Un an à peine après La Croisade, Louis Garrel nous présente sa nouvelle réalisation, L’Innocent, dans laquelle il partage le haut de l’affiche avec Roschdy Zem, Anouk Grinberg, Noémie Merlant ou encore Jean-Claude Pautot. Au programme du long-métrage, le parcours d’un fils s’inquiétant pour sa mère, qui s’apprête à épouser un homme rencontré en prison…

Prenant progressivement confiance en lui derrière la caméra, Louis Garrel lâche la bride et élargit ses horizons en s’aventurant dans le domaine de la comédie pour son quatrième film, ce qui lui réussit. Prenant un réel plaisir à sortir de sa zone de confort, le cinéaste s’offre une parenthèse enchantée avec L’Innocent, jeu de dupes oscillant entre tendresse et burlesque se révélant être une bulle de légèreté rafraichissante dans le paysage actuel.

Populaire, dans le sens noble du terme, cette proposition cinématographique convainc par son sens du timing, cherchant à amuser la galerie avec raffinement, privilégiant la folie douce à la gaudriole pure et simple, pour un résultat qui fait mouche. Ainsi, en oscillant entre intimisme et burlesque, le scénario écrit par le réalisateur, Tanguy Viel et Naïla Guiguet trouve la tonalité adéquate pour remporter l’adhésion, concoctant avec malice une histoire de casse familial qui ne manque ni d’humour ni de cœur. Prenant pour postulat un élément personnel, sa mère Brigitte Sy ayant animé des ateliers de théâtre en milieu carcéral, Louis Garrel tisse une double mise en abyme en évoquant les rapports parents/enfants ainsi que le métier d’acteur, qui prend forme à travers un récit rocambolesque s’imprégnant des codes du genre policier pour nous entraîner du mauvais côté de la loi dans la joie et la bonne humeur.

Lorsque Abel apprend que sa génitrice, la fantasque Sylvie, a trouvé l’amour dans les bras de Michel – un détenu en fin de peine – et s’apprête à l’épouser, ce dernier s’angoisse. Craignant que son nouveau beau-père retombe dans ses travers, le jeune homme se met en tête d’épier les faits et gestes de ce repenti qui partage désormais la vie de sa chère maman, avec l’aide de Clémence sa meilleure amie. De cette suspicion initiale se met en marche un drôle de manège, où nos espions du dimanche vont se retrouver confrontés à la réalité du monde criminel, alors qu’ils cherchent à démasquer ce cher Michel, qui assure vouloir se ranger des voitures et s’épanouir aux côtés de sa femme. Entre vérité et mensonge, la nuance est mince, ce qui profite à L’Innocent qui prend plaisir à entraîner la majorité de nos protagonistes sur la mauvaise pente, avec en ligne de mire un coup fumant pas piqué des hannetons.

Quand Abel et Michel deviennent partenaires de crime, s’amorce un virage vers une route obscure étonnement bien éclairée, Louis Garrel et ses coscénaristes privilégiant la folie douce pour échafauder leur plan, s’adonnant au ‘heist movie’ dans un style enlevé où quiproquos et retournements de situation s’enchaînent à un rythme soutenu. De quoi clôturer en apothéose ce délire, qui donne la part belle à sa distribution – dont l’énergie communicative lui confère un cachet supplémentaire. On ne boude pas notre plaisir devant les exactions de notre quatuor principal (mention particulière à Anouk Grinberg et Noémie Merlant, qui s’éclatent à l’écran), qui forme famille dysfonctionnelle loufoque et humaine sincèrement attachante.

Pour sa quatrième réalisation, Louis Garrel change de registre et réussit son coup, concoctant avec L’Innocent une comédie ne manquant ni d’humour ni de coeur – donnant la part belle à un casting ravi de prendre part à ce casse familial.

© Ad Vitam

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