Dix ans après un premier passage de la case au grand écran, la série littéraire jeunesse de Gabrielle Vincent Ernest et Célestine a le droit à sa seconde adaptation cinématographique – sous-titrée Voyage en Charabïe. Une aventure chapeautée par le tandem Julien Chheng/Jean-Christophe Roger et porté par les voix de Lambert Wilson, Pauline Brunner, Michel Lerousseau, Céline Ronte ou encore Jean-Marc Pannetier, se centrant sur le retour au bercail de notre ours mélomane en compagnie de sa fidèle amie.

Si elle avait retrouvé le chemin des salles obscures le temps d’une parenthèse hivernale il y a de cela six ans (regroupant des épisodes de la série éponyme), la franchise Ernest et Célestine effectue cette fois un retour en bonne et due forme au cinéma avec un second long-métrage, réalisé par Julien Chheng et Jean-Christophe Roger, qui connaissent bien l’univers de Gabrielle Vincent. En effet, les deux hommes étaient en charge de l’adaptation de sa création phare sur le petit écran, connaissant sur le bout des doigts la mythologie imaginée par l’autrice, faisant d’eux les personnes les plus à même de respecter sa vision, son sens de la narration.

Ce qui se vérifie à la vision de Ernest et Célestine : Le Voyage en Charabïe, qui se veut un conte moral empli de poésie élargissant le champ des possibles de l’œuvre en plongeant son duo éponyme dans une situation inédite, prenant le chemin d’une quête intimiste à portée universelle. Se basant sur une idée d’Agnès Bidaud et Didier Brunner, l’histoire ici imaginée nous entraîne sur les terres de notre violoniste à pattes de velours, alors qu’un malencontreux accident brise son précieux instrument, qui est également son outil de travail. Un fâcheux événement amenant sa comparse de souris à s’aventurer vers la Charabïe, au grand dam de son acolyte, amorçant un retour au bercail compliqué pour ce dernier, rouvrant ainsi les plaies du passé.

Avec finesse, le scénario concocté par Guillaume Mautalent, Sébastien Oursel et Jean Regnaud joue une mélodie certes connue mais le fait avec panache, incorporant des notes plus sombres à l’intrigue familiale développée. En revenant chez lui, Ernest découvre avec stupéfaction que la musique est bannie dans tout le pays depuis plusieurs années, une décision pour le moins absurde émanant…de son souverain de père. Quand la rancœur laisse place à l’autoritarisme, toute une nation en paie le prix. Ce que constate avec effroi notre duo, qui va dès lors entrer en résistance. Une lutte musicale dont la partition se suit avec intérêt, la délicatesse étant au rendez-vous pour évoquer des sujets importants.

Ainsi, grâce à son double niveau de lecture, cette suite plaira aussi bien aux enfants qu’aux parents, les tribulations de notre ours mal léché et de Célestine en Charabïe donne le la d’un questionnement sur l’autorité et la quête de soi. Des thématiques abordées avec pédagogie et inventivité par l’équipe créative, qui prend la direction d’une aventure rocambolesque pour démontrer de la fragilité des libertés, jamais réellement acquises. Pour ajouter de la mignonnerie à l’ensemble, Julien Chheng et Jean-Christophe Roger soignent leur mise en scène, reprenant l’identité visuelle des romans, comme cela avait été précédemment effectué sur le petit et le grand écran, avec une animation stylisée du plus bel effet.

En toute simplicité, Julien Chheng et Jean-Christophe Roger font de Ernest et Célestine : Le Voyage en Charabïe une suite à la partition maîtrisée, évoquant des thématiques universelles via le prisme de la musique.

© Folivari/ Mélusine Productions/Studiocanal/ France 3 Cinéma/ Les Armateurs

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