Un an après Babysitter, Monia Chokri nous revient devant et derrière la caméra avec Simple comme Sylvain, qui comprend au casting Magalie Lépine-Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume ou encore Steve […]
Un an après Babysitter, Monia Chokri nous revient devant et derrière la caméra avec Simple comme Sylvain, qui comprend au casting Magalie Lépine-Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume ou encore Steve Laplante. Présenté en avant-première lors de la 24e édition de l’Arras Film Festival, le long-métrage se centre sur une professeur de philosophie se laissant emporter par les vertiges de l’amour…
Si nous la connaissions davantage comme actrice, Monia Chokri nous a récemment démontré qu’elle possédait plusieurs cordes à son arc dont celle d’avoir su se créer un univers propre en tant que réalisatrice avec une patte devenant de plus en plus reconnaissable au gré de ses passages derrière la caméra. Après avoir transformé l’essai avec Babysitter, cette dernière affine davantage son style avec son troisième ouvrage, qui se veut un conte résolument moderne sur la passion amoureuse, tirant profit de sa folie douce pour y parsemer une réflexion grinçante sur le déterminisme social, le tout pour un résultat élégamment caustique.
Comme le dirait Sylvie Vartan, l’amour c’est comme une cigarette, ça brûle et ça monte à la tête. Des paroles qui correspondent plutôt bien à l’état d’esprit de Simple comme Sylvain, bluette romantico-dramatique permettant à la cinéaste- qui officie également à l’écriture – d’évoquer l’art du désir et sa nature inflammable avec verve mais également panache. Servi par des dialogues ciselés, le scénario nous entraîne dans le quotidien de Sophia, professeure de philosophie à la vie rangée, se partageant entre ses cours et les moments privilégiés avec son compagnon Xavier et ses amis. Un cadre aux bords bien définis, qui s’apprête pourtant à se briser, à la suite d’une rencontre d’apparence anodine bouleversant l’ordre établi.
Alors qu’elle se rend dans sa maison de campagne pour faire un état des lieux l’entrepreneur en charge des travaux de rénovation, Sylvain, la quarantenaire se retrouve frappée par un phénomène d’une puissance rare. Le coup de foudre. Une attirance qui en plus est réciproque, ouvrant avec fracas les portes de la tentation, à laquelle cède nos nouveaux tourtereaux. Soit le point de départ d’une relation incandescente, emportant tout sur son passage, avec le risque de partir en fumée. Ce que souligne avec une certaine poésie Monia Chokri, qui embarque le spectateur au milieu des flammes de la passion, gagnant progressivement en intensité avant de s’éteindre irrémédiablement – à moins de redoubler d’efforts pour entretenir ce feu. Mais comment y parvenir ? Là est toute la question du film qui, une fois son couple phare uni contre vents et marées, traite des différentes épreuves pouvant ternir ce sentiment amoureux.
Une réflexion qui s’effectue notamment à travers le prisme sociologique, tandis que dans sa deuxième partie Simple comme Sylvain tente de mettre en avant un obstacle de taille sur le chemin idyllique de Sophia et son cheum, leurs origines sociales – diamétralement opposés. Que l’on soit issu des classes populaires ou aisées, il est indéniable qu’il peut y avoir des incompréhensions, des aprioris, les codes n’étant pas les mêmes selon son milieu. Un fossé pouvant soit se refermer ou se creuser selon les sensibilités, ce qui peut s’avérer cruel – comme le souligne sans fioritures cette romance à l’eau de mer, qui ne manque pas de piquant. Si l’on peut concéder un petit côté narquois à certains passages inhérents à cette thématique du déterminisme, à la fin cela permet de clore sur une note mélancolique du plus bel acabit et ce grâce à la mise en scène raffinée de Monia Chokri.
Sur ce point, la cinéaste gravit un nouveau palier, conviant une atmosphère délicieusement rétro à son film, qui n’est pas sans rappeler le cinéma des années 70, chaque plan donnant du corps à cette histoire de cœur avec entre autres un instant suspendu où I Still Loving You nous enchante ou une conclusion douce-amère des plus crépusculaire. Ajoutez à cela une direction d’acteurs aux petits oignons, laissant à l’excellente Magalie Lépine-Blondeau le soin de montrer toute sa palette de jeu, bien accompagné par le sympathique Pierre-Yves Cardinal, et vous obtenez un bien bel objet cinématographique, tendrement décalé.
Continuant à prendre du galon en tant que réalisatrice, Monia Chokri nous livre un conte romantique tendrement décalé avec Simple comme Sylvain, qui démontre avec mordant que l’amour c’est comme une cigarette, ça brûle et ça monte à la tête…