Quatre ans après Lego Batman : Le Film, Chris McKay fait son retour derrière la caméra avec The Tomorrow War, qui réunit au casting Chris Pratt, Yvonne Strahovski, J.K. Simmons, Betty Gilpin, Sam Richardson ou encore Hedwin Hodge et nous plonge en pleine science-fiction avec l’enrôlement d’un ancien militaire dans une guerre se situant…trente ans dans le futur.

Naviguant principalement dans le monde de l’animation, Chris McKay débarque dans celui du live-action en étant à la barre d’une production à gros budget, The Tomorrow War, qui devait originellement sortir dans les salles obscures avant que Paramount Pictures ne prenne la décision de le vendre à Amazon. Un choix qui trouve tout son sens après la découverte du long-métrage, confirmant que le studio ne croyait pas vraiment au potentiel de son blockbuster estival, celui-ci se contentant de puiser ses idées dans le catalogue du genre pour n’être qu’un patchwork peu inventif, nous embarquant dans une intrigue foutraque.

Si on peut lui concéder un certain sens du divertissement, le principal problème du long-métrage réside dans son scénario qui, à part empiler les attendus du genre et piocher à droite et à gauche, des éléments déjà vus dans des œuvres telles que Starship Troopers à Independence Day – le tout au premier degré – ne fait aucun effort pour crédibiliser l’univers se créant devant nos yeux. Pourtant, le postulat de ce film de science-fiction avait de quoi attirer l’attention, avec l’annonce d’une invasion extra-terrestre trente ans dans le futur, réduisant notre planète bleue en un champ de ruines, impliquant pour les survivants de trouver des volontaires dans le présent pour zigouiller de l’alien. Hélas, Zach Dean, qui officie à l’écriture, multiplie les pistes et se concentre sur les moins intéressantes scénaristiquement parlant, évitant ainsi de devoir donner du corps à son récit.

Ainsi, The Tomorrow War s’articule tout autant sur l’apocalypse à éviter que sur le parcours familial de son héros, Dan Forester, ancien militaire devenu professeur de biologie au lycée, qui se voit enrôlé dans cette guerre du futur et ne peut s’y dérober. Laissant derrière lui femme et enfant, notre ex-soldat se voit immergé aux côtés de ses nouveaux compagnons d’infortune dans ce monde ravagé par ces envahisseurs belliqueux qui ont pris la Terre pour une colonie. Alors qu’il y avait de la matière pour développer une mythologie intéressante, l’intrigue fait fi de toute complexité et s’enfonce dans un parcours des plus balisés avec des clichés à la pelle, principalement concernant le patriotisme et le paternalisme, avec notamment une relation père/fille dont on voit venir à des kilomètres le twist central. Une dose de bons sentiments qui ne rend pas service au film, d’autant plus lorsque cela met de côté l’essentiel, le côté S-F. En effet, les enjeux propre à ce conflit – censé être l’intérêt central – sont sans cesse effleurés, que ce soit les questions du choix des recrues, du pont créé entre présent et avenir ou les conséquences de ce branle-bas de combat.

Outre une séquence d’arrivée immersive dans ce monde post-apocalyptique, où la menace alien se dévoile et que l’on devine son ampleur, la suite des évènements se déroule en mode pilote automatique, en suivant un Chris Pratt en service minimum se laissant porter par le vent causé par les trous d’air du scénario. Découvrir le point de vue des civils non-prompts à prendre les armes et se voyant catapultés dans cet enfer futuriste aurait clairement eu plus de gueule que de se contenter de voir un protagoniste aguerri aux armes se balader avec une certaine aisance dans ce charnier, vidant avec un certain flegme ses chargeurs sur ces vilaines bestioles qui auraient gagné à avoir plus de temps de présence à l’écran. Pour rattraper ce soucis, Zach Dean se fend d’un dernier acte que l’on croirait sorti tout droit d’un autre film tant il dénote avec ce qu’il a précédemment mis en place, se traduisant par un retour dans le présent interminable avec en point d’orgue une mission pour sauver le monde de demain qui cumule les facilités, entre actions improbables et acte de rédemption qui achève toute cette bien-pensance.

Si Chris Pratt, pourtant producteur, se conforte dans son image de héros à la fois badass et cool – qui devient redondant avec une interprétation des plus ternes malheureusement – on peut tout de même signaler que niveau casting, Yvonne Strahovski, J.K. Simmons ou encore Betty Gilpin tirent tout de même leur épingle du jeu dans ce marasme ambiant. Quant à Chris McKay, ce dernier ne s’en sort pas si mal malgré le scénario qu’il lui a été confié, sa réalisation efficace réhaussant quelque peu l’ensemble, grâce à des séquences d’action dont la mise en scène est soigné. Mais malgré ses efforts, sa première expérience aux manettes d’un blockbuster ne sort aucunement du lot, ce qui est dommage pour lui. Espérons qu’il sera mieux épaulé dans la suite de The Tomorrow War, car oui, si Paramount Pictures n’y croyait pas, les chiffres de visionnage sur Amazon Prime Video ont dû être concluants, un deuxième volet ayant déjà été annoncé.

Pour sa première incursion dans l’univers du live-action, Chris McKay doit redoubler d’efforts pour tenter d’impliquer le spectateurs dans le blockbuster qu’il lui a été confié, The Tomorrow War n’étant qu’un film de S-F lambda, plombé à la fois par un scénario brouillon et par un Chris Pratt transparent.

© Amazon Prime Video

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