essayait de dynamiter la franchise à grand renfort d’humour. Un pari qui fût réussi mais depuis, le personnage a subi un lot d’épreuves à cause d’un certain Thanos, de quoi rebattre les cartes et espérer un léger changement de paradigme. Sauf que, bien décidé à s’éclater avec sa bande de potes, Waititi opère une virée à cent à l’heure sur l’autoroute de la roue libre avec Thor : Love and Thunder, qui se veut une série B à la sauce 80’s ne prenant rien au sérieux, pour le meilleur et pour le pire.

Fort d’un essai ayant rencontré son public, l’acteur/réalisateur s’est conforté dans son statut de Fonzy du MCU, essayant de doubler la mise en terme de coolitude pour espérer remporter une fois de plus tous les suffrages. Ayant les coudées franches pour faire ce que bon lui semble, Kevin Feige étant occupé à droite et à gauche avec la multiplication des projets de la Phase 4 sur le petit et le grand écran, notre farceur en chef met le curseur au maximum en terme de comédie – avec un goût prononcé pour l’improvisation. En résulte une cour de récré géante, où la bonne humeur règne en maître, quitte à verser dans le chaos le plus total. Si le parti pris a ses adeptes – et que Ragnarok fonctionnait plutôt bien avec une telle formule – force est de constater que la blague ne prend pas avec ce second essai, qui pâtit de ses excès, qui annihile la portée dramatique de son sujet. Car en portant son choix sur l’arc Mighty Thor de Jason Aaron, Taika Waititi avait de quoi s’aventurer sur un chemin tortueux, d’autant plus en y incorporant un ennemi de la trempe de Gorr, sobrement surnommé le boucher des Dieux.

Il y avait là le potentiel d’avoir un film équilibré en terme de narration, avec l’espoir d’un humour savamment dosé pour ne pas empiéter sur les éléments tragiques d’une intrigue des plus sérieuses. Avec un Thor en pleine quête existentielle après une valse trop rapprochée avec la mort, une Jane Foster à la recherche d’un miracle pour vaincre la maladie et le menace d’un homme prêt à tout pour régler leur compte aux divinités, les graines étaient plantées pour un épisode de la maturité. Sauf qu’en agissant en petit malin, Taika Waititi se livre dans un exercice de troubadour qui ne lui sied guère, ce dernier ne sachant pas quand arrêter les frais en terme de vannes. Et de cette envie de grand guignol naît le vrai drame de Thor : Love and Thunder, qui se noie dans un déluge d’âneries qui ne font rire que ceux qui y ont participé. La – trop – longue séquence concernant un Russell Crowe malaisant en Zeus résume parfaitement le problème de ce quatrième volet, la bouffonnerie prend le pas sur tout le reste quitte à tueur dans l’œuf toute tentative d’élever les enjeux et de se montrer plus profond qu’il n’y paraît.

A la vue de son montage haché, cette farce n’a pas dû plaire en haut lieu et les coupes y sont allées bon train, ce qui a pour effet immédiat de renforcer ses inégalités avec des ruptures de ton qui ne manqueront pas de faire grincer des dents. Les thématiques esquissées sur l’amour, la filiation, ou encore le sens du sacrifice perdent rapidement de leur impact à cause de la profusion de blagues pondues par Waititi, plus prompt à nous gêner qu’à nous prendre par les sentiments. Et pourtant il y avait de quoi, les parcours parallèles de Jane et Gorr ayant la puissance nécessaire pour marquer les esprits. Si la première est clairement le meilleur élément de Love and Thunder, son statut de Mighty Thor venant apporter un minimum d’intérêt à ce volet – tout comme la partition de Natalie Portman, le second oblige Christian Bale à composer avec un personnage transparent – qui passe de tueurs de dieux à kindappeur d’enfants – auquel il confère malgré tout du cœur. Au milieu, Chris Hemsworth fait ce que l’on attend de lui tandis que Tessa Thompson hérite d’un matériel moins avantageux que dans Thor : Ragnarok.

Concernant la réalisation, Taika Waititi convoque l’esprit nanardesque des productions cosmiques des années 80 avec des costumes et une photographie clinquante, ce qui fonctionne par moments mais malheureusement, en conséquence d’un montage hasardeux, sa mise en scène manque clairement de punch. Reste une séquence jouant sur la colorimétrie qui vient rehausser le niveau. C’est déjà ça de pris.

Un coup d’épée dans l’eau pour Taika Waititi qui, avec Thor : Love and Thunder, rate son effet en livrant une farce divine plutôt lourdingue sacrifiant la dramaturgie sur l’autel de l’humour potache, pour un résultat plutôt indigeste ce qui est dommage vu le potentiel des intrigues ici malmenées.

© Marvel Studios

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