Ce 23 novembre, sort en DVD et Blu-ray La Nuit du 12, le septième long-métrage de Dominik Moll, comprenant au casting Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Théo Cholbi, Johann Dionnet, Thibault Evrard, Julien Frison, Paul Jeanson, Mouna Soualem ou encore Pauline Serieys. Se basant sur le livre de Pauline Guéna intitulé 18.3 – une année à la PJ, le long-métrage suit l’enquête d’une équipe de la police judiciaire devant résoudre le crime entourant une jeune fille brûlée vive…

Il y a des succès qui ne trompent pas. Sorti cet été dans un nombre limité de salles, La Nuit du 12 a su trouver son public en ne relâchant jamais ses efforts. Bénéficiant d’un excellent bouche-à-oreille, cette immersion au sein de la PJ de Grenoble a susciter un certain intérêt de la part des spectateurs, étant encore à l’affiche dans certaines salles et ce quatre mois après le début de sa carrière – avec un box office s’élevant à 490 483 entrées (il en avait obtenu 96 667 lors de sa première semaine d’exploitation). Débarquant aujourd’hui en vidéo, ce thriller froid et clinique démontre une fois de plus du talent de Dominik Moll pour instaurer une atmosphère et happer son auditoire grâce à une mise en scène au cordeau ainsi qu’une écriture précise. Un alliage permettant de se sentir impliqué dans cette enquête impliquant un féminicide sordide, dont la résolution va s’apparenter à un long et sinueux chemin de croix.

Même s’ils ne se concentrent que sur une infime partie de l’ouvrage fleuve de Pauline Guéna, qui témoigne d’une minutieuse année de travail au sein de la PJ, le réalisateur et son coscénariste Gilles Marchand (qui travaillent de concert depuis Harry, un ami qui vous veut du bien) captent toute la complexité du métier, où garder un minimum de distance face aux bassesses de l’être humain est une tâche ardue dans un quotidien marqué par les drames, la détresse. Un contexte difficile qui devient pourtant une routine dans un monde sans cesse confronté à la violence, d’autant plus lorsque les affaires se succèdent et mènent droit dans le mur. Car là réside toute la force de La Nuit du 12, dans cette autopsie d’une société paraissant désabusée, où l’humain est mis à rude épreuve. Un constat amer se retrouvant dans l’enquête hantant l’esprit de nos personnages, le meurtre de la jeune Clara, immolée par un inconnu en pleine alors qu’elle rentrait chez elle. Le point de départ incandescent d’une affaire synonyme d’impasse pour les policiers en charge du dossier, indices et témoignages n’aidant pas à éclaircir le sombre tableau s’étant dessiné devant leurs yeux.

En choisissant une approche quasi-documentaire, Dominik Moll prend le parti de l’humain, restant à hauteur d’homme pour dénouer ce sac de nœuds, qui n’a aucunement besoin d’effets dramatiques pour susciter l’indignation, l’interrogation. La distance de la mise en scène se conjugue à une direction d’acteurs de premier ordre, la performance du casting – en particulier Bastien Bouillon et Bouli Lanners, impeccables en flics tentant de tenir le cap malgré les revers – donnant la puissance nécessaire pour que l’intrigue se tende d’elle-même. La détresse et l’incompréhension des proches couplée à la détermination des enquêteurs vont avancer La Nuit du 12 vers une route étroite, dont on ne distingue pas l’horizon. Alors que tous cherchent des réponses, celles-ci ne viennent pas naturellement à eux, chaque pièce du puzzle ne faisant que flouter les certitudes. De cette impression de tourner en rond, qui prend une forme littérale dans les séquences mettant en scène le commissaire Yohan dans ses sessions de vélo sur piste, naît le trouble dans lequel chacun se laisse absorber. Un sentiment d’impuissance donnant toute sa force au long-métrage, alors que le meurtre paraît insoluble et que nos protagonistes se démènent dans le vide. Comme le rappelle justement en introduction le cinéaste, près de 20% des crimes ne sont jamais résolus, ce qui est édifiant.

S’épanouissant dans son domaine de prédilection, le thriller, Dominik Moll livre un examen clinique d’une douloureuse enquête avec La Nuit du 12, déambulation dans les arcanes de la police judiciaire maitrisée de A à Z – sachant ménager son suspense pour mieux nous laisser pantois devant cette sordide affaire qui s’obstine à ne pas révéler ses mystères. Assurément l’un des meilleurs crus français de l’année pour le genre.

© Haut et Court

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