Trois ans après Mortal (sorti directement en VOD chez nous) André Øvredal effectue son retour au cinéma avec Le Dernier Voyage du Demeter, adaptation libre de Dracula de Bram Stoker, […]
Trois ans après Mortal (sorti directement en VOD chez nous) André Øvredal effectue son retour au cinéma avec Le Dernier Voyage du Demeter, adaptation libre de Dracula de Bram Stoker, comprenant au casting Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham, David Dastmalchian ou encore Javier Botet et se consacrant à l’un des chapitres les plus sombres du roman, à savoir le tragique périple du Demeter jusqu’aux côtes anglaises…
Le Prince des Carpates a le vent en poupe ces derniers temps chez Universal Pictures, le studio multipliant les projets consacrés au plus célèbres des vampires. Quelques mois seulement après Renfield de Chris McKay, qui prenait l’angle de la comédie, le norvégien André Øvredal tente pour sa part de revenir au genre horrifique avec Le Dernier Voyage du Demeter, mais cela ne s’effectue pas sans quelque remous.
Se basant sur l’un des chapitres les plus sombres du roman de Bram Stoker, le cinéaste met en images la traversée de Dracula à bord du Demeter, navire qui le conduit incognito de la Roumanie à l’Angleterre. Un périple synonyme de terreur pour l’équipage, qui va subir le courroux de la créature nuit après nuit, sans réellement savoir ce qu’il leur arrive. Sur le papier, cet épisode violent et sanglant réussissait à faire frissonner les lecteurs et ce grâce au pouvoir de la suggestion inhérent aux notes laissés par le capitaine dans son journal de bord, funeste testament d’un trajet tournant au cauchemar. A l’écran, il était attendu que le résultat serait différent, tout étant à construire scénaristiquement parlant du fait de la brièveté de l’événement à l’écrit, le champ était ainsi libre pour les scénaristes aux manettes de cette adaptation de tenter des choses, de s’approprier la mythologie du plus célèbre des vampires.
Grandement inspirés par Alien, le huitième passager, Zak Olkewicz et Bragi Schut tentent de tirer profit du climat anxiogène propre au huis-clos, avec une menace tapis dans l’ombre attendant patiemment de bondir sur ses victimes. Vous troquez un Xenomorphe contre un damné assoiffé de sang et vous obtenez Le Dernier Voyage du Demeter. Ce qui en soit paraît comme un excellent point de départ vu les sources utilisées par le tandem de scénaristes. Hélas, leur patte n’est pas des plus fines, alourdissant le propos quant à face-à-face entre nos marins et la diabolique créature entrée illégalement dans les cales de leur bateau – qui tire trop sur la corde. En dépit d’une distribution investie, notamment Javier Botet qui met une fois de plus sa silhouette filiforme au service du cinéma horrifique, difficile d’être transi de peur ou d’être parcouru d’un semblant de trésaillement face à une intrigue pataude, privilégiant les dialogues creux aux coups d’éclats.
Alors que l’on partait du bon pied avec l’instauration d’une ambiance pesante, le récit se voit étiré plus que de raison pour atteindre péniblement les deux deux heures, une décision plombant ce massacre en eaux troubles qui, au gré de l’avancée du Demeter vers l’Angleterre vacille de plus en plus fort. En jouant la montre, Olkewicz et Schut se perdent dans des tunnels de dialogues et se montrent maladroits dans le développement de leurs principaux protagonistes, dont les agissements paraissent incohérents – un point également valable pour ce cher Dracula, qui n’aurait du rester que ce mal impalpable apparaissant aussi furtivement qu’il tue. S’éloigner le plus possible du jump scare aurait été dès lors judicieux pour provoquer un véritable malaise mais l’équipe créative en a décidé autrement à mi-parcours, ce qui est dommage. Heureusement, André Øvredal tente de palier à la faiblesse de l’écriture en donnant du corps à sa réalisation qui, durant certaines séquences, fait doucement grimper la tension – bien aidé par la composition de Bear McCready, qui fait illusion. Hélas malgré ces quelques efforts, nous sommes loin de se laisser bercer sur les flots de l’horreur, ce qui est quelque peu rageant car cette proposition aurait pu s’avérer réellement réussie, le potentiel était là en début de voyage.
Faisant de son mieux pour ne pas sombrer, André Øvredal se retrouve tel un capitaine sans boussole avec Le Dernier Voyage du Demeter, tentative maladroite de surfer sur la mythologie de Dracula prenant l’eau scénaristiquement parlant et ce en dépit de quelques coups d’éclats.Si elle n’est pas catastrophique, cette traversée est tout de même loin d’être réjouissante, l’ennui pointant à l’horizon alors que l’on attendait de l’effroi.