Quelques mois seulement après Tromperie, Arnaud Desplechin nous revient déjà avec Frère et Soeur, drame porté par Marion Cotillard, Melvil Poupaud, Golshifteh Farahani, Patrick Timsit et Benjamin Siksou, qui se concentre sur la relation orageuse entre une comédienne et son écrivain de frangin…

Après s’être approprié avec style les mots de Philip Roth, Arnaud Desplechin opère un retour aux sources en s’intéressant de nouveau aux fêlures inhérentes à la cellule familiale, où les relations ne sont jamais au beau fixe. Une constante dans sa filmographie, souvent inspirée de son propre vécu, qui se poursuit donc avec Frère et Soeur, un drame âpre examinant la notion de rejet, rongeant ceux qui y sont confrontés – qu’ils en soient l’émetteur ou le destinataire – à travers un grand-huit émotionnel ne sachant pas comment prendre ses virages pour que vibre la corde sensible des spectateurs.

En résulte une œuvre ouvertement malsaine, tentant de puiser dans la haine et l’amertume de quoi alimenter la réflexion du cinéaste sur l’ambiguïté des liens du cœur. Accompagné de Julie Peyr au scénario, Desplechin nous ressort des cartes déjà posées maintes fois sur la table, ses expériences personnelles servant la plupart du temps de miroir à ses intrigues. Jouant à domicile, c’est à dire à Roubaix, ce dernier s’évertue à démontre de la nocivité de ce poison qu’est l’orgueil, empoisonnant le quotidien d’une sœur et de son frère, à couteaux tirés depuis des années. Une relation conflictuelle impactant leurs proches et déstabilisant l’équilibre de chacun, qui se déchirent la mort dans l’âme. En témoigne une scène d’introduction donnant le ton quant à ce que l’on s’apprête à voir, un règlement de compte au combien théâtral, où le ressentiment sert de mètre étalon, pourrissant tout sur son passage.

Un sujet traité avec une certaine grandiloquence à la fois en terme d’écriture et de direction d’acteurs, renforçant ainsi cette atmosphère malaisante présente d’un bout à l’autre du long-métrage. Difficile donc de se laisser totalement embarquer dans cette guerre fratricide, qui ne repose au final sur rien, les raisons de cette détestation n’étant pas explicitée en profondeur par Arnaud Desplechin, l’essentiel étant ailleurs – dans les éclats de sa distribution. Ne se croisant que lorsque la tragédie frappe à leur porte, Alice et Louis doivent chacun faire face à leur démons lorsque la mort joue encore les troubles fêtes au sein de leur famille. Elle est actrice, lui est poète, tous deux sont habités par la rancœur. Comment passer outre cette répulsion ? Là est le cœur de Frère et Soeur.

Que cela passe par les proches ou eux-mêmes, le chemin vers le pardon s’apparente à un long chemin de croix, le blocage d’Alice et Louis paralysant chaque pilier de la fratrie. Une incapacité à avancer, qui fait quelque fois patiner le scénario qui, pour se dépêtrer d’un faux rythme, tente de provoquer des réactions par le biais des extrapolations de son tandem central. Coups de sang et détresse émotionnelle se veulent alors des éléments perturbateurs destinés à apporter une possible éclaircie dans un ciel orageux mais la partition proposée à Marion Cotillard et Melvil Poupaud est approximative, ce qui se voit à l’écran. Le tandem s’en sort ainsi mieux quand il faut être dans la retenue plutôt que dans l’exagération, les explosions de leur alter-ego respectif pâtissant parfois d’un sur-jeu qui n’aide pas à croire en ce conflit intestin.

Avec Frère et Soeur, Arnaud Desplechin tente de mettre des mots sur ce maux qu’est la haine, pour un drame familial pour le moins particulier, ne sachant pas comment doser ses excès. En résulte une œuvre ambiguë, qui se repose davantage sur la prestation de ses acteurs que sur son écriture, pour un résultat qui ne pourra que diviser selon le ressenti de chacun.

Le Pacte

1 commentaire »

  1. Très belle prestation d’acteurs principaux …mais film obscur et décousu qui renvoie le spectateur à ses questions sans réponses, à un mal être intellectuel qui empêche une adhésion à cette histoire violente'(accident /scènes d’hôpital/ morts/ enterrement /crises névrotiques/menace de suicide ) et mal ficelée! Que viennent faire certains personnages secondaires comme la jeune Roumaine ,sinon éveiller l’espoir (déçu) qu’elle obtienne une confidence.? On nous jette à la figure des cartes diverses, et on nous demande de nous débrouiller avec un jeu pipé. En conclusion, malgré la belle prestation des acteurs, désagréable impression de se sentir idiot, et pas d’effet catharsis, s’identifier à l’un ou l’autre des personnages.restant difficile sinon impossible .

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