Sept ans après Boomerang, François Favrat fait son retour à la réalisation avec Compagnons, qui réunit à l’écran Najaa Bensaid, Agnès Jaoui et Pio Marmaï. Présenté en avant-première lors de la vingt-deuxième édition de l’Arras Film Festival, le long-métrage se concentre sur la trajectoire de Naëlle, une passionnée de street art, contrainte de suivre avec d’autres jeunes un chantier de réinsertion, sa dernière chance pour éviter d’être séparée de ses proches…

Pour son retour derrière la caméra, François Favrat nous livre une comédie dramatique à dimension sociale, Compagnons jouant de valeurs optimistes pour démontrer que malgré le déterminisme et les préjugés, il est toujours possible de trouver sa voie – d’autant plus lorsque des mains se tendent pour aider son prochain. Des messages de bienveillances transmis par le biais d’un récit d’apprentissage on ne peut plus classique, qui parvient tout de même à se démarquer de par son ancrage dans un milieu jusque là rarement exploré au cinéma mais surtout grâce à la performance de son casting.

Plein de bonnes intentions, le réalisateur s’attèle à prouver que malgré leur image public peu envieuse, les soi-disant territoires perdus de la République ne doivent pas être condamnés à l’abandon et au dénigrement, l’espoir résidant toujours dans l’enceinte de ces banlieues où la population est livrée à elle-même. Dans ces quartiers où le quotidien est souvent difficile, l’entraide et la débrouillardise peuvent servir de tremplin pour s’élever, se sortir des mauvais coups. Un constat qui se dessine au travers le scénario concocté par François Favrat et Johanne Bernard, qui ont écrit à quatre mains une histoire destinée à faire passer un peu de lumière au travers un sombre vitrail. Au cœur de ce long-métrage donc, le parcours de vie de Naëlle, une passionnée de street art officiant dans un chantier de réinsertion suite à ses démêlées avec la justice, qui va devoir trouver une porte de sortie pour s’échapper vers de nouveau horizons, loin de la délinquance.

Symbole d’une jeunesse complètement paumée, notre protagoniste se retrouve dans de sales draps lorsqu’une dette de drogue lui tombe dessus – ce qui l’a met dans le collimateur de personnes peu fréquentables. Au pied du mur, Naëlle doit trouver une solution pour s’extirper de cette situation et heureusement pour elle, une issue va se profiler par l’action d’Hélène, la responsable du chantier qu’elle aide à réhabiliter, qui lui propose de rejoindre le centre de formation des Compagnons de France, une association d’utilité publique, pour y passer un CAP. De cette découverte d’un univers dont elle ne maitrise pas les codes, le jeune femme va se retrouver tel un poisson hors de l’eau et va être amenée à se retrousser les manches pour espérer réussir car au bout du tunnel se trouve la clé de l’épanouissement personnel.

Se reposant sur un canevas formaté, Compagnons suit un chemin tout tracé où l’immersion au sein d’une institution amène à un accomplissement de soi, non sans quelques embûches en cours de routes. Ainsi, si l’on devine rapidement les grandes lignes de l’intrigue, ce qui retient avant tout l’attention est cette session portes ouvertes chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France, qui érigent en maître l’excellence artisanale et la transmission entre générations. Pour le spectateur, cette mise en lumière des traditions de l’association et de son mode de fonctionnement apporte un petit vent de fraîcheur au genre, François Favrat se voulant didactique dans son traitement – ce qui fonctionne à l’écran. Cette initiation aux us et coutumes du compagnonnages donnent de ce fait lieu à de sympathiques moments, notamment des instants de communion – où les chants sont de mise.

Pour le reste, si la surprise est loin d’être au rendez-vous, le scénario empilant les attendus, il n’en reste pas moins un joli film sur la fraternité et l’accomplissement par l’art – qui doit son capital sympathie à sa distribution. Si Agnès Jaoui et Pio Marmaï sont impeccables dans leur rôle de mentors, Najaa Bensaid leur tient la dragée haute et crève l’écran avec une partition à fleur de peau – l’actrice parvenant avec aisance à exprimer les nuances de Naëlle et ses contradictions, donnant du cachet à son personnage.

Avec Compagnons, François Favrat nous livre un drame se reposant sur la structure du récit d’apprentissage, pour un long-métrage qui ne sort pas des sentiers battus au niveau de son scénario, avec un déroulé convenu, mais qui vaut tout de même le coup d’œil pour son travail d’immersion au sein de l’univers des Compagnons du Devoir et du Tour de France ainsi que pour la prestation de son casting – gage de qualité – avec notamment l’émergence de Najaa Bensaid, qui nous prouve qu’elle est un talent à suivre.

© Stéphanie Branchu

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