Cinq ans après 20th Century Women, le réalisateur Mike Mills effectue son retour derrière la caméra avec Nos Âmes d’Enfants, qui réunit au casting Joaquin Phoenix, Gaby Hoffmann, Woody Norman, […]
Cinq ans après 20th Century Women, le réalisateur Mike Mills effectue son retour derrière la caméra avec Nos Âmes d’Enfants, qui réunit au casting Joaquin Phoenix, Gaby Hoffmann, Woody Norman, Scoot McNairy, Molly Webster ou encore Jaboukie Young-White et se centre sur Johnny, journaliste radio voyant son quotidien bouleversé quand sa sœur lui demande de s’occuper de son fils…
Avec la délicatesse qui le caractérise, Mike Mills s’interroge sur le monde contemporain et porte à l’écran le fruit de ses questionnements – qui se traduisent dans Nos Âmes d’Enfants par une ode réflective sur les relations humaines où la parole est d’or, servant de vecteur de transmission universel pour exprimer une palette d’émotions. D’un bout à l’autre du territoire américain, le réalisateur se montre ainsi à l’écoute de la jeune génération, dont les angoisses se rapprochent plus que l’on ne le croit de celles des adultes – pour un état des lieux subtil des doutes qui accaparent petits et grands.
Officiant aussi bien au poste de metteur en scène que de scénariste, Mills met son élégance au service d’un récit pouvant parler au plus grand nombre, ses thématiques se concentrant sur les petits tracas de la vie quotidienne en général ainsi que sur les valeurs familiales. Tout est question de lien, que ce soit ceux du sang, du cœur ou d’ordre social dans cette comédie dramatique qui s’évertue à démontrer que la discussion est synonyme de connexion. Un constat qui se vérifie à travers le parcours de Johnny, un journaliste radio qui parcours le pays pour les besoins d’un reportage à visée pédagogique. Avec ses collègues, notre homme tend son micro à des enfants, des adolescents, leur demandant de livrer leur vision du futur. Paraissant au premier abord à l’aise avec cette jeunesse qu’il interviewe, ce dernier va réellement apprendre à interagir avec celle-ci grâce au contact de son neveu – dont il va s’occuper du jour au lendemain. Un proche qu’il connaît à peine, avec qui il doit apprendre à cohabiter à la suite d’une situation de crise intra-familiale. L’élément déclencheur de ce pas de deux entre Jesse et son oncle, qui est le moteur du long-métrage.
Reprenant le schéma classique du rapprochement progressif entre deux être ne se connaissant pas, Nos Âmes d’Enfants n’est pourtant pas dénué de charme, tant le tandem formé par Joaquin Phoenix et Woody Norman fait des étincelles en matière d’alchimie – le premier sachant s’éclipser pour laisser toute la place nécessaire à son benjamin pour s’exprimer et dévoiler sa palette de jeu. Le tout pour un rapport d’égal à égal qui fait la force du film, leur partition commune offrant de jolis moments de tendresse et de sensibilité. En se retrouvant dans le giron de l’autre, chacun voit sa vision des choses évoluer tandis que de leur expérience parallèle apparaît les angoisses d’un quotidien qui n’est pas si idéal, où des événements plus ou moins obscurs sont venus fendre leur armure. Ce temps passé ensemble fait alors office de thérapie familiale, les non-dits du passé devenant les mots du présent. De quoi donner un épaisseur supplémentaire aux messages véhiculés sur cette fameuse idée de transmission par l’expression.
Si l’on concède qu’en étant des plus bavardes, l’œuvre pourra en faire décrocher certains, dans l’ensemble cela reste plaisant de suivre cette session psychanalytique posée mais non dénuée d’intérêt, qui traite avec pudeur de ce qui nous unit, nous sépare et nous tracasse. Un point de vue renforcé par la réalisation de Mike Mills, qui laisse l’espace nécessaire à ses comédiens pour se livrer, sa caméra s’effaçant pour mieux que l’on se concentre sur le visage et la voix de sa distribution – le travail effectué sur le montage de même que sur le son aidant de ce fait à apporter du relief à cette fameuse parole – celle portée par la jeunesse se révélant riche d’esneignement.
Avec Nos Âmes d’Enfants, Mike Mills enveloppe le spectateur dans une bulle de tendresse avec une comédie dramatique où les mots soignent les maux, où confessions amènent à la réflexion quant au monde qui nous entoure. Une introspection prenant forme par le biais d’un choc des générations tout en délicatesse, qui donne la part belle à sa distribution.