Deux ans après Spider-Man : Far From Home, Marvel Studios débute la Phase 4 de son MCU sur grand écran avec Black Widow, réalisé par Cate Shortland (Le Saut PérilleuxBerlin Syndrome), qui voit Scarlett Johansson être entouré de Rachel Weisz, David Harbour, Florence Pugh, Ever Anderson, O.T. Fagbenie et Ray Winston pour cette aventure consacrée à Natasha Romanoff, qui se voit confrontée à son passé…

Figure marquante du l’Univers Cinématographique Marvel depuis son introduction dans Iron Man 2, Natasha Romanoff s’offre un baroud d’honneur avec Black Widow, ultime mission conçue comme un hommage à notre ex-espionne, disparue durant les événements d’Avengers : Endgame. Sauf qu’après plus d’une décennie à devoir partager l’affiche avec ses comparses super-héroïques, on aurait espérer un meilleur pot de départ pour Scarlett Johansson, qui doit se contenter d’un film en demi-teinte qui ne marquera pas les esprits.

Le principal problème de cette aventure en solo est qu’elle arrive bien après la bataille, ce que la temporalité de l’intrigue conforte avec une histoire située après les évènements de Captain America : Civil War, laissant peu de place à la surprise concernant le sort de notre personnage. Autre soucis, l’impression que le long-métrage de Cate Shortland se contente de recycler des idées déjà développées auparavant, se fait grandement ressentir alors que le scénario écrit par Eric Pearson – avec l’aide de Jac Schaeffer et Ned Benson – suit un schéma ressemblant peu ou proue à celui de Captain America : Le Soldat De L’Hiver avec la résurgence d’une obscure institution officiellement dissoute mais continuant ses exactions officieusement, la Cellule Rouge se la jouant Hydra, pour un résultat malheureusement redondant.

Une ombre ‘structurelle’ qui se conjugue d’ailleurs à une utilisation assez caricaturale du grand méchant, le protagoniste incarné par un Ray Winstone en roue libre rejoignant ainsi la longue liste des ennemis transparents que l’on a vu au fil des différents opus de la saga, venant ternir un tableau qui aurait mérité une meilleur application de la part de ses créateurs car il y avait tout de même de la matière pour donner du corps à cette plongée en eaux troubles. Parmi les pistes les plus intéressantes, retenons tout d’abord la thématique de l’asservissement de la femme par l’homme, qui confère un minimum de profondeur à Black Widow avec l’instauration d’un esprit de sororité au cœur de cette lutte pour l’affranchissement et la liberté de son corps, un fil rouge qui a du potentiel mais ne porte pas encore entièrement ses fruits, la libération des veuves noires étant une affaire laissée en suspens malgré son importance.

Revenir à une échelle plus réduite, à une atmosphère plus intimiste était également bien pensé, l’exil forcé de notre héroïne déchue étant l’occasion d’essayer de changer un minimum la formule classique du MCU. Ce qui est chose faite durant la première partie du long-métrage, où l’ancienne Avenger se retrouve face à elle-même et son nébuleux passé, permettant ainsi de mettre en parallèle les deux seules familles qu’a connu cette dernière, les super-héros et les espions, histoire de montrer que malgré les faux-semblants et les manigances, les liens du cœur prévalent sur ceux du sang. Ce que l’on constate à juste titre avec le parcours de Yelena Belova, la ‘petite soeur’ de Natasha, victime collatérale de la Cellule Rouge qui tente de trouver sa voie aux côtés de son aînée alors qu’une nouvelle existence s’offre à elle. Grâce à l’énergie et au talent de Florence Pugh, dont la carrière ne cesse de prendre de l’ampleur, ce passage de flambeau symbolique entre l’ancienne et la future Black Widow est la carte maîtresse de cette aventure, même si l’on regrette que Scarlett Johansson se fasse voler la vedette de son propre film-solo.

Ainsi, malgré quelques points positifs, nous revenons rapidement dans les travers des productions Marvel Studios, avec une appétence pour un humour mal placé et pour une débauche de GCI en fin de parcours, destinés à insuffler un sentiment de légèreté et des ‘money shots’ à foison. Sauf qu’entre un Red Guardian (David Harbour) épuisant en caution comique et un acte final brouillon au niveau de l’action et du sens de la démesure, on se dit que Cate Shortland n’a pas du avoir la mainmise sur son bébé, qui malgré quelques tentatives se plie finalement aux exigences de Kevin Feige, avec une réalisation anonyme, ce qui est bien dommage.

La Phase 4 de l’Univers Cinématographique Marvel démarre mollement avec Black Widow, qui devait être un film d’espionnage synonyme de célébration du personnage éponyme incarné par Scarlett Johannson depuis plus d’une décennie mais se révèle n’être qu’un opus mineur en se contentant de jouer la carte du recyclage d’idées. Perdue entre une intrigue balisée, servant à puiser dans le passé pour construire l’avenir, Natasha Romanoff nous quitte sur une note emplie d’amertume car notre Veuve Noire méritait mieux.

© Marvel Studios

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