Passée la parenthèse The Batman, le DC Extended Universe reprend son cours avec Black Adam, qui élargit la mythologie de la Distinguée Concurrence avec l’introduction du anti-héros éponyme. Réalisé par Jaume Collet-Serra, cet opus porté par Dwayne Johnson comprend au casting Pierce Brosnan, Noah Centineo, Aldis Hodge, Quintessa Swindell, Sarah Shahi, Marwan Kenzari ou encore Bodhi Sabongui et nous emmène en direction du royaume de Kahndaq, où un être divin ayant autrefois basculé du mauvais côté se voit libéré de sa tombe terrestre…

Projet soutenu depuis des années par Dwayne Johnson, qui rêvait d’incarner ce personnage trouble au cinéma, Black Adam marque la seconde collaboration entre l’es deux hommes’acteur et Jaume Collet-Serra après Jungle Cruise. Ensemble, ils ont travaillé de concert pour que prenne vie ce film dérivé de Shazam!, servant de tremplin à l’un de ses ennemis, avec à la clé un blockbuster calibré pour mettre à l’honneur sa tête d’affiche – qui prend un malin plaisir à tout détruire sur son passage.

En cherchant à mettre en lumière une figure trouble de l’écurie DC Comics, l’idée de départ était donc de proposer une aventure moins manichéenne qu’attendue, avec la volonté d’accentuer un tantinet le curseur sur la violence, le personnage étant connu pour sa radicalité (une caractéristique qui s’est estompée depuis sa création en 1945). Hélas, pour ne pas sortir du cadre dans lequel il s’est dernièrement enfermé, Dwayne Johnson se contente du minimum syndical en préférant rester dans les clous du divertissement super-héroïque familial, empêchant au réalisateur de lorgner vers le côté gore du The Suicide Squad de James Gunn. Certes les coups pleuvent, mais en décidant de lisser les aspérités de Black Adam, le résultat est des plus génériques, ne permettant aucunement au long-métrage de se démarquer dans le paysage actuel. En clair, nous sommes en terrain connu, où effets spéciaux viennent apporter la dose nécessaire de divertissement, un artifice permettant de gommer les défauts d’un scénario qui ronronne.

De héros à vilain, il n’y a qu’un pas, un constat se vérifiant pour notre protagoniste, débarquant dans un monde dont il ne maîtrise plus les codes. Ainsi au programme de cet origin-story se dessine l’histoire d’un passage vers le côté obscur de la force, celle de Teth-Adam, dont le rôle protecteur du royaume de Kahndaq fût terni par ses actions indignes du conseil des sorciers – impliquant son emprisonnement. Libéré de son tombeau des millénaires après sa disgrâce, notre homme aux pouvoirs divins se retrouve au beau milieu d’un conflit entre un obscur groupuscule et des résistants, se battant pour la liberté et l’autonomie de leur territoire, qui n’a plus de champion pour maintenir l’équilibre. Le point de départ d’un réveil compliqué pour l’anti-héros, qui est constamment pris entre deux feux, devant trouver sa voie face aux multiples pistes s’offrant à lui, dans la cacophonie la plus totale, que l’on doit à un scénario brouillon de la part d’Adam Sztykiel, Rory Haines et Sohrab Noshirvani.

Une balade en zone grise, dont le chemin ne manque pas d’obstacles, entre la quête d’un McGuffin surnaturel et l’affrontement avec la Justice Society of America, qui font ici figure de boussole morale, indiquant le nord selon les exactions de Black Adam. L’apparition de Hawkman, Dr. Fate, Cyclone et Atom Smasher dans l’équation aide à donner un semblant de souffle à l’intrigue, l’équipe ne manquant pas d’atouts à commencer par Aldis Hodge et Pierce Brosnan, deux leaders parvenant à ne pas être éclipsés par un Dwayne Johnson omniprésent, donnant lieu à des prises de tête un minimum intéressantes à suivre. De quoi aider à rester éveillé face à ce blockbuster qui coche les cases du produit super-héroïque type, avec en prime quelques traits d’hmour destinés à détendre l’atmosphère, ce qui ne réussit plus à Marvel Studios et ne fonctionne pas chez DC.

En attendant que Teth-Adam trouve inéluctablement la route l’amenant vers une direction plus lumineuse, Jaume Collet-Serra ne peut compter que sur l’action pour en mettre plein la vue et se repose sur ses séquences de bravoures pour embarquer le public. Peu aidé par des effets visuels qui ne font pas toujours l’unanimité, le cinéaste se débrouille comme il peut. On part dans tous les sens mais sur grand écran, l’illusion fonctionne de temps à autres. Si sa scène post-générique tente de nous démontrer qu’une nouvelle trajectoire s’esquisse pour le DCEU, des efforts sont encore à fournir pour que la franchise retrouve un réel second souffle. James Gunn et Peter Safran auront du pain sur la planche avec leur feuille de route devant faire redémarrer la machine pour au moins une décennie.

Avec Black Adam, Jaume Collet-Serra et Dwayne Johnson unissent leur forces pour proposer un blockbuster super-héroïque naviguant en eaux troubles mais échouent à sortir du carcan du genre, se contentant du minimum syndical. En résulte un film ni bon ni mauvais, qui sent malheureusement le déjà-vu.

© Warner Bros.

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