Huit ans après Microbe et Gasoil, Michel Gondry effectue son retour dans le milieu du septième art avec Le Livre des Solutions, qui comprend au casting Pierre Niney, Blanche Gardin, Françoise Lebrun, […]
Huit ans après Microbe et Gasoil, Michel Gondry effectue son retour dans le milieu du septième art avec Le Livre des Solutions, qui comprend au casting Pierre Niney, Blanche Gardin, Françoise Lebrun, Camille Rutherford, Frankie Wallach ou encore Vincent Elbaz et se centre sur la fuite en avant d’un réalisateur face à la production compliquée de son dernier film…
Passée une parenthèse télévisée aux côtés de Jim Carrey, les deux hommes s’étant retrouvés sur la série Kidding pour la chaîne Showtime, Michel Gondry nous revient avec une nouvelle production made in France pour le moins personnelle. Ce qui donne lieu à une œuvre confession qui, par le biais d’une comédie de façade sur l’art de la débrouille, met en lumière les zones d’ombre d’un cinéaste en pleine tourmente intérieure, le tout pour un résultat mi-figue mi-raisin.
Alors que l’on pensait que le réalisateur analyserait les divers strates de son métier à travers un petit délire faisant l’éloge de la créativité, force est de constater que l’on assiste avant tout à un exercice égotique faisant fi de mea culpa à destination de ses proches. Mais pour arriver à cette remise en question, il faut refermer la toute dernière page de ce Livre des Solutions qui allie l’inventivité de Soyez Sympas Rembobinez à une amertume inhérente aux exactions de notre personnage principal, ersatz d’un Michel Gondry lessivé – sans nul doute au sortir de son expérience déroutante sur L’Ecume des Jours qui l’aura éprouvé. Des vents contraires donc, soufflant le chaud et le froid sur une intrigue servant d’exutoire, laissant malheureusement le public de côté.
Porté par un Pierre Niney en grande forme, sachant être tout aussi irritant qu’attachant au gré des coups de sang et coups de génie de son alter-ego, Le Livre des Solutions se centre ainsi sur les déboires de Marc, un réal dont le tournage de sa dernière production en date tourne au vinaigre. Ne voulant pas abandonner son projet, notre protagoniste prend alors ses cliques, ses claques et ses plus fidèles collaboratrices direction les Cévennes, pour achever son film au calme dans son cercle familial. Soit le point de départ d’une opération de la dernière chance synonyme d’exil chaotique pour cette fine équipe, devant composer avec de maigres moyens et un chef d’orchestre psychologiquement instable. Ce qui est le nœud du problème. Car en jetant dans la cuvette des toilettes son traitement, notre metteur en scène sa bipolarité prendre le dessus sur tout le reste.
Et si Marc rivalise d’ingéniosité pour palier aux divers manquements, la balance penche malheureusement du mauvais côté dès que celui-ci met tout son petit monde à contribution sans prendre de gants, pendant que lui multiplie les digressions artistiques. De ce fait, en dépit de ses efforts et bien entendu de l’écriture de ce fameux guide de conseils pratiques donnant au film son titre, difficile de ne pas trouver le personnage principal agaçant. Certes nous comprenons la difficultés du cercle intime à appréhender les sautes d’humeurs d’une personne atteinte de tels troubles du comportement mais la manière de l’expliciter n’est pas des plus finaude car soulignant avec de gros sabots que d’être considéré comme un génie excuse à peu près tout. Le plan final où le réalisateur découvre son produit fini paraît de ce fait une faible résolution quant à cette remise en question, qui tombe comme un cheveu sur la soupe.
N’en reste que s’il est inégal scénaristiquement parlant, Le Livre des Solutions a d’excellents sursauts à l’image notamment d’une séquence d’orchestration improbable ou d’un court-métrage animé, témoignant du sens de la créativité Michel Gondry. Un aspect que l’on aurait aimé voir davantage à l’écran mais là n’était pas le sujet apparemment.
Avec Le Livre des Solutions, Michel Gondry se lance dans un exercice intimiste, exposant ses failles à travers une mise en abîme douce-amère qui, malgré sa fragilité narrative, aide à mieux saisir l’homme se cachant sous la casquette du cinéaste. Le tout pour une éxperience étrange, qui a ses qualités comme ses défauts.