[Critique] Fahim, l’échiquier de la vie
Pierre-François Martin-Laval est de retour à la réalisation, deux ans après Gaston Lagaffe, pour porter à l’écran l’histoire du jeune Fahim Mohammad à travers l’adaptation du livre Un Roi Clandestin […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Pierre-François Martin-Laval est de retour à la réalisation, deux ans après Gaston Lagaffe, pour porter à l’écran l’histoire du jeune Fahim Mohammad à travers l’adaptation du livre Un Roi Clandestin […]
Pierre-François Martin-Laval est de retour à la réalisation, deux ans après Gaston Lagaffe, pour porter à l’écran l’histoire du jeune Fahim Mohammad à travers l’adaptation du livre Un Roi Clandestin que ce dernier a co-écrit avec Sophie Le Callennec et Xavier Parmentier en 2014. Comprenant au casting Assad Ahmed, Gérard Depardieu, Isabelle Nanty et Mizanur Rahaman, Fahim nous raconte l’arrivée en France d’un père et son fils, tentant d’obtenir l’asile politique après avoir dû fuir leur Bangladesh natal pour leur sécurité…
Changement de registre pour Pierre-François Martin-Laval qui s’éloigne de la comédie pour nous livrer avec Fahim un drame doux et amer.
Basé sur la véritable histoire du jeune Fahim Mohammad, le long-métrage se concentre sur le voyage initiatique d’un père et son fils, en quête de stabilité et d’espoir. Un parcours du combattant qui force le respect puisque les obstacles n’ont eu de cesse de se mettre sur la route de cette famille qui aspirait juste à une vie meilleure, loin des troubles politiques de leur pays d’origine, le Bangladesh.
N’essayant jamais d’appuyer sur le pathos et le misérabilisme qu’aurait pu inspirer ce récit, Pierre-François Martin-Laval avec ses co-scénaristes Philippe Elno et Thibault Vanhulle, préfère se centrer sur l’aspect humaniste de ce chemin de croix et apporte une dose de bons sentiments ainsi qu’une pointe de légèreté, le tout avec parcimonie pour garder cet équilibre et ne pas tomber ni dans le drame pur ni dans la comédie.
En résulte un film délicat sur la difficulté de rêver à de meilleurs lendemains pour soi et ses proches. En quittant un pays par peur pour leur sécurité, ce tandem père/fils se retrouve dans une épopée semée d’embûches, séparé des leurs et devant affronter les lourdeurs administratives de la France concernant leur droit d’asile. Malgré leur situation précaire, le talent du jeune garçon pour les échecs est porteur d’espoir aussi bien pour lui que pour son paternel et cette parenthèse ludique se révèle être un enjeu majeur du long-métrage, puisque ce don pour ce sport est la clé pour de meilleurs lendemains. Ainsi Fahim nous montre à quel point le destin peut se provoquer et que la vie se joue parfois à un coup de poker. Un constat qui laisse un goût d’amertume mais qui est contre-balancé par la bonté émanant des rapports humains au centre de l’intrigue.
Face aux difficultés inhérentes à leur statut de réfugiés, nous sommes rapidement en empathie avec nos deux personnages principaux, une compassion exacerbée par le jeu des interprètes de Fahim et de son géniteur, Assad Ahmed et Mizanur Rahaman, des acteurs non-professionnels qui pourtant se révèlent très touchants et justes dans leur rôle, formant l’atout majeur du film.
Ils ne sont bien sûr pas en reste avec la présence de Gérard Depardieu et Isabelle Nanty qui forment un duo complémentaire, lui en entraîneur de club d’échecs qui se montre bourru au premier abord mais qui s’avère être un coeur tendre et elle qui le seconde avec douceur, se montrant profondément altruiste. Couplé à de sympathiques seconds-rôles, particulièrement concernant les partenaires de jeu de Fahim, l’ensemble du casting permet d’instaurer une certaine chaleur à l’atmosphère du film.
Cet aspect bienveillant est renforcé par la réalisation de Pierre-François Martin-Laval qui se veut au plus près de ses personnages, pour mieux se concentrer sur les prestations de ses comédiens et consolider ce côté solidaire et philanthrope de cette histoire. L’immersion dans l’univers des échecs est bien détaillée et un soin est apporté aux reconstitutions des différentes parties aussi bien au niveau local que national, de même que l’ajout d’un certain rythme au cours de celles-ci aident à maintenir l’intérêt du spectateur. Enfin le travail sur la photographie nous offre de belles séquences, principalement lors des passages tournés en Inde, qui sert de décor au Bangladesh représenté à l’écran.
Avec Fahim, Pierre-François Martin-Laval prend une nouvelle direction artistique et signe une adaptation sensible et lumineuse du parcours incroyable de Fahim Mohammad et de son père, porté par un casting investi et attendrissant à l’image d’Assad Ahmed et Mizanur Rahaman.
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