Deux ans après son neuvième opus, la franchise Fast & Furious se dirige de nouveau en direction des salles obscures pour célébrer une étape charnière de son histoire. Réalisé par Louis Leterrier et marquant l’entrée en scène de Jason Momoa, Brie Larson, Alan Ritchson ou encore Rita Moreno au sein du casting XXL mené par Vin Diesel, ce dixième chapitre marque en effet le début de la fin pour la vrombissante machine d’Universal Pictures, mettant en place les pièces devant nous amener à sa conclusion – avec l’émergence d’un ennemi de taille pour Dominic Toretto et sa famille de cœur.

Depuis maintenant deux décennies, Fast & Furious trace sa route dans le milieu du septième art avec une certaine assurance, ayant su passer outre les déviations et nids de poule qui se dressaient sur l’asphalte. En bifurquant vers le blockbuster ‘bigger than life’, à partir du cinquième épisode, la saga aura su s’épanouir en ne se prenant plus la tête, fonçant tête baissée sur l’autoroute du divertissement décomplexé – une recette faisant mouche sur le public.

En se partageant entres morceaux de bravoures défiant la logique et intrigues capillotractées, l’équipe créative ne se refuse rien, ce qui a permis au public de voir une armada de voitures ‘zombies’ déferler vers nos as ou encore d’assister au décollage d’une fusée pour le moins particulière – à quatre roues – pour détruire un satellite. Une formule dont nous connaissons les rouages par cœur désormais, ce qui fait que l’on se déplace en salles en connaissance de cause. Il fût un temps où ce rutilant gloubi-boulga restait plaisant à découvrir, fourmillant d’idées dépassant l’entendement et mettant à l’épreuve la suspension consentie de l’incrédulité du spectateur. Mais depuis le septième épisode, qui faisait office de point culminant, la saga s’est embourbé sur son propre terrain, ne parvenant plus à se renouveler. Est-ce que l’approche de cette fameuse dernière ligne droite et l’arrivée de Louis Leterrier derrière la caméra ont réussi à apporter un semblant de vent de fraîcheur ?

Disons plutôt que ce premier tour de piste d’une course en deux actes (ou trois selon les dires de ce cher Vin, qui ne veut absolument pas se ranger des voitures) fait souffler une légère brise mais ne peut faire de miracles à cause de son cahier des charges surchargé. Sous la houlette du cinéaste français, qui a pris au pied levé la relève de Justin Lin – parti au début du tournage – Fast X nous amène sur la voie d’une vendetta où tous les coups sont permis pour détruire l’adversaire, en l’occurrence Dominic Toretto, qui se retrouve une fois n’est pas coutume dans l’œil du cyclone. Après Shaw, après son frangin Jakob, notre héros sans peur et sans reproches doit à nouveau subir le courroux d’une personne à laquelle il est directement ou indirectement lié à savoir Dante Reyes (de quoi convoquer le souvenir du cinquième épisode). Une carte sortie bien trop souvent par les scénaristes, tout comme celle de la résurrection.

La mort n’a plus d’incidence dans l’univers de Fast & Furious et cela est bien dommage car cela enlève toute possibilité d’impact émotionnel. D’autant plus lorsque l’on tente de nous faire croire que le sort de plusieurs personnages est dans la balance. De Rome à Rio se met en place vengeance en bonne et due forme, destinée à nous faire craindre pour la familia à gros coup de sabots et avec un cliffhanger censé nous tenir en haleine. Si le script concocté par Dan Mazeau et Justin essaye de créer un sentiment d’urgence, il est dommage que ceux-ci se reposent sur des ficelles usées jusqu’à la moelle. Car dans le fond, ce cabotin de Dante a de la suite dans les idées pour torturer Dom et fracturer son cercle intime, ce qui en fait un bon antagoniste pour la franchise. Son plan est des plus simples mais le bonhomme se donne à fond pour tout faire péter et déstabiliser notre monolithique as du volant, toujours prêt à toutes les cascades pour sauver la veuve et l’orphelin. De quoi permettre un minimum de divertissement.

Après deux épisodes où l’on frisait le ridicule dans un sérieux confondant, le tandem de scénaristes se rappellent de foncer sur l’autoroute du grand n’importe quoi mais avec fun. Et pour s’y faire ont laissé Jason Momoa faire ce qu’il voulait, ce qui contre toute attente fonctionne. Dans le rôle du nemesis en roue libre, l’acteur s’éclate et cela se ressent à l’écran. En se démarquant dans cet océan de conneries, Aquaman se révèle être l’attraction principale du film. Quant au reste du casting, peu sortent du lot car à cause de rameuter de plus en plus de monde, l’espace est saturé. Surtout quant tout tourne autour de Vin Diesel. Ses compagnons de route n’ont jamais autant paru inutiles et il est temps que le ménage soit fait mais nous savons pertinemment que ce ne sera jamais le cas. Nous verrons comment les équipes se sortiront de ce guêpier dans le futur, ce baroud d’honneur ne faisant que commencer. Quoiqu’il en soit, Louis Leterrier essaye de s’engager avec style sur l’autoroute de la vengeance avec style, faisant virevolter sa caméra dans tous les sens mais doit malheureusement composer avec des effets spéciaux brûlant parfois la rétine, ce qui est quelque peu révoltant dans un blockbuster d’un tel acabit (avec un budget de 340M$ au compteur).

Avec Fast X, Louis Leterrier intègre la famille Fast & Furious et tente d’apporter un minimum de pep’s à une franchise en roue libre depuis (trop) longtemps. En résulte une énième quête vengeresse, initiant un chemin de croix pour Dominic Toretto, que l’on espère plus croustillant à l’avenir. Les pions sont placés, il n’y a plus qu’à voir si la barre va être redressée par la suite.

Universal Pictures

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