Deux ans après The French Dispatch, Wes Anderson nous revient sur grand écran avec Asteroid City, une plongée dans l’Amérique des années 50 en présence d’un casting quatre étoiles réunissant entre autres Jason Schwartzman, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Maya Hawke, Bryan Cranston ou encore Tilda Swinton…

Si on lui reproche parfois d’être en pilotage automatique, il est indéniable que Wes Anderson n’a pas son pareil pour raconter ses histoires, son sens de la narration et de la mise en scène aidant à faire souffler une douce brise poétique à l’écran – peu importe la qualité du récit. Paraissant conscient que sa formule a des limites, le cinéaste prend dès lors le chemin d’une fable mélancolique, s’interrogeant sur le sens de la création et plus globalement le sens de la vie.

Ainsi avec Asteroid City, notre conteur s’essaye à un numéro d’équilibriste en brouillant le fond et la forme dans le but d’intellectualiser les failles de l’être humain, analysant les peurs et les doutes à travers un exercice de style se jouant de son apparente cérébralité pour révéler au compte-goutte sa richesse émotionnelle. Se met alors en place une comédie dramatique téintée de S-F en trois actes, s’appuyant sur la métatextualité et un humour pince sans rire pour inviter le spectateur à l’évasion mais surtout à l’introspection quant à la futilité de l’existence.

Accompagné de son acolyte Roman Coppola au scénario, Wes Anderson prend le partie de la mise en abîme avec un certain sens de la créativité – même s’il faut avouer qu’au début ce procédé laisse pantois – embarquant son casting XXL dans les décors de carte postale d’une ville fictive du Midwest américain, au beau milieu des années 50. Un lieu devenant le théâtre d’une rencontre du troisième type alors que se tient la Junior Stargazer, une convention scientifique réunissant étudiants et parents. Des personnages se retrouvant dès lors enfermés malgré eux dans une bulle à ciel ouvert, avec l’établissement d’une quarantaine propice à la réflexion quant à la place de chacun sur cette bonne vieille planète bleue. Evénement lunaire nous entraînant avec une certaine malice aux frontières du réel, donnant du poids à la notion de fiction ainsi qu’à l’art de la conception.

Tout ce qui arrive dans l’enceinte d’Asteroid City permet au réalisateur de s’intéresser à cette flamme brûlant en chacun de nous, pouvant gagner en intensité ou s’estomper au gré des épreuves du quotidien. Que ce soit côté scène ou côté coulisses, l’art est une affaire de sentiments, de sensibilité, ce que cherche à démontrer notre chef d’orchestre avec plus ou moins de tact. Il faut avouer que si dans l’ensemble, les péripéties propre au microcosme prenant vie devant nos yeux forment un tout cohérent, au cas par cas, tous les fils tissés par le scénario ne sont pas du même acabit. D’où une sorte de long-métrage non identifié, au rythme en dents de scie, parvenant à nous cueillir par surprise lors de moments suspendus ou tendrement décalés. Même constat au niveau de la distribution cinq étoiles, tous n’ayant pas l’espace nécessaire pour briller, ce qui est quelque peu dommageable.

Parmi la pléiade de stars présente, notons que Jason Schwartzman s’en tire haut la main – ce qui est une constante chez son camarade Wes – tout comme les petits nouveaux de l’univers Anderson tels que Scarlett Johansson, Tom Hanks ou encore Margot Robbie qui, en seulement une scène, donne au métrage toute sa dimension dramaturgique. Heureusement, même s’ils ne sont pas logés à la même enseigne, tous sont sublimement mis en scène par le cinéaste, qui s’amuse à enfermé tout ce beau monde dans des cadres de toute beauté. Visuellement, on ne boude pas notre plaisir.

Restant un rêveur mélancolique, Wes Anderson nous convie à une session psycho-analytique sur le sens de la vie avec Asteroid City, une bizarrerie dont le seul le cinéaste a le secret, ne pouvant que diviser selon les sensibilités.

Universal Pictures

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