[Critique] Scream, le fardeau du passé
Onze ans après la sortie du quatrième volet, la saga Scream fait son retour sur les écrans avec un nouveau chapitre, cette fois mis en scène par Matt Bettinelli-Olpin et […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Onze ans après la sortie du quatrième volet, la saga Scream fait son retour sur les écrans avec un nouveau chapitre, cette fois mis en scène par Matt Bettinelli-Olpin et […]
Onze ans après la sortie du quatrième volet, la saga Scream fait son retour sur les écrans avec un nouveau chapitre, cette fois mis en scène par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (Wedding Nightmare). Réunissant le trio original composé de Neve Campbell, David Arquette et Courtney Cox aux côtés de Melissa Barrera, Jack Quaid, Jenny Ortega, Dylan Minnette, Mikey Madison, Marley Shelton, Mason Gooding ou encore Jasmin Savoy Brown, le long-métrage nous ramène dans la petite ville de Woodsboro, une fois de plus frappée par une série de meurtres violents- vingt-cinq ans après la première tuerie de Ghostface…
Indissociable de Wes Craven et Kevin Williamson, les instigateurs de la franchise, Scream s’est petit à petit éloignée de ses architectes ces dernières années. Si, sur le petit écran, MTV s’est lancée en 2015 – année de la disparition du réalisateur – dans le développement d’une série anthologique, au cinéma rien n’a fait été fait jusqu’alors pour faire ressurgir Ghostface du placard. C’était sans compter sur l’enthousiasme du tandem formé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett qui, après le succès public et critique de leur première réalisation, Wedding Nightmare, ont voulu rendre hommage à l’un de leur maître à penser en donnant un second souffle à l’une de ses sagas phares. Ce qui nous amène à ce dernier cru, qui se veut une lettre d’amour à Wes Craven oscillant entre respect du matériel de base et tentative d’apporter du sang neuf à un univers qui a déjà un quart de siècle.
Pour s’y faire, se reposer sur les codes propres à Scream coulait de source, notamment en essayant de jouer avec les deux piliers que sont le slasher et le méta, présents depuis le début de l’aventure. Des ingrédients qui figurent sur la feuille de route rédigée par le duo de cinéastes, qui ont confié l’écriture du script aux scénaristes James Vanderbilt et Guy Busick, avec cette idée d’osciller entre continuité et nouveauté. Bien entendu, l’erreur serait de se contenter d’un film proche du remake et de ne pas du tout chercher à emmener la franchise vers quelque chose d’inédit. Constamment sur le fil, l’intrigue du film tente ainsi de tenir en équilibre d’un bout à l’autre de l’intrigue et malgré la frayeur de tomber dans cette fameuse facilité. Entre hommage, clins d’œil et fan-service pur et dur, la nuance est ténue. Une problématique dont est consciente l’équipe créative qui fait mine de se jouer de cette problématique avec plus ou moins de tact, s’amusant à faire flotter ce parfum de nostalgie qui s’infuse dans tout Hollywood depuis quelques temps. Parmi les exemples récents, Star Wars, S.O.S. Fantômes et même Matrix – qui a fait figure d’exception en critiquant ouvertement cette mode via une surprenante opération de sabordage. Ici, point d’acte de vandalisme, le message quant au conservatisme des fans étant finalement ambigu vu la démarche initiale, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett étant des aficionados de la première heure de l’œuvre de Craven. Ce qui nous laisse dans un entre-deux où l’on tape sur le pauvre Rian Johnson tout en regardant avec admiration ce qui a été fait auparavant.
En résulte un cinquième opus qui, malgré son potentiel, finit par ne plus se concentrer sur la route à force de regarder dans le rétroviseur, ce qui est dommageable quand on constate qu’il y avait de l’idée dans certains développements. Tout comme dans le précédent épisode, la confrontation entre ancienne et nouvelle génération est au cœur du scénario, le spectre de Ghostface réveillant de douloureux souvenirs. Les événements du film original sont de ce fait remis en perspective en faisant le pari de s’orienter sur de nouvelles héroïnes, deux sœurs, qui se retrouvent dans le giron d’un tueur arborant le fameux masque servant de symbole à la saga. Ces héritières de Sidney Prescott n’ont certes rien à envier à leur modèle, mais ce changement de paradigme est intéressant à suivre, notamment concernant Sam, l’aîné – dont les zones d’ombres lui confèrent un certain poids. Hélas, exceptées ce duo, difficile de se laisser convaincre par la galerie d’adolescents qui nous est présenté à l’écran – qui pâtissent d’un manque de caractérisation – la plupart existant seulement par rapport à des figures du passé – empêchant de réelles évolutions. Un point noir qui s’accentue quand le trio phare de Scream s’invite à la partie, devant être là pour passer le relais et s’avérant à porter le film sur leurs épaules malgré leur temps de présence limité. Là, la magie fonctionne puisque la tension ainsi que l’émotion se font ressentir. James Vanderbilt et Guy Busick savent dès lors tirer profit de l’historique de la franchise, trouvant la parade pour impliquer Sidney, Dewey et Gale dans cet énième massacre – avec un choix scénaristique qui divisera – procurant l’effet choc qui se faisait cruellement manqué dans cet opus.
D’ailleurs, notons que la violence est des plus brutales dans cet opus, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett parvenant à rendre Ghostface plus menaçant que jamais – en l’iconisant à travers une mise en scène inspirée. Notre tandem est clairement inspiré en ce qui concerne la réalisation, ce qui est l’une des qualités indéniables du long-métrage avec de bonnes trouvailles visuelles à la clé, renforçant la dimension horrifique – le sang coulant et les os se brisant sous les coups d’un tueur décidemment enragé. Une aura qui se verra malencontreusement ternir lors de la révélation finale, où le (ou les) coupable(s) sont démasqués. Concernant la direction d’acteurs, si Melissa Barrera, Jenny Ortega ou encore Jasmin Savoy Brown parviennent à tirer leur épingle du jeu, elles ne font pas le poids lorsque viennent se greffer Neve Campbell, Courtney Cox et David Arquette, qui connaissent sur le bout des doigts leur personnage. Mention spéciale à ce dernier, qui parvient à donner une profondeur jusque là inédite à Dewey – comme toujours l’atout cœur de Scream.
Si l’on apprécie l’hommage à Wes Craven, la reprise en main de la franchise Scream par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett a du mal à trouver sa voie, ne sachant pas allier avec fluidité respect du matériau d’origine et apport de sang neuf – l’un annihilant l’autre. Plus brutal, plus violent, ce cinquième volet avait le potentiel pour redonner un coup de fouet à l’univers créé par Craven et Kevin Williamson mais cela n’est finalement pas le cas, cette lettre de fans étant écrite avec amour mais avec des mots parfois maladroits. Le divertissement reste tout de même sympathique, grâce au trio Neve Campbell/Courtney Cox/David Arquette, restant un atout indéniable.
Visiblement pas un fan ou quelqu’un qui a un jour aimait et compris scream …
Et pourtant l’auteur de ces lignes est un amateur de la saga, comme quoi les goûts et les couleurs différent selon les ressentis. Un opus faible de Scream reste sympathique comme stipulé, après il est difficile de faire l’unanimité donc pas de soucis.