Montrant sa trogne sur le petit et le grand écran depuis plus d’une décennie, apparaissant entre autres dans Lolo, Section de Recherches ou Les Cobayes, Rudy Milstein ajoute une corde à son arc en s’attelant à la mise en scène de son premier long-métrage avec Je ne suis pas un héros. Comprenant au casting Vincent Dedienne, Géraldine Nakache, Clémence Poésy, Isabelle Nanty, Sal Karmann, Rabah Naït Oufella, Anna Cervinka et Johann Dionnet, celui-ci – présenté en avant-première lors de la 24e édition de l’Arras Film Festival – se centre sur Louis, un jeune avocat voyant son quotidien professionnel et personnel prendre de l’aplomb à la suite d’un mensonge par omission…

Si on le connaît en tant qu’acteur, Rudy Milstein tente petit à petit de se diversifier, s’essayant à l’exercice du court-métrage en 2019 avec Mon Combat, une première expérience l’entraînant logiquement à voir plus grand. Ce qui nous amène aujourd’hui à Je ne suis pas un héros, un passage au format long prenant le chemin de la comédie pour évoquer les dérives inhérentes à une société individualiste, où la manipulation prend le pas sur la solidarité – le tout en prenant l’angle de la maladie. Ou comment la gentillesse se fait méchamment maltraitée dans un monde où la loi du plus fort prédomine.

Pour dresser ce constat, le cinéaste s’amuse à ‘corrompre’ l’image du gendre idéal, en poussant un prototype d’homme bien sous tous rapports à se vautrer dans la spirale du mensonge dans un but égoïste. Soit un petit jeu avec conséquence, qui va irrémédiablement se refermer sur son instigateur et ses proches. Junior dans un cabinet d’avocats, Louis attend désespérément de travailler sur une affaire d’envergure, sauf que ce dernier est transparent aux yeux de ses collègues, restant à son grand regret sur le bas côté. Alors qu’une opportunité s’offre à lui, une douleur dans l’abdomen amène notre protagoniste à se faire diagnostiquer, le spectre du cancer planant au-dessus de lui. Soit une épée de Damoclès des plus déstabilisantes qui, contre toute attente se révèle être le meilleur atout pour prendre du galon.

En effet, le fait d’être considéré comme malade va changer le regard des autres à son égard, en particulier dans son milieu professionnel. Mais quand les résultats de ses analyses tombent et que Louis se voit annoncer qu’il est finalement en bonne santé, la peur de perdre le respect de ses pairs et de sa hiérarchie lui fait prendre une bien mauvaise décision. Feindre la maladie. Ce qui s’avère peu judicieux, surtout lorsque l’on traite d’un dossier concernant des personnes atteintes d’un cancer…Vous l’aurez compris, le programme de Je ne suis pas un héros est plutôt chargé, mais même si le scénario a parfois du mal à se canaliser en pariant sur trop de chevaux en même temps, son sens de la rythmique comique l’aide à rester sur ses appuis.

Ainsi, le dilemme moral auquel est confronté le personnage principal, incarné par un Vincent Dedienne doté d’un fort capital sympathie, transparaît avec une certaine causticité, ce qui fonctionne plutôt bien. Le but étant quand même de démontrer que tout à chacun peut devenir un sombre abruti pour sauver les apparences et de ce point de vue, l’effet est réussi, notamment grâce à la présence d’un second rôle sans filtre tel que l’inénnarable Bruno, auquel Rudy Milstein en personne prête ses traits (Clémence Poésy n’est pas mal non plus en supérieure antipathique). De quoi ajouter du piment à l’intrigue centrale qui, si elle ne sait pas sur quel pied danser à la fin – niveau romance – ne manque pas de cœur. En dépit de son petit côté foutraque, Je ne suis pas un héros n’en reste pas moins une proposition pétillante, le soin porté aux dialogues ainsi qu’à la mise en scène agrémentant en plus l’ensemble d’une atmosphère tendrement décalée. En résulte un premier long non sans défauts mais indéniablement charmant, plaisant à suivre.

Avec Je ne suis pas un héros, Rudy Milstein dézingue l’image du mec bien à travers une comédie gentiment foutraque sur les dérives du mensonge, porté par un Vincent Dedienne jouant à bon escient de son contre-temps comique.

© Paname Distribution

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