[Critique] Close, blessures d’amitié
Repéré en 2018 avec Girl, le réalisateur Lukas Dhont a récemment fait un retour remarqué derrière la caméra avec Close, un drame porté par Eden Dambrine, Gustav De Waele, Emilie Dequenne, Léa […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Repéré en 2018 avec Girl, le réalisateur Lukas Dhont a récemment fait un retour remarqué derrière la caméra avec Close, un drame porté par Eden Dambrine, Gustav De Waele, Emilie Dequenne, Léa […]
Repéré en 2018 avec Girl, le réalisateur Lukas Dhont a récemment fait un retour remarqué derrière la caméra avec Close, un drame porté par Eden Dambrine, Gustav De Waele, Emilie Dequenne, Léa Drucker et Kévin Janssens. Après avoir raflé la mise aux Magritte, équivalent belge des César, avec pas moins de sept récompenses, le long-métrage sort en DVD et Blu-ray, l’occasion de (re)découvrir cette histoire d’amitié contrariée entre deux adolescents, s’éloignant inéluctablement l’un de l’autre…
Avec la sensibilité qui le caractérise désormais, Lukas Dhont poursuit sa réflexion sur l’identité, une thématique majeure au sein de sa filmographie qui prend ici une nouvelle envergure avec Close, qui prend le chemin d’un roman d’amitié à fleur de peau, n’hésitant pas à s’aventure du côté de la tragédie pour appuyer son propos.
Trouver sa place dans ce bas monde, en voilà une situation délicate pour la plupart d’entre nous. S’épanouir et tracer sa route dans une société marqué par les codes et les diktats peut s’avérer être une épreuve de force pour n’importe qui se cherchant, se questionnant sur sa propre nature. Ce que l’on avait déjà pu observer dans Girl, qui nous faisait suivre le quotidien de Lara, rêvant de devenir danseuse étoile et de vivre dans le corps qu’elle désire. Fort de cette première expérience, le cinéaste accentue cette analyse en puisant dans ses souvenirs de jeunesse pour témoigner de la place prépondérante des stéréotypes et préjugés, pouvant mettre à mal la perception que l’on a de soi-même. Se comparer aux autres, rentrer dans la norme, des problématiques parlant au plus grand nombre, donnant dès lors à Close une certaine universalité.
Tout en allégorie, le film traite de la difficulté de sortir d’une case prédéfinie et de se construire comme il se doit en tant que personne, peu importe son émotivité. Tout en allégorie, Lukas Dhont évoque les affres de l’adolescence et le poids de l’hétéronormisme sur la perception de son identité. Une période propre à la fin de l’innocence, qui prend ici une dimension tragique, alors que le réalisateur et son coscénariste Angelo Tijssens tissent une romance fraternelle bouleversée par le regard des autres. Inséparables, Léo et Rémi passent le plus clair de leur temps ensemble, s’amusant comme les enfants qu’ils sont sans penser à mal. Complices, notre duo se prépare à faire son entrée au collège, pénétrant dans un monde pouvant se montrer cruel, l’uniformité primant sur l’individualité.
Grâce à l’alchimie d’Eden Dambrine et Gustav De Waele, il est aisé de croire en la relation liant les deux garçons et ce grâce à une écriture soignée, soulignant avec tact de leur affection commune, de part leurs paroles, leurs gestes délicats. De quoi se sentir émotionnellement impliqué lorsque la situation se corse, que Léo et Rémi s’éloignent suite à des remarques de leurs petits camarades, n’hésitant pas à user de moqueries et d’insinuations pour déstabiliser leur équilibre. Jusqu’à l’inévitable point de non-retour, que l’on sentait venir avec crainte, venant amener Close sur la voie du mélodrame. Une seconde partie où l’absence de l’être aimé se fait ressentir avec force, que ce soit un frère de cœur ou un fils, ce qui apporte une nouvelle nuance au long-métrage, qui explore la notion de deuil et de la culpabilité en privilégiant les non-dits, les silences. Une approche plus sensorielle, où les larmes prennent le pas sur la parole, qui fonctionne de par la prestation du jeune Dambrine mais également d’Emilie Dequenne et Léa Drucker, parfaitement dirigées.
Les blessures d’amitié sont inconsolables, ce que démontre avec force Lukas Dhont à travers son second long-métrage intitulé Close, un drame sur les affres de l’adolescence et la question de l’identité.
Si touchant, si tendre et si dramatique, j’ai versé de bonnes grosses larmes, ce film était une vraie réussite.