Trois ans après My Cousin Rachel, le réalisateur Roger Michell est de retour derrière la caméra avec Blackbird, adaptation du film danois Silent Heart comprenant au casting Susan Sarandon, Sam Neill, Kate Winslet, Mia Wasikowska, Rainn Wilson, Lindsey Duncan, Anson Boon et Bex Taylor-Klaus, nous faisant suivre le week-end très particulier vécu par une famille, qui doit faire face au sort funeste de l’un des leurs…

Avec Blackbird, Roger Michell traite avec pudeur d’un thème assez difficile, à savoir la fin de vie assistée, livrant un drame intimiste à fleur de peau qui fera vibrer la corde sensible de beaucoup.

Suivant la trame que son homologue danois, le même scénariste – en l’occurrence Christian Torpe – officiant sur cette adaptation, le long-métrage nous invite à un week-end pour le moins chargé en émotions où la mort est au cœur des préoccupations de chacun. Evitant de verser à tout prix dans le mélodrame et préférant distiller avec parcimonie ses effets dramatiques, Blackbird réussit à nous embarquer sans problèmes dans ce huis-clos familial évoquant avec tact de la problématique de l’euthanasie.

Ainsi nous sommes témoins d’une réunion entre trois générations, qui se révèle rapidement assez lourde de sens alors que nous est dévoilé sans détour la question de la maladie de la matriarche de la fratrie et sa volonté de mettre fin à ses jours avant que son corps ne l’abandonne complètement. Malgré cette chappe de plomb planant au-dessus de ces retrouvailles, l’intrigue du film met avant tout l’accent sur l’importance de ces liens qui nous lient qu’ils soient amoureux, fraternels, amicaux. Une bienveillance et une délicatesse, caractérisées par une photographie lumineuse et une promenade riche en souvenirs, qui laisse peu à peu sa place aux conflits, secrets et non-dits s’invitant à la table des festivités.

Avec en toile de fond cette présence de la grande faucheuse, Blackbird bifurque progressivement règlement de compte familial, où parents et enfants expriment ce qu’ils ont sur le cœur, dévoilant chacun une facette inconnue de leur personnalité et crevant tous les tabous. Une remise à zéro qui n’est pas sans fracas, faisant son effet en évitant de tomber dans la facilité et s’évertuant à ne pas verser dans le sentimentalisme à outrance. De cette justesse de ton, se créé notre affection pour tous ces personnages qui, à travers ces adieux, laissent transparaître leurs failles et sortent de leur coquille. Un attachement qui va profiter à l’acte final, où la tristesse et les larmes sont de mise, aussi bien pour nos protagonistes que le public. Difficile de ne pas être atteint par ces derniers instants d’amour et de compassion, symbolisés par un geste fort.

Par le biais de sa réalisation feutrée, Roger Michell instaure une certaine retenue dans sa mise en scène, proposant certes de beaux plans comme ceux de la balade au bord de plage ou du dîner – moment charnière du film – mais se reposant avant tout sur sa direction d’acteur. Car la réussite de Blackbird est le soin porté à son casting, quatre étoiles. Menée par une Susan Sarandon impeccable et lumineuse, s’imposant avec classe dans la peau de cette mère aimante et déterminée, la troupe réunie par le réalisateur est au diapason, leur performance étant le point fort du métrage. De l’élégance de Sam Neill à la sensibilité de Kate Winslet en passant par l’excellente partition de Mia Wasikowska, tout en fébrilité à la légèreté apportée par Rainn Wilson, cette famille de cinéma est crédible à nos yeux et nous compatissons à leurs déboires, preuve de l’efficacité de leur interprétation collégiale, sans aucune fausse note.

Avec Blackbird, Roger Michell vise le spectateur droit dans le coeur avec ce drame évoquant avec délicatesse le rapport à la famille et à la mort, pour une ode à l’amour touchante devant beaucoup à la finesse de son propos et à la justesse de son casting quatre étoiles. Une jolie surprise, qui en émouvra plus d’un.

© Metropolitan FilmExport

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