[Critique] The Flash, courir dans le vide
Quelques mois seulement après Shazam ! La Rage des Dieux, le DC Extended Universe poursuit son bonhomme de chemin avec The Flash, un opus se voulant fondamental à l’approche du […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Quelques mois seulement après Shazam ! La Rage des Dieux, le DC Extended Universe poursuit son bonhomme de chemin avec The Flash, un opus se voulant fondamental à l’approche du […]
Quelques mois seulement après Shazam ! La Rage des Dieux, le DC Extended Universe poursuit son bonhomme de chemin avec The Flash, un opus se voulant fondamental à l’approche du remaniement de la franchise partagée. Réalisé par Andy Muschietti, ce film solo consacré à Barry Allen comprend au casting Ezra Miller, Sasha Calle, Kiersey Clemons, Maribel Verdú, Ron Livingston, Michael Shannon, Ben Affleck ou encore Michael Keaton et nous fait suivre notre héros alors qu’il s’apprête à bousculer le continuun espace-temps…
Alors que l’univers cinématographique DC est en pleine période de transition, Andy Muschietti se retrouve aux manettes d’un projet pour le moins casse-gueule avec The Flash, dont le but est de bousculer l’ordre établi de cette franchise interconnectée initiée il y a de cela une décennie avec Man of Steel en se servant de Barry Allen pour évoquer le passé, le présent et le futur de la Distinguée Concurrence sur grand écran.
Il est vrai qu’en dépit de sa super-vitesse, le bolide écarlate en aura mis du temps pour briller au cinéma, son aventure en solo étant synonyme de parcours du combattant entre la valse des réalisateurs, les problèmes inhérents à la trajectoire du DCEU – qui s’est éparpillée dans tous les sens en coulisses – ainsi que les frasques de son interprète principal. Tant d’obstacles qui ont fait de The Flash une arlésienne, sa sortie ayant été maintes fois compromise. Son arrivée vers les salles obscures s’apparente dès lors à un miracle mais malheureusement à la vue du résultat, on peut se demander s’il n’aurait pas été mieux de conserver le long-métrage au placard. En effet, difficile pour Andy Muschietti d’avoir les moyens de ses ambitions, ce dernier se retrouvant aux manettes d’une superproduction synonyme de bordel organisé, ne sachant plus à quel saint se vouer en partant littéralement dans tous les sens dans une certaine anarchie.
En reprenant les ficelles propres au Flashpoint, événement crucial dans la mythologie DC Comics, l’équipe créative dresse le bilan d’une décennie pour le moins mouvementée, les débuts encourageants de Man of Steel ayant vite laissé place au chaos aussi bien à m’écran que côtés coulisses. Une instabilité se retrouvant dans chaque pore du long-métrage, le sac de nœuds (ou le plat de spaghettis c’est au choix) qu’est devenu le DCEU ne pouvant que déboucher sur un joyeux bordel. Sur ce point là, on en a pour notre argent, les mésaventures de Barry Allen ouvrant la porte au délire du multivers, à la mode actuellement dans le genre super-héroïque. Mais comme dans le monde du neuvième art, pour que la qualité soit au rendez-vous, il faut que l’écriture suive, la valse des caméos devant avoir un réel but et ne pas se contenter du fan service pur et simple au mépris de la logique et de la cohérence. Ce qui n’est pas le cas ici.
N’ayant réellement eu que Justice League pour se mettre en jambes (sa présence dans Batman vs Superman et Suicide Squad n’étant que sporadique), notre protagoniste se retrouve plongé dans une intrigue qui ne le met pas réellement en valeur, sa trajectoire personnelle étant parasité par la volonté du studio de tirer un trait sur le passé avant de partir sur de nouvelles bases. En dépit des quelques efforts pour que la tragédie intime de Flash ait un poids émotionnel conséquent, on ne peut que constater que Warner Bros. va trop vite en besogne (ce qui est ironique étant donné les capacités du personnage) et cherche à englober trop d’éléments en un coup, énième preuve d’un réel manque de vision sur le long terme – surtout depuis le départ de Zack Snyder de l’écurie. Peu aidé par un scénario fourre-tout, Christina Hodson mixant les miettes des scripts imaginés par Joby Jarold puis le tandem John Francis Daley/Jonathan Goldstein, le blockbuster prend alors des allures d’attraction de fête foraine, vrillant aléatoirement de haut en bas, de gauche à droite, quitte à donner la nausée au spectateur.
Le douloureux souvenir du meurtre de sa mère se rappelant à lui lors du dernier procès en appel de son paternel, accusé à tort de cette tragédie, Barry Allen se retrouve confronté à un dilemme moral. N’écoutant que son cœur, le speedster bouleverse la réalité le temps d’une course vers le passé, entraînant une situation de crise inédite. Débarquant dans une timeline connexe, ce dernier va devoir composer avec une version alternative de lui-même pour essayer de réparer le continuum espace-temps qu’il a brisé. Quand le spectre de Zod (re)fait son apparition, aller chercher de l’aide chez les camarades de la Justice League paraît être la meilleure des solutions. Dis comme ça, l’idée pouvait paraître alléchante mais Andy Muschietti et sa scénariste s’embourbe dans une galère sans nom d’où personne ne ressort grandit. Si Ezra Miller fait le job en se dédoublant, il doit composer avec des éléments grotesques à l’image des bêtises de Barry #2, qui nous rappellent que l’humour et les super-héros cela fait rarement bon ménage, surtout quand les vannes sont au ras des pâquerettes (ou plutôt en-dessous de la ceinture).
Cette idée de contrebalancer la dramaturgie par de la comédie ne fonctionne que si le dosage est équilibré et que l’on ne sombre pas dans la gaudriole – ce qui arrive trop souvent. Autre fausse bonne idée, sortir la carte du Flashpoint pour attirer le chaland dans les salles obscures, sans réellement creuser cette notion en dehors de l’accumulation d’apparitions surprises. Revoir Ben Affleck mais surtout Michael Keaton dans le costume de Batman est sympathique mais cela n’apporte rien au récit, hormis des séquences d’action et des clins d’œil appuyés. Pire encore pour Michael Shannon qui rempile pour quatre pauvre répliques, le reste n’étant que des passages où les CGI le remplace. Et que dire de la pauvre Sasha Calle, qui fait ses débuts en tant que Kara Zor-El (alias Supergirl) sans avoir l’espace nécessaire pour faire ses preuves. La cousine de Superman avait clairement du potentiel et l’actrice s’en tire bien mais là aussi, il aurait fallu une meilleure architecture en terme de scénario pour que celle-ci se démarque réellement.
En dépit de bonnes idées ci-et-là, The Flash est plombé par l’indigence générale se dégageant de ce gloubi-boulga multiversique, qui se perd dans un dernier acte brouillon et atroce visuellement parlant. Comment accepter de tels effets-spéciaux en 2023 ? Que se passe t-il chez DC et Marvel pour que le rendu de leurs récentes productions soit si bâclé ? Dès les premières minutes Andy Muschietti nous agresse la rétine avec une séquence de sauvetage gênante et faire pire lors de l’affrontement final, où l’impression de revenir au début des années 2000 en terme de réalisation se fait pressante. Le résultat est clairement hideux en fin de course, avec des choix créatifs plus que douteux (des caméos feront également parler d’eux). Bref, le calvaire du DCEU se poursuit dans la joie et la bonne humeur, ce qui est assez rageant car le gâchis est immense. Il y avait tellement de possibilités de redresser la barre et pourtant les mauvaises décisions s’enchaînent. Ce qui devait être la célébration d’un univers se révèle bien triste. Le futur reboot chapeauté par James Gunn et Peter Safran parviendra t-il à changer la donne ? Rien n’est moins sûr car à force de changer de direction, le public se lasse. D’ici là, il nous reste à découvrir Blue Beetle et la suite d’Aquaman.
Aux manettes d’un projet casse-gueule, Andy Muschietti ne peut faire de miracle, The Flash s’apparentant pour le réalisateur à courir dans le vide, le chaos propre au DCEU ne pouvant être corrigé en l’espace d’un film fourre-tout.