Cinq ans après après avoir conquis le public et la critique, avec à la clé l’Oscar du Meilleur Film d’Animation, Spider-Man : New Generation se pare finalement d’une suite, sous-titrée Across The Spider-Verse. Mise en scène par le trio Joaquim Dos Santos, Kemp Powers, Justin Thompson, celle-ci marque le point de départ d’un diptyque parachevant le périple de Miles Morales au sein du Multivers…

En tissant finalement sa toile vers le monde de l’animation sur grand écran, Spider-Man aura mis tout le monde d’accord, New Generation ayant bénéficié d’un excellent bouche à oreille de la profession et du public – avec comme récompense ultime un Oscar. De quoi donner des ailes à Sony Pictures qui s’en est tiré avec les honneurs, faisant oublier un instant ses décisions chaotiques concernant le Spider-Verse consacré aux ennemis de notre héros arachnéen. Un engouement pour les aventures de Miles Morales qui nous amène, cinq ans plus tard, à l’arrivée d’une suite dans les salles obscures.

Ayant mis la barre haute dès leur galop d’essai dans l’univers du tisseur, Phil Lord et Chris Miller (à l’origine du projet en tant que producteurs et scénaristes) avait fort à faire pour que la magie opère une nouvelle fois. S’entourant désormais de Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin Thompson à la réalisation, le tandem s’est lancé dans un pari ambitieux, leur but étant de proposer un diptyque repoussant les limites de leur concept avec une exploration en règle du Multivers. Sauf que depuis le premier opus, Marvel Studios ainsi que DC Comics se sont également engouffrés dans ce champ de tous les possibles, à des échelles plus ou moins importantes. Ainsi, depuis 2021, se sont enchaînés Spider-Man : No Way Home, Doctor Strange in the Multiverse of Madness ou encore The Flash, ce qui n’est que le sommet de l’iceberg – surtout concernant le MCU, qui dédie ses Phases Cinq et Six à ‘The Multiverse Saga’. Nous ne sommes donc qu’aux prémices d’un acte censé tenir en haleine les spectateurs au minimum deux ans, laissant surtout craindre l’arrivée d’un phénomène de lassitude.

Fort heureusement pour notre équipe créative ici aux affaires, le domaine de l’animation décuple leur imagination, comme en témoigne Spider-Man : Across The Spider-Verse, qui met les bouchées doubles pour en mettre plein la vue tout en continuant de creuser avec cohérence ses thématiques phares. La question de l’identité prend de ce fait une place primordiale dans ce second volet, qui met Miles Morales face aux responsabilités incombant aux super-héros de sa trempe. Passée une quête initiatique aux côtés de ses Spider-camarades, notre protagoniste se retrouve à la croisée des destins, devant accepter la voie se traçant devant lui, aussi périlleuse et tragique soit-elle. En dépit de sa qualité de ‘première partie’, l’intrigue tissée par Phil Lord, Chris Miller et leur coscénariste Dave Callaham parvient à surmonter la majorité des obstacles se mettant en travers de son chemin, faisant progressivement grimper les enjeux tout en n’oubliant pas la fibre émotionnel qui faisait le charme de son prédécesseur.

Ne manquant pas de cœur, cette suite a la bonne idée de donner de l’épaisseur au duo formé par Miles et Gwen Stacy, sa trajectoire personnelle offrant une belle caisse de résonnance à celle de son ami en appuyant la réflexion sur l’acceptation de soi ainsi que sur le poids inhérent au regard des autres. Virevoltant sur un échiquier des plus vastes, chacun arrive à l’heure des choix alors que des menaces multiverselles modifie leur perception du monde. Entre un ennemi plus coriace que prévu (sortir du placard la Tâche se révèle être un choix pertinent) et l’émergence de la Spider-Society, la partie se corse à mi-parcours pour mieux préciser les enjeux. Même si le fan service se fait plus présent dans le dernier acte, cela ne se fait pas au détriment de l’histoire, ce qui est louable. Il est sûr que pour le moment, parmi la flopée d’hommes et de femmes araignées se présentant aux spectateurs beaucoup font de la figuration – servant avant tout une séquence survitaminée du plus bel effet. Certains se démarquent tout de même à l’image des charismatiques Miguel O’Hara (Spider-Man 2099) ou Hobie Brown (Spider-Punk), qui ajoutent leur grain de sel à l’ensemble.

Diptyque oblige, nos scénaristes en gardent sous le pied pour l’avenir, en l’occurrence Beyond The Spider-Verse mais cela ne l’es empêche pas de nous réserver plein de surprises avec un premier chapitre des plus solides. Surtout visuellement, le voyage proposé étant un délice pour la rétine. Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin Thompson s’en sortent haut la main, reprenant le style adopté par leurs prédécesseurs (Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman) pour l’amener à un niveau encore plus haut avec une mise en scène sublime. Les mondes traversés ont leur identité propre – on pense notamment au verdoyant Mumbattan – l’aspect comic book se renforce et les scènes d’action gagnent en fluidité. Par contre, dommage que cette volonté d’excellence se fasse au détriment des équipes en charge de l’animation, qui ont récemment fait part de la production éreintante du film dans les colonnes du site américain Vulture. Pour le grand final, Sony Pictures devra relâcher la pression sur les artistes, ce qui va être le cas maintenant que les problèmes côté coulisses ont été exposés au grand jour.

Quoiqu’il en soit, Spider-Man : Across The Spider-Verse est un divertissement de premier ordre dans l’univers super-héroïque, mettant la pâtée à la majorité des productions du genre apparues dernièrement dans les salles obscures. Les pièces s’assemblent avec précision, n’annonçant que du bon pour la suite, surtout concernant la dimension dramatique de Spider-Man – qui reste une constante pour tous ceux qui porte ce titre. Miles Morales et Gwen Stacy entrent définitivement dans la cour des grands.

© Sony Pictures Animation

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