Quelques mois seulement après la sortie d’Adolescentes sur grand écran, le réalisateur Sébastien Lifshitz nous livre son nouveau documentaire, qui débarque cette fois directement à la télévision. Intitulé Petite Fille, celui-ci traite de la transgenralité à travers le portrait de Sasha, un enfant né garçon mais vivant comme une petite fille depuis l’âge de trois ans et nous fait suivre son quotidien ainsi que celui de sa famille sur une période d’un an. Diffusé sur Arte, ce long-métrage est désormais disponible en ligne et nous vous conseillons de le découvrir, son propos ne laissant pas indifférent.

Depuis 2012 et Les Invisibles, Sébastien Lifshitz s’évertue à mettre sa caméra au service d’une lutte, d’un combat qui mérite que l’on s’y attarde. Après avoir notamment parlé d’homosexualité, de transexualité et de féminisme ces dernières années par le biais de ces documentaires, le réalisateur met en lumière la transidentité avec Petite Fille, un sujet encore sensible dans la société d’aujourd’hui. D’autant plus quand cela concerne un enfant. Comment appréhender avec tact de cette thématique et d’éviter de quelconques maladresses quant à son traitement ? En plaçant l’humain au cœur du processus et en se montrant pudique, ce que réussi à appliquer le metteur en scène.

Ici point de jugement de la part de Sébastien Lifshitz quant au choix de Sasha de vouloir être une fille, seulement de la bienveillance. La place n’est pas au débat mais à la compréhension et pour se faire, le réalisateur opte pour un portrait délicat et lumineux, portant son attention sur l’amour que l’on porte à son enfant. Petite Fille est une chronique qui nous ouvre les yeux sur la question de genre et nous fait entrer dans l’intimité de Sasha et de ses proches, pour mieux exposer les difficultés de se faire accepter tel que l’on est. Evitant de verser dans le pathos, le documentaire a pour mission première de montrer la force et le courage de ce garçon né dans un corps qui ne lui correspond pas et sa volonté de vivre comme il l’entend c’est-à-dire comme une fille. Comment cette décision a t-elle pu lui venir si tôt à l’esprit ? Y a t-il un lien de cause à effet avec le cercle familial qui l’entoure ? Des questions que certains pourront se poser et qui sont compréhensibles au vu de la sensibilité d’un tel sujet et qui sont d’ailleurs évoquées à travers le témoignage de Karine, sa mère, qui est passé par plusieurs phases dont la culpabilité avant de mettre un nom sur la détresse de son fils : la dysphorie de genre.

L’acceptation et l’amour sont les maîtres-mots du documentaire et ce qui en font sa force. Ce qui nous touche avant tout est de constater l’épanouissement de Sasha, sortant de sa chrysalide en s’affirmant comme ce qu’elle veut être, en dépit du regard des autres et des institutions. Malgré son jeune âge, son combat est une lutte de tous les jours pour elle et pour ses parents, ce que Sébastien Lifshitz nous expose avec sobriété. Les difficultés sont nombreuses pour la famille, comme celle de faire prévaloir cette identité féminine dans la société, notamment à l’école ou à l’extérieur – un cours de danse en l’occurrence – où le rejet est plus simple que l’approbation et ce n’est que le commencement pour l’enfant, qui nous bouleverse lorsqu’elle craque et nous fait part de sa peine. Heureusement, Sasha peut compter sur l’amour sans faille de sa mère, son père, son frère et sa soeur, de même que sur l’accompagnement d’une pédopsychiatre spécialisée. Avant tout débat sur la dysphorie de genre, Petit Fille met un point d’orgue à délivrer un message altruiste, prônant l’ouverture d’esprit et la compréhension de l’autre.

Trouvant la bonne distance pour traiter avec justesse de son propos, Sébastien Lifshitz livre avec Petite Fille le portrait solaire d’une enfant s’affirmant dans l’identité qu’elle s’est choisie et met en avant le combat compliqué pour faire accepter la différence dans notre société. Un documentaire utile, qui sert à bousculer les consciences.

© Arte

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