[Critique] Paternel, au nom du fils
Après avoir fait ses armes dans le milieu du septième art en tant que chef-monteur, sur Le Grand Partage et Deux, Ronan Tronchot s’attèle à son premier long-métrage avec Paternel, […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Après avoir fait ses armes dans le milieu du septième art en tant que chef-monteur, sur Le Grand Partage et Deux, Ronan Tronchot s’attèle à son premier long-métrage avec Paternel, […]
Après avoir fait ses armes dans le milieu du septième art en tant que chef-monteur, sur Le Grand Partage et Deux, Ronan Tronchot s’attèle à son premier long-métrage avec Paternel, comprenant Grégory Gadebois, Géraldine Nakache, Lyes Salem ou encore Anton Alluin au casting. Présenté en avant-première lors de la 24e édition de l’Arras Film Festival, celui-ci s’artcule sur le quotidien d’un prêtre dévoué à sa paroisse apprenant une nouvelle bouleversant son petit monde…
Pour son premier passage derrière la caméra, Ronan Tronchot se met au service d’un récit emplit de tendresse, posant son regard sur un personnage en plein doute afin de tisser un drame s’interrogeant avec simplicité et humanité sur le sens de la vocation. Lorsque l’on consacre son existence à aider son prochain, peut-on aspirer à une vie privée ? Telle est la question centrale de Paternel, qui se concentre sur le cheminement intérieur d’un homme de foi ne sachant plus à quel saint se vouer lorsque son passé se rappelle à son bon souvenir.
En faisant une retraite au sein du corps clérical, le cinéaste trouve le point d’accroche pour remettre en perspective la notion de paternité et ce à travers la quête intime d’un prêtre se retrouvant par la force des choses à reconsidérer ses choix personnels. Et pour cause, tandis qu’il se démène comme un damné depuis des années pour ses fidèles, Simon voit son sacerdoce être sérieusement mis à l’épreuve quand resurgit une figure issue d’une époque révolue, avant la fameuse étape du séminaire. En l’occurrence Louise, qu’il a rencontré au Canada, et qui est venue en France pour lui présenter le fruit de leur courte passion, Aloé. Un enfant de onze ans dont il ignorait l’existence et qui va chambouler son petit monde. Soit l’élément déclencheur du questionnement de notre protagoniste, se demandant s’il peut être à la fois un bon prêtre pour sa paroisse mais également un père pour ce fils qu’il doit apprendre à connaître.
Accompagné à l’écriture de Ludovic du Clary, Ronan Tronchot tisse un scénario dont les contours se devinent aisément, ce qui limite sa porté émotionnelle. S’il se révèle convenu, Paternel ne manque pas de cœur ni de sincérité, ce qui permet d’apprécier la balade de Simon, tiraillé entre ses devoirs et sa famille nouvellement constituée. Surtout lorsque cela entraîne une réflexion sur l’état actuel de l’institution catholique, ayant des difficultés à se renouveler, comme le démontre les tentatives de notre prêtre pour convaincre les plus hautes instances de l’Église que sa vocation est compatible avec l’amour paternel. Si l’on aurait aimé que cette sous-intrigue soit davantage développée, de même que le rapport aux fidèles, on constate qu’ici, la volonté du réalisateur est de rester sur la retenue, l’essentiel étant de se centrer avant tout sur les états d’âmes de ses personnages. Pour palier à cette solennité créative, le réalisateur peut compter sur ses acteurs et actrices, dirigés avec sensibilité par ce dernier, ce qui aide à instaurer ce climat de douceur servant le récit.
Ainsi, Grégory Gadebois porte le film sur ses épaules, réussissant à transmettre à l’écran les différentes phases traversées par Simon qui, malgré sa sagesse se laisse parfois dépasser par la situation. À ses côtés Géraldine Nakache, Lyes Salem de même que les jeunes Antonin Alluin et Sarah Pachoud sont de bons soutiens, aidant à instiller cet esprit humaniste qui lui sied bien.