Quinze ans après Le Royaume du Crâne de Cristal, la saga Indiana Jones revient sur grand écran pour un cinquième opus synonyme de baroud d’honneur pour le personnage incarné depuis […]
Quinze ans après Le Royaume du Crâne de Cristal, la saga Indiana Jones revient sur grand écran pour un cinquième opus synonyme de baroud d’honneur pour le personnage incarné depuis 1981 par Harrison Ford. Mis en scène par James Mangold, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée réunit au casting Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen, Antonio Banderas, Shaunette Renee Wilson, Toby Jones, Boyd Holbrook ou encore John Rhys-Davies, cet ultime épisode voit notre célèbre archéologue partir – malgré lui – en quête d’un artéfact lié à son passé aux côtés de sa filleule…
Mettre un point final sur une franchise aussi populaire que Indiana Jones, en voilà une quête pour le moins ardue, d’autant plus lorsque cette dernière est indissociable de ses géniteurs, ici relegués au second plan. En effet pour ce baroud d’honneur, intervenant après quarante-deux ans d’existence et quatre films, Steven Spielberg passe la main à un autre cinéaste, se contentant de veiller son bébé à distance en occupant le poste de producteur exécutif aux côtés de son comparse George Lucas, instigateur de cette belle aventure. Acceptant de relever ce défi de l’ultime chapitre, James Mangold était attendu au tournant, surtout après un opus moyennement apprécié (Le Royaume du Crâne de Cristal) et une longue attente en terme de production.
De quoi faire naître quelques inquiétudes quant à ce cinquième volet, semblant arriver bien tard sur les écrans. Harrison Ford est-il trop vieux pour ces concernés ? Là est tout le sujet du film. Conscient de sa nature et par extension de ses limites, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée se sert de sa mythologie pour s’interroger sur l’Histoire et le temps qui passe. Une thématique faisant sens avec un protagoniste vieillissant, devenant une antiquité aux yeux de tous, d’autant plus à une époque où l’on regarde vers le futur plutôt que de se retourner sur le passé. Sur ce point, le script que Mangold a co-écrit aux côtés de Jez Butterworth, John-Henry Butterworth et David Koepp vise juste, la surenchère de son prédécesseur n’étant plus de mise vu les circonstances, l’heure étant à l’introspection tout en se rapprochant du style pulp de la trilogie originale.
Porté par un Harrison Ford toujours fringuant à plus de quatre-vingt printemps et enclun à fendre l’armure pour apporter davantage de mélancolie à cette aventure crépusculaire, cet épisode nous entraîne à la fin des années 60, dans une Amérique en pleine frénésie quant à la conquête spatiale. Dans un monde en pleine mutation, tournant son regard vers la Lune, s’intéresser aux vestiges du passé paraît caduc. Et pourtant, par la force des choses, ou plutôt par sa nièce qui effectue un retour fracassant dans sa vie, ce cher Indy se retrouve à crapahuter tout autour du globe pour retrouver un mystérieux artéfact, l’Antikythera. Le point de départ d’une quête à l’ancienne, ce MacGuffin ramenant dans la partie les ennemis favoris de notre archéologue – les Nazis – bien déterminés à enclencher les sables du temps afin de changer la trajectoire du IIIe Reich, rien que ça.
En se consacrant davantage sur le chassé-croisé entre nos différents personnages à travers les continents que sur l’aspect fantastique propre à ce fameux cadran, le long-métrage déroule tranquillement son intrigue, préférant en montrer le moins possible dans le but de renforcer l’impact émotionnel de l’acte final qui, s’il pourra diviser, ne manque pas de symbolisme quant à la trajectoire personnelle du professeur Jones. Petit hic, en tirant en longueur ce baroud d’honneur (deux heures trente au compteur), nos scénaristes en diminue quelque peu son impact ce qui est dommage. Quelques coupes paraissaient nécessaires pour resserrer le scénario qui, au fond est des plus corrects, le chemin pour assembler l’Antykhera ne manquant pas d’embûches. Le problème réside dans le fait que l’excellente scène d’ouverture a mis la barre à un bon niveau en terme de construction et de rythme – et ce en dépit d’un de-aging fluctuant qualitativement parlant.
Difficile par la suite d’ajuster la balance pour que le divertissement soit au rendez-vous, l’énergie n’étant pas tout le temps communicative. Retenons malgré tout la course-poursuite en tuk-tuk dans les rues de Tanger, qui se démarque du lot en oscillant entre légèreté et moments de bravoure. Question mise en scène, si James Mangold fait un travail de qualité et sait mettre en valeur ses comédiens, ce dernier n’a pas le savoir-faire de Steven Spielberg et cela se ressent à l’écran. Il n’y a pas à dire, même si les efforts du réalisateur sont à saluer, celui-ci ne parvient pas à restaurer cette ambiance propre à la quadrilogie – qu’il cherche en vain à recréer. Attention, dans l’ensemble le résultat est louable, si l’on met de côté quelques ratés niveaux effets spéciaux, mais Mangold n’a pas la maestria de Spielberg pour insuffler un souffle épique au film.
Cela ne change rien au fait que l’attraction du Cadran de la Destinée est définitivement le tandem formé par Harrison Ford et Phoebe Waller-Bridge, qui elle apporte ce petit vent frais bienvenue avec sa partition enjouée dans la peau d’Elena, élément perturbateur pour Indy mais essentielle à l’intrigue. La complémentarité entre nos deux têtes d’affiche aide à se laisser embarquer dans cette équipée sauvage qui n’est pas déshonorable à regarder, proposant une conclusion plutôt pertinente aux tribulations de l’iconique Indiana Jones – même si elle manque quelque peu d’éclats. Quoiqu’il en soit, le niveau s’est amélioré par rapport au Royaume du Crâne de Cristal et la porte de sortie proposée se révèle douce-amère.
S’il manque quelque peu de coffre à cause d’un scénario tirant en longueur, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée n’en reste pas moins un honnête divertissement, James Mangold offrant un baroud d’honneur convenable à ce cher Indy.De quoi donner envie de se replonger dans les précédentes aventures de notrearchéologue favori du septième art.