[Critique] Wild Men, l’homme face à sa nature
Sept ans après The Elite, le réalisateur danois Thomas Daneskov revient derrière la caméra avec Wild Men, qui comprend Rasmus Bjerg, Zaki Youssef, Bjørn Sundquist ou encore Sofie Gråbøl au […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Sept ans après The Elite, le réalisateur danois Thomas Daneskov revient derrière la caméra avec Wild Men, qui comprend Rasmus Bjerg, Zaki Youssef, Bjørn Sundquist ou encore Sofie Gråbøl au […]
Sept ans après The Elite, le réalisateur danois Thomas Daneskov revient derrière la caméra avec Wild Men, qui comprend Rasmus Bjerg, Zaki Youssef, Bjørn Sundquist ou encore Sofie Gråbøl au casting et nous fait suivre un quadragénaire ayant décidé du jour au lendemain de tout quitter pour vivre en ermite à la manière de ses ancêtres…
Prenant le chemin inverse de The Elite, qui enfermait ses personnages pour mieux s’en moquer, Thomas Daneskov s’ouvre à de nouveaux horizons pour son second long-métrage, Wild Men s’amusant à mettre l’Homme face à ses contradictions via un délire caustique tirant sa force des codes du thriller, source d’inspiration pour le moins probante pour le réalisateur, s’aventurant sur un terrain glissant avec une certaine assurance. Pour mener à bien sa réflexion sur les atermoiements de la gente masculine et, plus généralement sur la propension de l’être humain à s’embourber dans des situations qui les dépassent, le cinéaste joue la carte du dépaysement, en mettant en place une quête de retour à la nature – élément propice à l’introspection.
Dans un style pince sans rire bien à lui, qui se dessinait déjà lors de son premier essai, le réalisateur croque les mésaventures d’une galerie de personnages au bord de la rupture, dont les interactions au sein de ces immenses forêts enneigées bordant le Danemark et la Norvège alimentent une fable tragi-comique sur le sens de la vie, où règnent désordre et dérapages en tous genres. Quant un pseudo-ermite rencontre de manière fortuite un simili-trafiquant de drogue, débute alors un voyage initiatique pour le moins inattendu pour les compères d’un jour, se voyant rattrapé par leur passé respectif. Un postulat se reposant tout d’abord sur le concept du buddy-movie avant de prendre la route de la comédie noire, dans une atmosphère glaciale d’où souffle un doux vent d’absurdité, se rapprochant de l’esprit des frères Coen en prenant des virages serrés en terme de tonalité. Ce qui donne un cachet non négligeable au récit déroulé par Daneskov avec l’aide du scénariste Morten Pape, qui se veut un voyage introspectif gentiment absurde, rappelant par ses coups d’éclats de l’instabilité de l’être.
Avec Wild Men se dessine le parcours de Martin, un quadragénaire exilé dans les bois suite à un passage à vide, se mettant en quête d’une existence paisible, loin de ses proches et coupé du monde moderne. Une situation pour le moins cocasse, d’autant plus lorsque cette tentative de déconnexion se traduit par une redécouverte de soi, au gré des obstacles se mettant sur son chemin à commencer par Musa, un jeune délinquant également perdu, se retrouvant par un malheureux concours de circonstance à faire un bout de chemin avec ce compagnon d’infortune. De leur fuite en avant commune, pour des raisons diamétralement opposés, le tandem formé par les excellents Rasmus Bjerg et Zaki Youssef s’engage sur un terrain glissant, d’où il faut descendre la pente pour mieux la remonter. Sous leur regard désabusé, sont croqués certains travers de la société, par le biais d’un humour en deux temps, qui ne manque pas de sel. Entre des flics désorganisés, des truands à la petite semaine, un couple en crise ou encore une communauté viking prônant un mode de vie contraire aux véritables valeurs de ce peuple ancestral, l’hypocrisie d’un univers consumériste où l’égoïsme règne en règle s’expose au grand jour.
Sachant savamment jongler avec les genres qu’il aborde, Thomas Daneskov prend un malin plaisir à pointer ce qui ne tourne pas rond dans ce système qu’est le nôtre, concluant son analyse critique par un dernier acte où la violence s’invite pour mieux remettre en contexte le paradigme humain dans ce monde de brutes. Pour accompagner cette réflexion, le réalisateur met à profit les décors naturels à sa disposition pour perdre ces grands gaillards dans ces immenses étendues boisées, renforçant cette idée de déracinement de l’Homme et de place réelle sur ce plateau qu’est notre chère planète bleue, c’est à dire infime. De quoi renforcer le côté acerbe propre à cette histoire de reconnexion à mère nature.
Avec Wild Men, Thomas Daneskiv confronte l’homme à sa nature instable dans une comédie mordante tirant profit des codes du thriller pour pointer du doigt – avec justesse – les contradictions d’une société déboussolée.