Trois ans après Low Low, son premier long-métrage, Nick Richey rempile derrière la caméra avec 1-800-HOT-NITE, qui comprend au casting Dallas Dupree Young, Gerrison Machado, Mylen Bradford, Ali Richey, DaJuan Johnson, Nicole Steinwedel, Kimleigh Smith et Brent Bailey. Présenté en avant-première au 48e Festival du cinéma américain de Deauville, ce drame se centre sur la soirée pour le moins agitée de trois amis d’enfance, confrontés à la dure réalité du monde qui les entoure…

Figure émergente du cinéma indépendant US, Nick Richey poursuit son apprentissage dans le domaine du septième art, tentant de capitaliser sur le bon accueil réservé à son premier long, Low Low, en se consacrant à nouveau à ce domaine particulier du coming-of-age. Prenant cette fois un chemin sinueux pour aborder ce rite de passage à l’âge adulte, ce second essai s’apparente une odyssée urbaine menée tambour battant, synonyme de fuite en avant pour un trio d’adolescents paumés, arrivant malgré eux au carrefour de leur jeune existence.

Avec 1-800-HOT-NITE, se dessine une virée à travers les ruelles sombres de Los Angeles ayant pour vocation d’aborder la thématique de la perte d’innocence, au gré des étapes et des coups durs. La vaste étendue de la capitale de la Californie sert de terrain de jeu à cette réflexion quant à la cassure nette séparant l’enfance de l’âge adulte, suivant une voie toute tracée, ponctuée de nombreux arrêts pour agrémenter le propos du réalisateur sur les rapports conflictuels entre parents/enfants et la jeunesse désœuvrée. Se déroulant le temps d’une soirée pour le moins mouvementée, ce drame met à l’épreuve trois amis, Tony, Steve et O’Neill, aux portes d’une période cruciale de leur vie respective tandis que leur petit monde se dérobe sous leurs pieds. Débutant sous le signe de la légèreté et de la camaraderie, avec un appel à une ligne de téléphone rose, ce qui devait être un moment de détente et de bêtise se transforme en une longue déambulation, brisant à chaque coin de rue les repères de notre trio.

Si son scénario n’est pas des plus endurants, s’étirant parfois artificiellement pour arriver à destination, avec des situations perdant en crédibilité à l’image d’une rencontre avec des rednecks où de la finalité des conversations avec la femme à l’autre bout du téléphone, qui n’aurait dû rester qu’une voix rassurante, cette course à grandes enjambées se montre au final fragile mais paradoxalement cela sert son but. Car si l’écriture ne suit pas toujours la cadence, ces oscillations aident à donner de la profondeur à la prestation de son casting principal, l’atout principal du film. L’alchimie entre Dallas Dupree Young, Gerrison Machado et Mylen Bradford est palpable à l’écran, leur sincérité de jeu, passant progressivement de la désinvolture à l’introspection, servant de base solide pour que le public suive avec un certain intérêt les péripéties de Tommy, O’Neill et Steve. Il est d’ailleurs intéressant de constater que lorsque l’intrigue ralentit ses pas, notamment durant les sessions ‘séduction’ avec leurs homologues féminines, pauses récréatives bienvenues et mieux maîtrisées en terme de narration.

Devant composer avec peu de moyens, le budget de 1-800-HOT-NITE avoisinant les 200 000$, le cinéaste redouble d’efforts pour combler ce manque en soignant sa mise en scène, se servant de la multitude de décors offerts par la ville de Los Angeles pour servir son récit, ruelles sombres et éclairages naturels – des lampadaires aux néons des enseignes – servant de marqueurs visuels cohérents avec cette idée de déambulation nocturne, symbolisant l’atmosphère nébuleuse propre à la situation précaire de nos personnages livrés à eux-mêmes. S’il ne parvient pas tout le temps à créer l’illusion, la photographie de certaines scènes se révélant trop obscures, dans l’ensemble Nick Richey s’en tire bien grâce à son sens de la mise en scène, sachant placer sa caméra où il faut pour capter la frénésie de cette course effrénée au bout de la nuit tout en sondant les états d’âmes de ses jeunes héros.

Avec 1-800-HOT-NITE, Nick Richey confronte la réalité de l’âge adulte à l’innocence de l’enfance via une odyssée nocturne qui, malgré des détours hasardeux, se laisse regarder grâce à l’abattage de son trio.

Half­way Crooks Entertainment

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