Opérant principalement sur le petit écran, le réalisateur Nicolas Cuche revient au cinéma avec Pourris Gâtés, comédie réunissant Gérard Jugnot, François Morel, Camille Lou, Artus, Louka Meliava, Tom Leeb, Joffrey […]
Opérant principalement sur le petit écran, le réalisateur Nicolas Cuche revient au cinéma avec Pourris Gâtés, comédie réunissant Gérard Jugnot, François Morel, Camille Lou, Artus, Louka Meliava, Tom Leeb, Joffrey Verbruggen, Colette Kraffe ou encore Ichem Bougheraba, se centrant sur un homme d’affaires se désolant du train de vie de ses enfants – complètement déconnectés de la réalité…
Pour son troisième long-métrage à destination du grand écran, qui intervient neuf ans après Prêt A Tout, Nicolas Cuche nous livre une comédie se voulant populaire mais peinant à remporter tous les suffrages, la faute à une intrigue famélique qui ne parvient jamais à capitaliser sur son sujet, pourtant en or, à savoir la jeunesse dorée et la vacuité qui lui est propre.
Adaptation libre de Nosotros los Nobles de Gaz Alazraki, Pourris Gâtés nous entraîne dans le monde de la jet-set et s’aventure du côté de Monaco pour nous conter la vie trépidante d’une fratrie issue de la bourgeoisie, baignant dans l’opulence sans se rendre compte de la chance qu’ils ont. Au grand dam de leur riche industriel de papa, Francis Bartek, nos trois rejetons s’enfoncent dans la superficialité et s’y confortent. Englués dans l’oisiveté la plus totale, Stella, Philippe et Alexandre consacrent ainsi leur quotidien à profiter de la fortune familiale, sans se soucier du reste. Entre une fille se prenant pour une princesse et deux garçons se la coulant douce – l’un préférant dilapider son argent dans des projets pour le moins inutiles et l’autre enchaînant les conquêtes plutôt que de se consacrer à ses études – notre patriarche en vient à un triste constat. Ses enfants sont imbuvables, tout simplement. Pour palier à ce problème, ce dernier va ainsi devoir redoubler d’ingéniosité et trouver un moyen percutant pour donner une leçon à sa progéniture.
De ce point de départ, qui se montre généreux en matière de clichés, Nicolas Cuche et son co-scénariste Laurent Turner mettent au point un script reposant sur un schéma classique où une mise au vert permet d’ouvrir les yeux sur ce qu’on avait perdu de vue, le sens des réalités. Bien destiné à montrer que l’argent ne fait pas le bonheur et qu’il mérite d’être gagné à la sueur de son front, notre patron échafaude un plan pour le moins tordu pour sortir ses gamins de leur luxueux cocon. Faire croire à l’effondrement de son empire, les amenant à prendre la fuite sans aucun pécule. S’exilant de Monaco à Marseille, notre quatuor redémarre de zéro dans une ancienne bicoque avec un objectif simple pour les enfants : travailler. Une mission qui va s’avérer plus délicate que prévue pour Stella et ses frères, nés avec une cuillère dans la bouche et se retrouvant désormais livrés à eux-mêmes. Comme des poissons hors de l’eau, nos enfants gâtés vont se confronter à un univers qu’ils ne connaissent pas…
Se reposant principalement sur ce décalage, le scénario ne fait aucun effort et enchaîne les facilités quant au récit d’apprentissage de nos sales gosses, qui prennent un cours magistral à l’école de la vie. Malheureusement prévisible, le film aurait pu s’avérer drôle et piquant mais en préférant s’éloigner d’une quelconque satire pour tenter d’insuffler une bonne dose de bons sentiments, le réalisateur rate le coche. Nous nous retrouvons de ce fait avec une comédie lambda, que l’on oublie une fois son visionnage terminé et ce malgré un certain investissement de son casting pour que l’on se laisse embarquer dans ce voyage en terre inconnue. Si Gérard Jugnot sauve l’honneur avec son capital sympathie et se montre crédible en patriarche, de même que François Morel, des réserves sont de mises concernant la prestation de Camille Lou, Artus et Louka Meliava, qui doivent composer avec des stéréotypes, ne leur permettant pas d’apporter de la saveur à ses rôles plutôt creux. Même cas de figure pour Tom Leeb, qui est irritant dans la peau du beau-gosse manipulateur – d’autant plus avec l’accent ridicule dont il est affublé. La réalisation de Nicolas Cuche ne réhausse pas non plus le niveau, celui-ci ramant pour instaurer un semblant de rythme à sa comédie, qui tombe souvent à plat à cause d’une mise en scène anonyme, venant renforcer l’impression de regarder un téléfilm produit pour TF1.
Avec Pourris Gâtés, Nicolas Cuche nous concocte une comédie inoffensive sur la bourgeoisie et sa déconnexion du monde réel, se contentant du minimum syndical pour nous faire rire. Si nous sommes loin de la catastrophe, difficile d’être enthousiasmé devant un tel film, qui est un produit marketing comme on en voit bien trop dans le paysage français, qui s’oublie aussi vite qu’il se consomme, malgré la bonne volonté des comédiens engagés.