Achevée il y a de cela huit ans – cela ne nous rajeunit pas – How I Met Your Mother a récemment vu son univers s’élargir avec la diffusion sur la plateforme Hulu (Disney + en France) d’une série dérivée, sobrement intitulée…How I Met Your Father. Supervisée par le tandem Isaac Aptaker et Elizabeth Berger, qui a notamment officié sur This Is Us, la sitcom comprend au casting Hilary Duff, Chris Lowell, Francia Raisa, Tom Ainsley, Suraj Sharma, Tien Tran ou encore Kim Cattral au casting. Au programme, la quête existentielle de Sophie (Duff), une photographe se questionnant sur l’amour à une époque où les options de rencontre sont multiples. Notre héroïne et sa bande d’amis marchent ils sur les traces de leurs aînés ou se dirigent-ils vers un tout autre chemin ?

Il en aura fallu du temps pour que 20th Television (ex 20th Century Fox Television) finisse par capitaliser sur la série culte de Carter Bays et Craig Thomas, attendant son arrêt pour mettre en marche un projet de spin-off. Hélas, l’échec fût d’abord au rendez-vous, avec une version portée par Greta Gerwig et Drew Tarver, How I Met Your Dad, qui n’a pas dépassé le stade du pilote.

Un essai infructueux qui n’a pas empêché le studio à retenter l’expérience en 2017, voulant retravailler sa copie avec deux nouveaux scénaristes, Isaac Aptaker et Elizabeth Berger. Malheureusement notre tandem quitte rapidement le navire, venant d’être promu à la tête de la deuxième saison de This Is Us aux côtés de Dan Fogelman. Ce départ n’empêcha pas une troisième tentative avec Alison Bennett (You’re the Worst) aux manettes mais, une fois n’est pas coutume, celle-ci ne mena à rien. Ne désespérant pas, les équipes de 20th Television ont par la suite patiemment attendu que les étoiles s’alignent et ce fût finalement le cas, grâce à la plateforme Hulu – qui a ressorti du placard l’ébauche développée par le duo Aptaker/Berger, qui ont ainsi pu concrétiser cette extension de la mythologie HIMYM, s’orientant vers un concept similaire avec une histoire d’amour et d’amitié racontée par un parent à ses enfants – avec quelques modifications à la clé.

Ted Mosby laisse ainsi son fauteuil à Sophie, qui revient sur sa rencontre avec l’homme qui deviendra son mari et le père de son fils, se remémorant les souvenirs d’un passé ponctué de péripéties en tous genres, la vie étant pleine de surprises. Un postulat quasi identique à son modèle, tentant tout de même de s’y affranchir en redistribuant certaines cartes maitresses avec une Kim Catrall présente en chair et en os pour interpréter notre héroïne principale dans le futur mais surtout un mystère moins nébuleux concernant l’identité du fameux ‘father’ puisque la liste est tout bonnement réduite à un nombre bien défini de candidats, tous présentés dans le pilote. Si le jeu des sept différences se termine aussitôt qu’il a débuté, avec l’idée d’un parcours parallèle à sa grande sœur, How I Met Your Father avait un boulevard pour tenter de prouver sa raison d’être. Sauf qu’avec seulement dix épisodes pour se présenter, la sitcom ne sait pas réellement sur quel pied danser et enchaîne les balbutiements, peinant à trouver ses marques.

Malgré la présence derrière l’écran de piliers de HIMYM, que ce soit Carter et Bays à la production ou Pamela Fryman à la réalisation, le spin-off tourne pendant un petit moment à vide, cherchant à aller plus vite que la musique pour nous intégrer à la nouvelle bande ici présente, sans que la nuance soit au rendez-vous. Les malheurs existentiels de Sophie débutent donc sous de mauvais auspices avec un pilote manquant cruellement de rythme et d’humour, nous introduisant le cercle intime de notre protagoniste au forceps avec une collision imprévue entre deux groupes d’amis, au cours d’une soirée fatidique, menant à la fondation progressive d’un socle commun. Un processus censé nourrir les intrigues développées, avec cette idée de créer petit à petit une homogénéité entre chaque membre de cette galerie de personnages, devant apprendre à coexister et à trouver les grâces du public.

Le spectre était large avec des amitiés bien installées, que ce soit entre Sophie et Valentina de même qu’entre Sid et Jesse – les deux paires de BFF de la formation – ou en devenir avec nos pièces rapportées que sont Charlie, Ellen ou encore Hanna, qui forment le noyau dur du show. Si l’on apprécie qu’en terme de caractérisation, il n’y ait pas de copié-collé avec la série mère, il est par contre dommage de constater que l’alchimie ait du mal à prendre entre tous, un défaut que l’on doit à l’écriture pataude des scénaristes. On ne peut pas dire que le potentiel est aux abonnés absents, les atomes crochus de chacun ou leurs différences ayant de quoi fournir du matériel en terme d’évolution, sauf que la majorité des pistes tracées le sont maladroitement, ce qui n’aide pas à instaurer cette alchimie qui – paradoxalement – fonctionnait dès le départ dans How I Met Your Mother. Les errements personnels des uns et des autres, perdus au milieu de cet inconnu qu’est l’âge adulte – entre difficultés à prendre en main son destin, à trouver le grand amour, à entretenir le flamme dans son couple – sentent le déjà-vu à des kilomètres, avec à la clé peu d’efforts pour sortir des sentiers battus (surtout en terme d’humour). Pourtant le casting n’y est pour rien, la joyeuse troupe menée par Hilary Duff faisant du mieux qu’elle peut pour rehausser le niveau, que ce soit Chris Lowell, Francia Raisa, Tom Ainsley, Suraj Sharma et Tien Tran.

Le principal problème provient du manque de confiance de nos showrunners qui, dans un premier temps, s’évertuent à rester dans les codes et les clichés de la sitcom, sans chercher à s’en moquer et à les distordre. Ce qui créé durant la majeure partie de cette saison inaugurale une sorte de paradoxe puisque si sont évoquées des thématiques actuelles, notamment concernant les relations amoureuses (sont passés en revue utilisation d’applications de rencontres ainsi que de sex-toys), la série paraît datée en se refusant à aller – sans mauvais jeu de mots – au fond des choses. Les péripéties sentimentales et professionnelles de Sophie, Valentina, Sid, Jesse, Charlie et Ellen manquent de ce fait cruellement de saveur, à cause de ce classicisme propre à la plume d’Isaac Aptaker, Elizabeth Berger et leurs auteurs. Ce n’est qu’à l’aube de la conclusion de cette première saison, plus précisément au cours des deux derniers épisodes, que ceux-ci opèrent à un correction de trajectoire, palliant ce manque d’imagination en puisant dans ce qui faisait le charme du vaisseau amiral dont il suive le sillon.

En se rapprochant de la structure narrative utilisé par Carter Bays et Craig Thomas, un semblant de rythme est trouvé, ce qui passe par des clins d’œil appuyés à How I Met Your Mother, avec une linéarité qui se désagrège afin de mieux s’amuser avec les timelines s’entrecroisant mais surtout la présence de figures connus de la mythologie – qui fait fonctionner la nostalgie à plein tube tout en renforçant le lien entre les deux sitcoms. Est-ce la bonne démarche à suivre ? Pour le moment, cela a permis de donner un peu de souffle à How I Met Your Father qui, à défaut de trouver son identité propre, devient en fin de course une passerelle destinée à multiplier les connexions avec son aînée. Comme l’annonce l’ultime épisode de ce premier chapitre, le timing est essentiel, une maxime qui symbolise parfaitement cette saison inaugurale, qui a longuement erré avant de trouver la voie à emprunter. Il faut dire aussi que ce format de seulement dix épisodes est des plus courts, surtout pour une sitcom d’une vingtaine de minutes. Une erreur d’appréciation de la part de la plateforme Hulu, qui a compris le leçon en renouvelant la série pour une deuxième saison…composée de vingt-deux épisodes. De quoi permettre aux showrunners de revoir leur copie et de préciser leurs intentions quant à la marche à suivre.

Si elle n’est pas foncièrement mauvaise, How I Met Your Father peine à réellement convaincre les fans de la série mère de même que les néophytes en ne sachant pas démarrer son histoire. En résulte un premier chapitre brouillon, ne sachant pas quelle direction empruntée pour plaire à son auditoire, malgré quelques bonnes idées disséminées ci et là. Manquant de panache et d’humour, ce spin-off de How I Met Your Mother doit encore faire ses preuves avant d’arriver à la cheville de son modèle et espérer être legen…wait for it…dary.

© Hulu

Laisser un commentaire