Quelques mois seulement après Venom : Let There Be Carnage, le Spider-verse de Sony Pictures poursuit son expansion avec l’arrivée sur les écran de Morbius. Réalisé par Daniel Espinosa (Sécurité Rapprochée, Life : Origine Inconnue) et comprenant au casting Jared Leto, Adria Arjona, Matt Smith, Jared Harris ou encore Tyrese Gibson le long-métrage se concentre sur le personnage du docteur Michael Morbius, brillant scientifique basculant sur la mauvaise pente en essayant de trouver un remède à sa condition physique…

Ne cherchant aucunement à changer une formule qui a fait ses preuves financièrement parlant – malgré des critiques assassines les deux opus de Venom ont su rapporter un bon paquet de billets verts – Sony Pictures se contente une nouvelle fois de peu avec Morbius, qui copie et colle le schéma type du méchant-pas-si-méchant à un autre ennemi de ce cher Spider-Man afin d’attirer le public dans sa toile. Sauf qu’à se moquer des fans avec des produits mercantiles vidés de toute substance, avec en prime de la publicité mensongère, ceux-ci vont finir par se lasser de cette comédie – qui n’a que trop duré.

Tout comme pour notre symbiote Klyntar, l’idée des producteurs n’est pas de proposer un long-métrage tirant profit de la nature des personnages mis en valeur – malgré le potentiel de s’intéresser à ces figures de l’ombre – le but étant de combler le vide en attendant l’arrivée de l’homme-araignée dans l’équation. Créer un Spider-verse sans son principal acteur était déjà un pari risqué, mais si aucun effort n’est fait pour que la galerie d’ennemis présentés ait un minimum d’intérêt, cet univers partagé va droit dans le mur. Kevin Feige doit être soulagé de la distinction entre Marvel Studios et Sony quand on voit le résultat de Morbius, qui tente d’appâter le chaland de la pire des manières, articulant sa promotion sur des faux-semblants. Si vous avez regarder les différentes bandes annonces du film, vous avez sûrement constaté des appels du pied au MCU et à notre héros arachnéen, laissant présager une véritable connexion avec Spider-Man. Sauf que ce procédé s’assimile à du vent, les séquences aperçues étant tout simplement aux abonnés absents – impliquant un charcutage en règle niveau montage.

Comment le pauvre Daniel Espinosa s’est-il retrouvé embarqué dans cette galère ? On se doute que l’aspect horrifique propre à l’histoire de Michael Morbius, brillant scientifique devenant malgré lui un être vampirique, avait de quoi l’intéresser sauf que l’on sent que l’ingérence du studio a été trop forte, le résultat faisant peur – mais pas pour les bonnes raisons. S’intéresser à la dimension tragique de cet homme rongé par la maladie, qui se voit endosser le mauvais rôle à la suite d’une tentative désespérée de guérison, avait un potentiel certain et il est regrettable de constater qu’une fois de plus les grands pontes de ce Spider-verse en carton ne prennent pas conscience de leur incompétence notoire. Si contrairement à Venom, le délire cartoonesque n’est pas au programme, on se dit tout de même qu’au final, quitte à se tirer une balle dans le pied de cette manière, le second degré aurait dû être de mise.

Devant composer avec une intrigue famélique, que l’on doit au tandem Roy Thomas/Burk Sharpless, qui signe là un scénario des plus basiques, Morbius se révèle donc être un ouvrage bâclé, les fondations étant branlantes dès le début. Alors que l’on aurait pu se concentrer sur l’aspect trouble de notre médecin, qui sacrifie l’éthique sur l’autel de la survie, avec les résultats dramatiques que l’on connaît, ici on suit un chemin balisé où la nuance n’est pas à l’ordre du jour. Destiné à être l’un des nombreux ennemis de Peter Parker, le vampire aux super-pouvoirs endosse pourtant le rôle de l’anti-héros, la place du bad guy revenant à son frère de cœur, ‘Milo’. Sans chercher à creuser quoi que ce soit, on nous ressort alors le même schéma que dans Venom et sa suite, avec un conflit entre un méchant-pas-méchant et un-méchant-très-méchant. Le tout en à peine une heure trente, scènes post-générique comprises (complètement incohérentes avec certains événements de Spider-Man : No Way Home soit-dit en passant). Comment croire aux relations entre nos différents protagonistes quand ceux-ci sont écrits à la truelle ?

Difficile de rehausser le niveau quand celui-ci est si bas et si Jared Leto se montre un tant soit peu convaincant dans la peau de Michael Morbius, on ne peut pas en dire autant pour ses camarades de jeu, à commencer par Matt Smith qui, ne sachant pas comment appréhender son personnage de ‘Milo’ prend le chemin du surjeu, cabotinant dès lors que son alter-ego dévoile sa véritable nature. Si sa prestation est pénible à regarder, notons qu’elle lui permet d’exister contrairement à Adria Arjona – premier rôle féminin malheureusement inutile (pour le moment…) – ou encore à Tyrese Gibson et Jared Harris complètement transparents. Si Daniel Espinosa essaye de temps à autres de donner du rythme à sa mise en scène, rien n’y fait, sachant qu’en plus, les effets spéciaux sont déjà datés – semblant sortir d’une production du début des années 2000. Ce qui nous donne des scènes d’action brouillonnes, en particulier dans un acte final complètement rushé, se terminant sur une note abrupte, sans chercher à conclure quoi que ce soit.

A quoi joue Sony Pictures ? C’est la question que l’on peut se poser après avoir vu Morbius, œuvre complètement saccagée et vidée de sa substance par les architectes du Spider-verse, qui continuent d’enchaîner les mauvaises décisions. Si l’ambition est de se diriger vers un Sinister Six, il faudrait revoir totalement la copie parce l’on fonce droit sur l’autoroute catastrophe et à un rythme effréné.

© Sony Pictures

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