En Janvier dernier, Netflix dégainait sa tout nouvelle production française en date à savoir Lupin, série créée par George Kay (Criminal) et François Uzan (Family Business) portée par Omar Sy et comprenant au casting Hervé Pierre, Nicole Garcia, Clotilde Hesme, Ludivine Sagnier, Antoine Gouy, Shirine Boutella ou encore Soufiane Guerrab. La première partie de sa première saison, sous-titrée Dans L’Ombre D’Arsène, se consacrait à Assane Diop, un as de la cambriole puisant son inspiration dans les aventures du célèbre gentleman cambrioleur – écrites par Maurice Leblanc – afin de mener à bien ses exactions, qui ont un but bien précis : obtenir justice pour son père, injustement condamné pour un vol de collier et décédé en prison. Une froide vengeance contre l’ancien employeur de son paternel, le puissant Hubert Pellegrini, synonyme d’une partie d’échecs entre les deux partis, bien destinés à faire tomber l’autre…Un face à face se poursuivant dans cette seconde partie, où tous les coups sont permis.

Six mois après une première partie présentant avec fugacité les tenants et aboutissants de la série, qui nous plonge dans une quête vengeresses tout en s’inspirant de manière ludique à la création de Maurice Leblanc, Netflix nous propose déjà la suite des aventures d’Assane Diop, que l’on avait quitté en mauvaise posture. En effet, son entreprise de déstabilisation de l’empire Pellegrini semblait prendre un tournant dangereux alors que sa vie personnelle et ‘professionnelle’ se confondait lors d’une sortie familiale tournant au drame avec l’enlèvement de son fils…Un cliffhanger qui suscitait une certaine curiosité quant à la suite des évènements, que nous pouvons désormais découvrir sur la plateforme streaming.

Si elle n’était pas dénuée de défauts avec une facilité d’écriture qui s’avérait parfois déconcertante, Lupin réussissait à rester divertissante en gommant ses défauts scénaristiques par une réalisation dynamique donnant le change et faisant illusion, sans oublier le charme indéniable d’Omar Sy, dont le plaisir d’incarner cet ersatz d’Arsène se ressentait à l’écran. Avec cette nouvelle salve de cinq épisodes, servant à conclure la première saison du show, nous aurions pu croire que l’équipe créative allait mettre les bouchées doubles pour que les tribulations d’Assane gagnent en épaisseur, avec des efforts portés sur l’exécution de l’intrigue mais force est de constater que ce n’est pas le cas, George Kay et François Uzan préférant jouer la carte de la surenchère sans prendre le temps de se montrer appliqué dans la construction de leur récit.

Malgré sa courte durée, cette Partie 2 patine au (re)démarrage en ne sachant pas tirer profit de ce qu’elle avait entrepris avec l’enlèvement du fils de notre anti-héros et la découverte de sa double identité par le ‘lupinophile’ Guedira, ce qui donne lieu à deux épisodes assez indigents aussi bien sur la forme que sur le fond, avec une parenthèse normande où la subtilité n’est pas au rendez-vous avec courses-poursuites peu inspirées et confrontations expéditives qui ne rebattent aucunement les cartes, le tout devant la caméra d’un Ludovic Bernard enchaînant les raccourcis et montages foireux. Passé ce malencontreux contre-temps, Lupin essaye de revenir aux fondamentaux avec les trois épisodes suivants, qui tentent de redonner de l’énergie à l’ensemble en voulant doubler la mise dans le duel entre Assane et Hubert Pellegrini.

Une entreprise de destruction mutuelle s’engage alors entre notre arnaqueur au grand cœur et l’infâme homme d’affaires, avec son lot de retournements de situation à la clé pour maintenir notre intérêt jusqu’à la dernière minute, tous les coups étant permis pour faire tomber l’autre. Un sentiment d’urgence refait ainsi son apparition, ce qui coïncide avec le retour sur le devant de la scène des manigances d’Assane, en parallèle de celles de son nemesis. Les plans pour se sortir de cet étau qui se ressert, aussi bien d’un côté comme de l’autre, tentent d’instaurer un sentiment de tension, ce qui se produit en dépit de la vraisemblance. Si l’on apprécie que George Kay et François Uzan donnent enfin du corps au tandem formé par Assane et son fidèle complice Benjamin, qui était trop effacé lors de la première partie, permettant ainsi à Antoine Gouy de faire jeu égal avec Omar Sy, on peut tout autant regretter que les liens avec l’œuvre de Maurice Leblanc s’effacent mais surtout que l’accent soit mis sur l’exagération.

Durant cette deuxième partie de Lupin, les ficelles sont encore plus grosses et la finesse n’est pas au programme avec une machination reposant sur des bases fébriles pour pleinement convaincre, les scénaristes cherchant à bluffer leur auditoire avec des révélations qui se veulent malines mais que l’on voit venir à des kilomètres malheureusement. Un défaut que l’on doit à cette propension à faire d’Assane Diop un être constamment au-dessus de la mêlée, ayant toujours une longueur d’avance – ce qui nous empêche de réellement croire par exemple à sa cavale lorsque les masques tombent. Ce deuxième round, qui mène à un changement de paradigme avec une détérioration de l’image publique de nos principaux protagonistes, trouve tout de même sa raison d’être dans un ultime épisode qui lorgne du côté de l’espionnage avec une infiltration et un conflit final au sein du théâtre du Chatelet qui fait clairement le job, appuyé par la mise en scène de Hugo Gélin – qui s’en sort clairement mieux que son comparse Ludovic Bernard – permettant de refermer avec une certaine intensité la page ‘Pelligrini’, du moins pour le moment.

Malgré ses innombrables touts de passe-passe, l’illusion ne prend plus pour Lupin, qui se complaît dans la facilité au mépris de la cohérence, ce qui certes apporte un rythme soutenu à l’ensemble mais au final – malgré le charisme d’Omar Sy – la série se repose trop sur ses lauriers pour pleinement convaincre. L’équipe créative devra se retrousser les manches et changer de formule pour la suite, qui est attendue au tournant.

© Netflix

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