Disparue des radars depuis plus d’une décennie, la saga Shrek se rappelle à notre bon souvenir avec la mise en avant de l’un de ses principaux artisans, Le Chat Potté, qui a ici le droit à un deuxième spin-off. Sous-titrée La Dernière Quête, cette nouvelle aventure en solo, mise en scène par Joel Crawford (Les Croods 2 : Nouvelle Ère) voit notre matou arriver à une étape cruciale de son existence alors qu’il a épuisé huit de ses neuf vies…

Ayant connu des hauts et des bas depuis ses débuts, le studio Dreamworks a toujours su retomber sur ses pattes, n’hésitant pas à changer son cahier des charges dans le but de (re)conquérir son public. Preuve en est, la tentative de renouveau établie l’année dernière avec Les Bad Guys, annonciatrice d’une phase créative non dénuée de potentiel, trouvant aujourd’hui sa raison d’être avec Le Chat Potté 2 : La Dernière Quête, qui allie direction artistique aux petits oignons et récit inventif pour remettre en selle comme il se doit le plus intrépides des matous du cinéma d’animation.

Aux abonnés absentes sur grand écran depuis maintenant douze ans, la franchise Shrek n’a jamais véritablement disparue, l’intérim ayant été assurée par ce cher Potté, qui a affuté sa fine lame sur Netflix le temps d’une série, qui aura duré six saisons. Quoi de plus logique alors que ce dernier soit la figure de proue de cette résurgence, bouclant ainsi cette parenthèse suspendue sur un gros coup, à savoir une seconde aventure dérivée en bonne et due forme. Confiée à Joel Crawford, qui a fait ses armes sur Les Croods, cette tâche était l’occasion de montrer que l’univers en avait assez sous le pied pour reprendre du poil de la bête. Ce qui est justement le cas, ce second volet parvenant à embrasser une voie lui convenant à merveille, permettant de jongler entre légèreté et sensibilité.

Car oui derrière son attitude désinvolte, notre intrépide héros a un petit cœur qui bat, ce que nous démontre l’épopée orchestrée par Paul Fisher, Tommy Swerdlow, Tom Wheeler et Christopher Meledandri, qui permet de révéler le chat se cachant derrière la façade du justicier. Pour s’y faire, le quatuor de scénaristes reprennent des ingrédients phares de la saga, s’amusant à dépoussiérer la mythologie propre aux contes pour la réactualiser – sous le prisme de la culture populaire – afin d’alimenter une intrigue parlant à la fois aux enfants et aux adultes. Un double niveau de lecture qui a fait le charme de Shrek (les deux premiers opus avant tout) et que l’on retrouve ici sans que le trait ne soit forcé, la sauce concocté par l’équipe ayant du liant et ne manquant pas de goût. On se surprend ainsi à se laisser facilement porté par les mésaventures de Potté, qui se retrouve dans une position pour le moins critique.

Faisant fi du danger, celui-ci a malheureusement épuisé son stock de vies à disposition et de neuf, le compteur est tombé à un. Un élément pour le moins perturbateur, allumant la mèche d’une quête de la dernière chance synonyme de feu d’artifices, partant à vive allure dans toutes les directions dans un joyeux bordel de toute beauté. Un voyage coloré et mouvementé s’initie tandis que notre principal protagoniste est à la croisée des destins, son salut face à un sort funeste étant de mettre la patte sur l’Etoile de l’Ultime Souhait, artéfact magique providentiel pouvant changer la donne. Une mission cruciale mettant celui que l’on pensait sans peur et sans reproches face à son statut de simple mortel, ce qui fait le sel de cette suite. Si les péripéties et les gags s’enchaînent à un bon rythme et donne le tempo d’une course folle, un effet agrémenté par le nombre de participants sur la ligne de départ, de Kitty Pattes de Velours à Boucle d’Or en passant par Jack Horner et Perrito – un corniaud naïf et idéaliste, qui en fera craquer plus d’un – notons que le long-métrage se plaît également à partir sur un terrain plus sombre.

En abordant la thématique de la mort, menace tangible personnifiée dans ce cas précis Le Grand Méchant Loup, Le Chat Potté 2 : La Dernière Quête prend une saveur particulière et gagne en profondeur, grâce au soin porté à l’écriture ainsi qu’à la réalisation, qui se rejoignent pour noircir un tableau riche en nuances pailletées et instiller une atmosphère lugubre, donnant du relief à cette aventure tout feu tout poil. Au milieu de ce délire pop, une réflexion s’initie sur l’existence, ses joies, ses peines, un sentimentalisme traité avec un certain tact, résonnant différemment à travers le regard d’un enfant ou d’un adulte. La vie de Potté ne tient qu’à un fil et le scénario joue habilement avec ce spectre de la grande faucheuse, aux dents acérées. Une tension qui se transmet dans le mise en scène de Joel Crawford, inventive grâce à ce mélange entre animation 2D et 3D, flirtant avec le cartoon lorsque l’action est au programme. La direction artistique adoptée depuis Les Bad Guys (Spider-Man : New Generation a fait des émules, tant mieux !) change réellement la donne en terme de photographie et de réalisation, l’animation s’en voyant dynamitée niveau fluidité.

Un nouveau chapitre s’ouvre pour Dreamworks, qui repart sur des bases solides en sortant du placard avec succès le Chat Potté. Le studio peut désormais se diriger vers Fort Fort Lointain pour peaufiner le retour en grandes pompes de Shrek, qui pourrait retrouver un second souffle s’il suit ce modèle des plus efficaces.

© Dreamworks

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