Six ans après La Cité Muette, la réalisatrice franco-américaine Sabrina Van Tassel revient au cinéma avec un nouveau documentaire intitulé L’État Du Texas Contre Melissa, qui se centre sur le parcours pour le moins chaotique de Melissa Lucio, première femme hispano-américaine condamnée à mort au Texas suite à la mort de son enfant de deux ans, un événement tragique pour lequel elle a été jugée coupable…

Avec L’État Du Texas Contre Melissa, Sabrina Van Tassel dresse le portrait d’une femme détruite par la vie, attendant solennellement la grande faucheuse pour un crime qu’elle affirme ne pas avoir commis. Avec minutie, la réalisatrice revient sur le jour où tout a basculé pour la condamnée à mort, se livrant à une investigation prenante, qui s’efforce à dévoiler les zones d’ombres entourant le décès de son enfant et de pointer les manquements de la justice face à cette affaire. Un sujet pour le moins sensible, traité avec tact, avec un parti-pris permettant de mettre en exergue les dysfonctionnement d’un système.

Avec ce documentaire, Sabrina Van Tassel prolonge ses travaux sur les femmes condamnées à la sentence capitale aux États-Unis, qui avait donné lieu à un moyen-métrage, Women On Death Row, lui permettant de rencontrer Melissa Lucio et de nouer de liens avec cette dernière, ce qui nous amène à cet examen détaillé de la vie de notre coupable, qui ne l’est peut-être pas à la vue des preuves exhumées par la metteuse en scène. En partant du constat premier que l’accusée a bel et bien porté les coups qui ont conduit au décès de Mariah, qui était à l’époque des faits sa fille cadette, s’immisce subrepticement la graine du doute, alors que des détails pour le moins troubles viennent jeter un certain discrédit à la thèse soutenu par les autorités judiciaires : que Melissa soit une meurtrière.

Ainsi, en reprenant ce dossier, à priori simpliste, Van Tassel apporte un portrait contrasté de cette affaire ainsi que de notre protagoniste. Dans cette contre-enquête menée avec ardeur, nous est exposé le dramatique destin de Melissa, qui a vu son enfance volée puis sa vie d’adulte marquée par la pauvreté et les addictions. Une prédisposition à la souffrance qui devient une preuve à charge pour les institutions – qui se baseront sur ce misérabilisme pour conforter leur ligne de conduite. Un constat rageant qui s’affirme alors que, nous est dépeint une femme brisée qui s’est laissée aspirer dans une spirale infernale et se retrouve au fond du gouffre, peu aidée par ceux censés la défendre.

Estampillée coupable idéale, Melissa semble avoir été sacrifiée sur l’autel de la justice, ce que démontre la réalisatrice en se servant de témoignages et de pièces à convictions pour appuyer son propos, qui malheureusement tend à se confirmer au fur et à mesure des révélations faites. À la manière d’un thriller, Sabrina Van Tassel met à mal les évidences de l’accusation et de la défense, pour prouver son point. Melissa est la victime d’un système judiciaire défaillant. Glaçant.

Alba Films

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