Deux ans après Gaston Lagaffe, l’acteur/réalisateur Pierre-François Martin-Laval est de retour à la réalisation avec Fahim (critique à lire ici), l’adaptation d’Un Roi Clandestin , le roman auto-biographique de Fahim Mohammad, que […]
Deux ans après Gaston Lagaffe, l’acteur/réalisateur Pierre-François Martin-Laval est de retour à la réalisation avec Fahim (critique à lire ici), l’adaptation d’Un Roi Clandestin , le roman auto-biographique de Fahim Mohammad, que ce dernier a co-écrit avec Sophie Le Callennec et Xavier Parmentier en 2014 et qui retrace son parcours du Bangladesh vers la France avec son père et de sa passion pour les échecs, qui l’a mené à devenir champion des moins de douze ans et lui a permis d’obtenir sa régularisation sur le sol français.
Prévu pour le 16 Octobre au cinéma, Fahim est actuellement présenté en avant-première un peu partout en France et à l’occasion du passage de Pierre-François Martin-Laval dans les Hauts-de-France, à Arras précisément, SeriesDeFilms a pu s’entretenir avec lui sur ce nouveau long-métrage.
Ce projet de porter à l’écran l’histoire de Fahim Mohammad vous est venu dès 2014 à l’époque de la médiatisation de sa vie, est-ce exact ?
Après Les Profs, j’avais très envie de faire un film « différent « . Un film d’utilité publique j’ose dire. Et au milieu de l’hiver 2014, je suis devant ma télé un samedi soir face à Ruquier qui interviewe Fahim. Ce qu’il raconte me bouleverse. Je n’ai jamais supporté qu’on fasse du mal à un enfant. Tout de suite j’achète le livre « Un roi clandestin « dans lequel le petit joueur échec raconte en détail sa vie et j’y vois un film. Un grand film. J’ai la chance alors de rencontrer vite le producteur Patrick Godeau très ému lui aussi par cette histoire. Il veut du « pour de vrai » et je suis convaincu que c’est dans ce sens qu’il faut traiter cette histoire.
Concernant le scénario, vous avez donc dû jongler entre l’écriture de vos comédies Les Profs 2 et Gaston Lagaffe, pas trop compliqué ce travail d’équilibriste ?
Si bien sûr que c’est compliqué. Il faut deux choses pour s’en sortir: vouloir à en crever raconter CETTE histoire et s’organiser. Ce que j’ai fait en choisissant de partager l’écriture avec un co-auteur puis un deuxième.
Fahim est basé sur l’autobiographie “Un Roi clandestin”, coécrit par Fahim Mohammad, Sophie Le Callennec et Xavier Parmentier, comment s’est effectué le processus d’adaptation ? Y a-t-il eu des coupes nécessaires dans le récit pour le bon déroulement de l’intrigue et au contraire des ajouts ?
Oui et oui! Comme dans toutes adaptations. Autrement serait impossible. On ne peut pas raconter au cinéma 3 années de rendez vous à la préfecture en tournant 50 scènes administratives. On perdrait le public au bout de quelques minutes. J’ai voulu aller à l’essentiel. Et j’ai tenu aussi à dévoiler des faits restés dans l’ombre dans le bouquin. Comme les raisons de l’exil. J’ai par ailleurs, donné plus d’importance à la maman dont Fahim ne parle que très peu dans le bouquin. Ça me paraissait crucial. Nous avons aussi créée des personnages qui représentent dans la réalité plusieurs personnes existantes à elles seules.
Fahim est un drame mais en ajoutant une dose de légèreté, à travers l’humour, vous parvenez à ne pas vous engouffrer dans le pathos et rendre votre film profondément humain. Était-ce votre idée de base lors de sa conception ?
Souvent des choses nous échappent dans le jeu d’acteur mais dans l’écriture soyez rassuré: c’est voulu oui 🙂 Et je n’ai rien inventé en mettant de l’humour dans une histoire dramatique. Chaplin était le roi! Souvenez vous du Kid. Il était impensable pour moi de ne pas mettre d’humour dans ce film dont certaines scènes sont déchirantes. Par ailleurs, dans le bouquin, le personnage de l’entraîneur de Fahim est bien rigolo. Sévère mais très blagueur en cours.
Parlons du casting, en dehors de Gérard Depardieu et Isabelle Nanty, vous vous êtes entourés deAssad Ahmed et Mizanur Rahaman, qui ne sont pas des comédiens professionnels. Comment se sont-ils retrouvés engagés sur ce projet ? Et pour vous en tant que réalisateur, comment avez-vous appréhendé votre direction d’acteurs ?
Assad et Minazur sont désarmants de naturel. J’étais convaincu de ne pas vouloir aller chercher des comédiens au Bangladesh car je voulais que ressorte un réalisme du jeu de “non acteurs ». J’ai donc engagé un des spécialistes du casting sauvage: Mohamed Belhamar. Après être tombé sur un article sur lui à propos de son travail sur Dheepan de Jacques Audiard. Mohamed et son équipe magnifique ont arpenté les grandes surfaces de banlieues parisiennes, certains quartiers bangladais aussi pendant six mois! Un travail de fourmi.
Assad est arrivé après quelques mois par miracle. Il n’était pas convié. Un jeune repéré sur photo a été recalé direct car il mesurait en fait 1m80 et quand il est reparti avec son pote. On a couru après lui . Le petit pote était Assad. J’ai mis un paquet de séances d’improvisation à lui sortir ce qu’il avait dans le bide et un jour est apparu un acteur.
Pour le rôle de père, Mizanur est arrivé à la fin du casting. Il n’avait pas le profil que je cherchais. Mais la beauté de ce qu’il dégageait m’a conquis. J’ai alors fait des modifications dans mon scenario pour que le rôle lui ressemble davantage et j’ai fait office de prof pour lui apprendre ce que je pouvais pour devenir acteur. Sur le plateau, je ne travaillais pas avec Mizanur comme avec des acteurs professionnels. Je ne le lachais jamais. Je lui parlais pendant les prises. Je lui expliquais que je ne voulais pas voir Nura à qui c’est arrivé en vrai mais voir en vrai ce qui se passait si ça arrivait à lui Mizanur !
Au niveau de la réalisation, comment avez-vous abordé le tournage en Inde ?
D’abord, j’ai ouvert mes yeux, mes narines. J’ai regardé plusieurs jours tout autour de moi. Je voulais tourner partout, filmer tout le monde. Puis il a fallu me concentrer sur l’essentiel pour mon film. Les équipes indiennes n’ont rien à envier de notre cinéma. Ils savent tout faire, bien et vite. C’est fabuleux de tourner avec eux. La seule chose vraiment insupportable en repérage fut la chaleur. Mais en revenant plus tard pour le tournage, le changement de saison a offert un beau tournage !
Et pour terminer, était-ce pour vous un challenge d’essayer d’insuffler du rythme dans les nombreuses parties d’échecs présentes dans le long-métrage ?
Absolument ! Et un challenge pour mon directeur de la photo avant tout ! Regis Blondeau m’a de suite alerté sur ce point. Si on ne fait pas gaffe avec toutes ces parties d’échecs, on va faire ch… les spectateurs rapidement! Et moi je voulais faire un film de sport, à la Rocky. Donc on cherchait sans arrêt des nouveaux plans qui nous amusaient.