Six ans après Ma Révolution, Ramzi Ben Sliman effectue son retour derrière la caméra avec Neneh Superstar, comprenant Oumy Bruni Garrel, Maïwenn, Aïssa Maïga, Steve Tientcheu, Cédric Kahn, Alexandre Steiger, Nathalie Richard ou encore Richard Sammel au casting. Présenté en avant-première lors de la vingt-troisième édition de l’Arras Film Festival, le long-métrage se concentre sur la difficile intégration d’une enfant issue de la banlieue au sein de l’école de ballet de l’Opéra de Paris.

Tradition et intégration, tels sont les mouvements majeurs de la chorégraphie orchestrée par Ramzi Ben Sliman avec Neneh Superstar, qui danse sur le fil ténue de la comédie tout en s’autorisant quelques pas de côté vers la dramaturgie dans le but de mettre en lumière les difficultés inhérentes aux écoles de prestige, où derrière l’exigence se cache une certaine fermeture d’esprit.

Pression sociale et morale se retrouvent à faire un pas de deux dans le spectacle mis en scène par le cinéaste qui, avec ce second long-métrage cherche à bousculer les préjugés en pointant du doigt l’élitisme de certains milieux – en l’occurrence ici celui de la danse. Officiant également au scénario, Ben Sliman pénètre dans les décors feutrés de l’Opéra de Paris et plus précisément dans l’enceinte de son école de ballet, formant les étoiles de demain, afin d’en expliciter les rouages via un parcours initiatique au cœur de l’établissement. Suivant alors une partition classique, le long-métrage s’articule sur l’admission de la jeune Neneh dans ce lieu emblématique, lui ouvrant les portes d’un univers dont elle ne maîtrise pas les codes, devant se plier aux règles ainsi qu’aux impératifs inhérents à ce type d’institution où l’excellence est érigé en maître.

En débutant son apprentissage, notre danseuse en devenir va rapidement s’apercevoir que du rêve à la réalité il y a un énorme fossé, se voyant sans cesse ramené à sa condition sociale et physique. Malgré son enthousiasme, la pré-adolescente se doit de faire preuve d’abnégation et de résilience, ne pouvant que redoubler d’efforts sur le parquet et en dehors des cours pour rentrer dans le moule. Si la trajectoire laisse peu de place à la surprise, suivant le déroulé propre au poisson hors de l’eau, Neneh Superstar se démarque malgré tout grâce à deux éléments. Tout d’abord l’énergie débordante de la pétillante Oumy Bruni Garrel, véritable électron libre emportant tout sur son passage dans le rôle principal, son énergie communicative aidant à donner du rythme au long-métrage. Ensuite, le traitement réservé au mépris de classe de même qu’au racisme, abordé de front dans un premier temps avant d’en arrondir les contours.

Une réflexion sur les origines s’opérant via le personnage de Marianne Belage, directrice de l’école dont le manque d’empathie strict et l’étroitesse d’esprit vont s’exposer au grand jour au contact de son élève, qui ne cherche que l’approbation dans les yeux de son modèle et ne va recevoir que des remarques cinglantes et hors de propos. Si ce côté strict peut paraître à priori cliché, le scénario ne prenant pas de gants pour mettre quelques uppercuts dans la tête de notre protagoniste central, en fin de session, celui-ci s’étoffe quelque peu pour donner un autre point de vue sur l’intégration – donnant à Maïwenn (l’interprète de Belage) du matériel pour briser la glace et amener son alter-ego sur un autre tempo. S’il ne sort que timidement du cadre dans lequel il gravite, Ramzi Ben Sliman parvient à tirer profit de son atout, à savoir sa distribution, pour proposer au public un spectacle pour le moins dynamique, qui bénéficie d’une bonne mise en scène – donnant la part belle à sa direction d’acteurs. De quoi apprécier dans son ensemble ce ballet.

Avec Neneh Superstar, Ramzi Ben Sliman entre dans la danse d’une comédie dramatique synonyme de parcours initiatique au sein de la prestigieuse école de ballet de l’Opéra de Paris qui, malgré sa partition classique ne manque pas d’énergie, notamment grâce à la performance de Oumi Bruni Garrel, la véritable révélation du film.

© Gaumont

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