[Critique] La Vraie Famille, les liens du cœur
Quatre ans après Diane A Les Epaules, Fabien Gorgeart revient derrière la caméra avec La Vraie Famille, qui comprend au casting Mélanie Thierry, Lyes Salem et Félix Moati au casting. […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Quatre ans après Diane A Les Epaules, Fabien Gorgeart revient derrière la caméra avec La Vraie Famille, qui comprend au casting Mélanie Thierry, Lyes Salem et Félix Moati au casting. […]
Quatre ans après Diane A Les Epaules, Fabien Gorgeart revient derrière la caméra avec La Vraie Famille, qui comprend au casting Mélanie Thierry, Lyes Salem et Félix Moati au casting. Présenté en avant-première lors de la vingt-deuxième édition de l’Arras Film Festival, le long-métrage se centre sur la relation fusionnelle entre une famille d’accueil et l’enfant dont ils ont la charge, membre à part entière de leur fratrie…
Pour son second long-métrage, Fabien Gorgeart poursuit son analyse de la cellule familiale, mettant en avant la puissance du lien affectif par le biais d’une comédie dramatique emplie de tendresse et de douceur – qui fait la part belle à son casting. Le tout pour une œuvre touchante, sachant viser le public en plein cœur sans tomber dans la mièvrerie.
Avec La Vraie Famille, nous est conté au travers un regard délicat la réalité des services de l’Enfance du côté des assistants familiaux, un sujet des plus personnels pour le réalisateur car résonnant avec sa propre histoire. Opérant au poste de scénariste, notre homme se met s’applique à nous éclairer sur le quotidien de ces personnes hébergeant au sein de leur maison des jeunes en difficulté, avec les responsabilités que cela implique niveau professionnel et personnel. Ainsi, moments de communion, de cohésion s’opposent aux épreuves de la vie via une intrigue sachant mettre en perspective froideur de l’administration et chaleur humaine, chaque entité ayant ses qualités et ses failles quant il s’agit de la question du bien être de leur pupilles.
Des aspérités donnant du corps à la trajectoire d’Anna et de sa fratrie, la pierre angulaire du long-métrage, une tribu fusionnelle qui va être amené à devoir accepter l’une des conditions les plus dur de leur engagement. Assistante familiale, cette dernière héberge depuis des années le petit Simon, six ans, considéré comme un membre à part entière de son foyer, étant comme un fils pour elle et son mari Driss, comme un frère pour ses deux enfants. Tout ce petit monde s’épanouit au contact de chacun, dans une atmosphère bienveillante, comme en témoigne le cinéaste dans son introduction où la bonne humeur est au rendez-vous. Un climat de béatitude qui perd progressivement de sa clarté, alors que rentre en scène le père biologique du garçon, Eddy, un homme qui s’était laissé sombrer et qui a su reprendre pied. Bien déterminé à faire revenir son fils auprès de lui, celui-ci reprend petit à petit son rôle parental, amenant à fracturer par à-coup le cocon dans lequel réside Simon.
Ainsi, au cœur des enjeux de La Vraie Famille se noue l’itinéraire d’un départ annoncé, un événement inéluctable lorsque l’on est famille d’accueil – ceux qui le sont sont d’ailleurs formés à ce cas de figure – mais qui ne peut que blesser dès qu’on y est confronté. Un choc aux allures de séismes pour nos personnages, devant se résoudre à voir leur enfant/leur frère de substitution quitter lentement mais sûrement le nid, ce qui est décrit avec justesse par Fabien Gorgeart, qui souligne l’impact que cela provoque chez chacun. De cette sensation de déchirement se nourrit le scénario du film, amenant à des séquences où se mêlent divers sentiments, principalement de la tristesse et de la colère, le tout transparaissant dans le refus d’une mère à abandonner celui qu’elle considère comme son fils. Une incapacité à accepter la situation, menant à un conflit intrinsèque dans l’esprit d’Anna et envenimant cette séparation à venir, que ce soit avec son entourage, avec les services sociaux, avec Eddy.
Ces tensions inhérentes à ce refus d’abandon prennent le chemin d’un combat maternel, perdu d’avance, enrichissant le récit d’une épaisseur bienvenue, où l’ambivalence ne prévaut pas sur l’ambivalence, les torts étant partagés. Il n’y a ni gentils, ni méchants, ce qui compte est l’amour que l’on donne et que l’on reçoit. Niveau jeu, saluons la partition sans fausses notes de Mélanie Thierry qui donne sans compter justement, l’actrice étant attendrissante, bouleversante dans la peau d’Anna, cette mère courage à fleur de peau, dont l’abnégation est le moteur du métrage. A ses côtés ne déméritent pas Lyes Salem, impeccable en mari et père complice ainsi que Félix Moati, qui s’en sort avec les honneurs dans le rôle de cette figure paternelle cherchant à récupérer son fils – avec une prestation nuancée. Les jeunes acteurs ne sont pas en reste et apporte un supplément d’âme par leur innocence. Pour parfaire le tout, Fabien Gorgeart a su privilégier la dimension humaine avec sa mise en scène, se voulant proche de ses personnages pour symboliser cet esprit d’union qui transpire dans chaque pore de La Vraie Famille, pour un résultat tout en sobriété.
Avec La Vraie Famille, Fabien Gorgeart nous prend par les sentiments sans jouer la carte du pathos, signant un film doux-amer sur la cellule familiale et son éclatement, par-delà le combat d’une mère de coeur, formidablement interprétée par une Mélanie Thierry investie. Le tout pour un drame tout en sensibilité et subtilité, qui réussit à nous cueillir sans en faire trop, pour un moment de partage, de tendresse et d’émotion.