[Critique] Une belle course, mémoires d’une vie
Après une escapade au Royaume-Uni pour les besoins de son remake de Mon Garçon, Christian Carion fait son retour sur le sol français avec Une belle course, comédie dramatique comprenant […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Après une escapade au Royaume-Uni pour les besoins de son remake de Mon Garçon, Christian Carion fait son retour sur le sol français avec Une belle course, comédie dramatique comprenant […]
Après une escapade au Royaume-Uni pour les besoins de son remake de Mon Garçon, Christian Carion fait son retour sur le sol français avec Une belle course, comédie dramatique comprenant Line Renaud, Dany Boon, Alice Isaaz et Jérémie Laheurte au casting, se centrant sur le parcours d’une nonagénaire devant se rendre dans une maison de retraite…
Passée une parenthèse dans le domaine du thriller, Christian Carion revient à un style plus simple, s’attelant avec Une belle course à saluer le talent d’une artiste accomplie qui aura fait rayonner le France à l’échelle internationale, à savoir Line Renaud, lui offrant un écrin de choix pour briller à l’écran, aux côtés de son complice Dany Boon. Un hommage sincère à la Mademoiselle from Armentières, prenant la forme d’un voyage intimiste où les fantômes du passé font offices de nids-de-poule sur la route des souvenirs, pour un drame qui, malgré ses bonnes intentions manifestes, s’embourbe sur ce terrain glissant qu’est l’émotion.
Accompagné de Cyril Gely à l’écriture, le réalisateur se sert d’une rencontre entre deux personnes inconnues l’une de l’autre pour tisser un pas de deux délicat, destiné à s’interroger sur les épreuves se mettant au travers de chacun, au gré des détours pris par ce véhicule parfaitement calibré pour son tandem central. Agée de quatre-vingt-douze ans, Madeleine arrive doucement mais sûrement au crépuscule de sa vie, s’apprêtant à quitter son domicile pour rejoindre un Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes – communément appelé un EHPAD. Une étape pour le moins cruciale, amenant notre vétérane à cogiter sur sa propre existence, alors qu’elle attend avec ses bagages le taxi devant la mener dans ce qui s’apparente à son ultime demeure. Le point de départ d’une course à priori rapide, bifurquant sur une virée mémorielle dans les rues de Paris, où à travers les chemins de traverses, se dessine les contours d’un destin marqué par la tragédie.
Se partageant entre deux temporalité, le long-métrage tente de se nourrir du passé pour donner de la matière aux événements se déroulant dans le temps présent, dans le but de gratter progressivement à la surface de l’intrigue développée et d’approfondir les zones d’ombres entourant Madeleine, qui laisse parler son cœur au fur et à mesure de sa balade avec son chauffeur, Charles. Sauf qu’à préférer la démonstration à l’évocation, Christian Carion et son co-scénariste se perdent dans une succession de flash-backs qui, malgré la présence d’Alice Isaaz et Jérémie Laheurte, alourdissent leur récit en voulant à tout prix faire vibrer la corde sensible du spectateur. Un effet de manche qui au final pénalise la qualité globale d’Une belle course, qui aurait gagné à se consacrer en tout et pour tout au périple de son duo, les drames personnels de chacun se révélant bien plus touchants lorsque la parole prend le pas sur l’image.
L’alchimie indéniable entre Line Renaud et Dany Boon est d’ailleurs le point fort du film, le second, tout en sobriété, se révélant un appui solide pour que la première se livre en toute confiance. Pour leur quatrième collaboration au cinéma, ces deux amis de longue date ont le champ libre pour s’exprimer et de ce lien fort, naît notre attachement immédiat pour Madeleine et Charles qui, via le bout de route parcouru ensemble, se dévoilent et font le bilan de leurs jours passés dans ce bas monde. Conscient de la belle complicité unissant ces camarades nordistes, Christian Carion met sa caméra au service de leur jeu, de quoi infuser un peu de poésie à cette déambulation bras dessus-dessous, réminiscence d’une douloureuse existence.
Avec Une belle course, Christian Carion prend le chemin d’une balade mémorielle pour nourrir un drame où passé et présent se croisent avec plus ou moins de finesse pour aborder les souffrances d’une vie. Malgré des choix scénaristiques pénalisant son efficacité, le long-métrage n’en reste pas moins touchant grâce à la performance de Line Renaud et Dany Boon, qui témoigne d’une belle complicité.
Line Renaud et Danny Boon en symbiose totale. Ils font rire, ils choquent et font pleurer. Le plus beau film que j’ai vu depuis longtemps.