Après avoir supervisée et réalisée la première saison de L’Opéra (création originale OCS), Cécile Ducrocq s’attèle à son premier long-métrage, intitulé Une Femme Du Monde. Comprenant au casting Laure Calamy, […]
Après avoir supervisée et réalisée la première saison de L’Opéra (création originale OCS), Cécile Ducrocq s’attèle à son premier long-métrage, intitulé Une Femme Du Monde. Comprenant au casting Laure Calamy, Nissim Renard, Béatrice Facquer, Romain Brau, Diana Korudzhiyska ou encore Sam Louwick, celui-ci se centre sur le parcours de Marie, une professionnelle du sexe se voyant amener à trouver des solutions pour subvenir aux besoins de sa famille…
Prolongeant son exploration du cinéma social via le prisme de la prostitution, un travail débuté avec La Contre-Allée – récompensé du César du Meilleur Court-Métrage en 2016 – Cécile Ducrocq s’affaire à souligner la difficulté de se sortir d’une situation précaire dans une société à deux vitesses, livrant avec Une Femme Du Monde un drame cru et réaliste qui, s’il n’échappe pas à quelques écueils, vaut le coup d’œil pour la prestation électrique d’une Laure Calamy investie.
Comme son titre l’indique, ce premier long-métrage est avant tout un portrait de femme, ne cherchant pas à faire du racolage quant à la portée de son sujet, ici tout étant une question de choix et d’affirmation de soi. Un parti-pris permettant de dépeindre ce milieu des travailleuses du sexe avec nuances, la vision de la réalisatrice étant d’en montrer les multiples facettes, qu’ils soient bons ou mauvais, par le biais d’une intrigue resserrée sur son personnage principal. C’est ainsi que l’on suit le quotidien de Marie, qui se partage entre la recherche de clients, démarches militantistes et instants avec son fils. Une relation qui sert de moteur au scénario, s’articulant autour de l’amour maternel et des sacrifices que l’on peut faire pour les siens. Une dimension émotionnelle venant de la teneur à la quête désespérée de notre mère courage, prête à l’impossible pour assurer un avenir à la chair de sa chair.
De ce lien filial se nourrit Une Femme Du Monde pour nous embarquer dans une plongée vers d’obscurs horizons, où l’envie de s’en sortir peut amener à naviguer en eaux troubles. Alors que son enfant stagne dans sa vie professionnelle, se laissant couler sans réellement chercher des alternatives à sa condition, Marie est amenée à prendre des décisions radicales quant une perspective s’offre à Adrien. Quand lutte des classes et déterminisme viennent se mettent en travers la route de nos protagonistes, c’est une course contre la montre qui s’engage pour que l’entrée dans une école prestigieuse puisse être possible. Devant redoubler d’efforts pour trouver une somme conséquente afin d’aider son garçon, notre héroïne se retrouve dans une situation d’urgence, un sentiment qui suinte dans chaque pore de ce drame, la caméra de Cécile Ducrocq mettant à nue aussi bien physiquement que psychologiquement Marie, restant toujours dans son giron pour mieux nous émouvoir de son parcours, de son sort.
Si les ficelles de l’intrigue son parfois visibles, particulièrement dans sa seconde partie – venant amoindrir son impact – il n’empêche que dans l’ensemble cette première œuvre à des qualités indéniables, notamment dans son traitement de la prostitution (avec un effet miroir entre les pratiques françaises et allemandes qui marque les esprits). Mais le plus grand atout d’Une Femme Du Monde est sans conteste Laure Calamy, qui ne cesse de prouver l’étendue de son talent – avec un rôle qui n’était pas des plus faciles à incarner. Et pourtant, avec son énergie habituelle et sa sincérité de jeu, l’actrice porte le long-métrage sur ses épaules, sa partition étant exemplaire. Dans la peau de Marie, Calamy se donne corps et âme. En résulte une performance de haut-niveau, cette dernière étant sublimée par Cécile Ducrocq, qui sait allier direction et mise en scène, apportant une plus-value non négligeable au film.