Ce 20 septembre est sorti sur Disney + Irrésistible, nouvelle création française de la plateforme de streaming, imaginée par Clémence Madeleine-Perdrillat (En Thérapie). Portée par Camélia Jordana, Théo Navarro-Mussy, Corentin […]
Ce 20 septembre est sorti sur Disney + Irrésistible, nouvelle création française de la plateforme de streaming, imaginée par Clémence Madeleine-Perdrillat (En Thérapie). Portée par Camélia Jordana, Théo Navarro-Mussy, Corentin Fila, Simon Ehrlacher, Salomé Dewaels, Zoé Schellenberg, Alicia Hava, Estelle Meyer, Zinedine Soualem ou encore Marion Séclin, cette série romantique s’articule sur le parcours d’Adèle, une créatrice d’un podcast à succès, dont la romance avec Arthur, un mathématicien, se voit perturbée par plusieurs facteurs – la principale étant d’ordre psychologique. Sujette à des crises de panique en présence de son roméo, la jeune femme va découvrir qu’elle est atteinte d’un syndrome de stress post-traumatique, conséquence directe de sa précédente histoire d’amour…
À l’occasion de la mise en ligne d’Irrésistible sur la plateforme, revenons sur notre entretien avec sa créatrice Clémence Madeleine-Perdrillat réalisé lors de la présentation de la série au cours de Séries Mania Forum – événement professionnel s’étant tenu au printemps.
SeriesDeFilms : Après avoir dirigé l’écriture de la deuxième saison d’En Thérapie puis avoir pris part à l’adaptation du manga Les Gouttes de Dieu, vous voilà à la barre de votre première série en tant que créatrice. Comment cette opportunité s’est-elle présentée à vous ?
Clémence Madeleine-Perdrillat : En sortant d’En Thérapie j’étais un peu rincée par tout ce qui s’est passé, c’était passionnant mais exigeant. J’avais cette envie de comédie romantique depuis longtemps et je voulais que ce soit un format assez court, que l’on puisse regarder en une soirée. Du coup j’ai commencé à l’écrire assez vite, j’en ai parlé avec mon producteur Arnaud de Crémiers avec qui j’avais fait Nona et Ses Filles (diffusée sur Arte) la série de Valérie Donzelli et il a signé tout de suite. J’ai écris un pilote et on a été voir Disney, qui est arrivé immédiatement. Sur Irrésistible j’ai un poste de créatrice, scénariste et directrice artistique. J’estime que c’est déjà super à l’endroit où je suis aujourd’hui, à l’âge que j’ai etc…je suis hyper contente d’être là, très, très reconnaissante.
C’est vrai que la réalisation, c’est quelque chose dont j’ai envie mais ce sera pour un peu plus tard, là j’apprends énormément à voir les réalisateurs Anthony Cordier, Laure de Butler, qui ont travaillé sur les six épisodes. Voilà je me sens déjà très chanceuse d’être là et c’est déjà beaucoup de travail (rires) donc on va prendre le temps de grandir.
Avec Irrésistible, vous vous immergez donc dans le domaine de la comédie romantique. Quelles ont-été vos inspirations ? Vous avez évoquez les comédies anglo-saxonnes (lors de la table ronde Disney + à Séries Mania Forum ndlr) donc vers quel courant de ce genre vous êtes-vous dirigé ? Plutôt fleur bleu à l’ancienne ou plus contemporain ?(Rires)
Je pense que ce qui est difficile dans la comédie romantique c’est que ce n’est pas un genre qui est très noble et que quand on en parle genre « c’est quoi les meilleurs films du monde » on va plutôt citer des drames alors que pour moi la comédie romantique a toujours existé. Il y a vraiment eu pendant très longtemps cette comédie du remariage, présente depuis les débuts du cinéma et qui est passionnante.
Quand je vois des films comme Coup de Foudre à Notting-Hill je trouve qu’ils sont très bons en fait, qu’ils n’ont pas toujours leurs lettres de noblesse et c’est dommage. Par ailleurs, pour moi une grande série qui a abordé le thème de la comédie romantique c’est Fleabag. La deuxième saison est pour moi un chef-d’œuvre en ne suivant que les aléas de l’histoire d’amour avec le prêtre, c’est trop beau en fait. Après il y a une couche de mélancolie dans Fleabag qui est vraiment caractéristique mais des exemples comme celui-là donnent vraiment de faire de la rom-com.
Très vite j’ai parlé à mon producteur puis à Disney de l’idée d’avoir quelque chose de très contemporain, ancré dans un Paris qui n’est pas un Paris de carte postale mais un Paris dans les arrondissements où moi j’ai pu vivre, le XXe, le XVIIIe, Pantin et de suivre des personnages sans cynisme, parce que je pense que l’on peut avoir une petite tendance en France à faire du cynisme avec les histoires d’amour et ce n’était vraiment pas ce que j’avais envie de faire et de le placer aujourd’hui avec tous les codes qui sont vraiment agréables dans la rom-com. Des allers-retours, des hésitations, on s’amuse avec cela.
Soulignons que Camélia Jordana, qui incarne Adèle, est arrivée au cours des premières phases d’écriture de la série. Comment s’est élaboré votre collaboration? A t-elle été captivée dès le départ par votre vision ou avez-vous eu des discussions quant à la manière d’interpréter son personnage ?
Ce qui est intéressant c’est que Camélia Jordana est arrivé tôt sur le projet, quand il y avait un épisode d’écrit. Du coup quand avec mes scénaristes nous avons écrit les cinq autres, je lui ai vraiment fait un costume sur-mesure. J’ajustais en fonction de ce que je sentais de Camelia, des rencontres que je faisais avec elle, de sa façon de parler. Vraiment cela a été vraiment agréable d’avoir quelqu’un qui arrive très tôt pour pouvoir travailler. Après je pense qu’elle et Adèle ont plein de points communs, ce sont des filles intelligentes, drôles, qui ont certaines façons d’aborder la vie avec un certain humour, un vrai entrain, quelque chose de très solaire. Camélia dans la vie est aussi solaire qu’Adèle, elle a vraiment quelque chose qui emporte tout le monde. Je crois que c’est un personnage dans lequel elle s’est beaucoup retrouvé.
Après on avait des choses également en commun, une façon de représenter le désir féminin, d’avoir un personnage qui est désirant, qui n’a pas peur de le dire, qui fait le premier pas à certains moments. Cela lui parlait, c’était une discussion qu’on pouvait vraiment avoir toutes les deux.
Avec la difficulté d’imposer une série sur plusieurs saisons dans le paysage audiovisuel actuel, notamment dans le monde des plateformes, comment avez-vous appréhendé votre structure narrative ? Avec ce couperet au-dessus de la tête, difficile de tirer des plans sur la comète non ?
Je pense que l’on a une souplesse les scénaristes actuels dans le sens où l’on sait que l’on ne sait pas (rires). On sait que cela se jouera à la diffusion où si ça marche c’est mieux ou si ne ça marche pas…Même parfois ça marche et l’on ne sait pas trop donc j’ai suffisamment clôt pour que ce soit satisfaisant et ne pas frustrer les spectateurs si jamais il n’y a pas de deuxième saison et ouvert certaines choses pour que l’on puisse, si on a envie, continuer. Ce qui est sûr, c’est que suivre deux personnages qui sont ensemble à la fin amène moins d’enjeux par la suite, c’est le problème de la rom-com. Je pense à une série comme Catastrophy où à partir de la saison deux c’est un peu plus difficile parce que ça y est ils sont ensemble, ils ont un bébé…et j’adore Catastrophy (rires). Si suite il y a, on inventera quelque chose pour ne pas avoir un modèle trop répétitif. C’est cela qui est intéressant dans la comédie romantique, c’est que ça nous pousse à chercher comment réinventer le modèle.