Quatre ans après le baroud d’honneur de Mila Jovovich et son mari Paul W.S. Anderson, qui ont raccroché les gants après Resident Evil : Chapitre Final, l’univers de la franchise vidéoludique […]
Quatre ans après le baroud d’honneur de Mila Jovovich et son mari Paul W.S. Anderson, qui ont raccroché les gants après Resident Evil : Chapitre Final, l’univers de la franchise vidéoludique phare de Capcom repart sur de nouvelles bases – sous l’égide de Constantin Film. Confié à Johannes Roberts (The Doors, 47 Meters Down, The Strangers : Prey at Night) ce reboot intitulé Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City comprend Kaya Scodelario, Robbie Amell, Hannah John-Kamen, Tom Hopper, Avan Jogia et Neal McDonough au casting, le long-métrage nous emmène du côté de Raccoon City, une ville où le mal se propage – le temps d’une nuit fatidique…
Alors que l’on pensait que la conclusion de l’ère Jovovich allait coïncider avec repos pour une franchise ô combien malmenée, Constantin Film en a décidé autrement – la société de production étant bien décidée à ne pas se séparer de sa propriété phare. Ce qui nous amène à ce reboot de Resident Evil, destiné à corriger le tir après une hexalogie qui n’aura cessé de prendre des libertés avec son matériau d’origine, au grand dam des fans. Un public que cherche à appâter Johannes Roberts, aux manettes de ce projet attendu avec une certaine crainte, ce qui est toute somme logique après les exactions de Paul W.S. Anderson. Sous-titré Bienvenue à Raccoon City, ce nouveau départ tient-il ses promesses ?
Si la vision particulière d’Anderson en aura dérouté plus d’un, ce dernier étant souvent en roue libre, force est de constater que ses délires et son sens du grand n’importe quoi avaient tout de même un certain charme, garantissant un divertissement turbo-débile de premier ordre. En cherchant à rectifier les erreurs du passé, Johannes Roberts se rapproche pour sa part de l’atmosphère de la saga vidéoludique, mêlant d’ailleurs les trames des deux premiers volets pour nourrir son long-métrage. Un retour aux sources qui avait de la matière pour nous faire frissonner et satisfaire les amateurs de la création de Capcom. Hélas, malgré sa bonne volonté manifeste, le réalisateur s’embourbe dans une série Z fauchée, qui galère à donner du corps à ses intrigues. En résulte un retour aux sources qui, malgré ses références, ne redore aucunement le blason de Resident Evil, qui semble condamnée à l’obscurité au cinéma.
Reboot oblige, nous revenons aux origines du Virus G avec la rétrospective de la funeste nuit où Raccoon City fût en proie à un mal des plus étranges, les horribles expériences d’Umbrella Corporation. – entreprise soi-disant pharmaceutique – ayant des conséquences cauchemardesques sur la population locale. Quand les habitants se transforment en simili zombies, l’apocalypse n’est qu’à un pas, comme vont le constater les principaux protagonistes du film. En mixant les éléments clés des premiers jeux-vidéos, Johannes Roberts, qui officie au scénario, réunit Claire et Chris Redfield, les faisant coexister aux côtés de personnages phares de la franchise comme Jill Valentine, Leon S. Kennedy ou encore Albert Wesker, William Birkin et le chef Irons. Tout ce beau monde s’entrecroise dans ce bourbier où les monstres deviennent réalité, que ce soit dans l’enceinte du Manoir Spencer ou aux abords du commissariat – lieux emblématiques pour les connaisseurs. Une approche plaisante à première vue, où le respect de l’œuvre adaptée paraît respecté, sauf que le fan-service passé, il n’y a rien à retenir de cette virée en enfer, qui échoue à sa mission première.
Pénalisé par une écriture paresseuse, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City pâtit d’une structure narrative sommaire avec des enjeux prenant du temps pour s’élever. Avec une réelle absence de tension, difficile de se laisser prendre au jeu et de stresser avec nos héros. Tout est générique au possible, l’intrigue se contentant de faire déplacer ses pions d’un point A à un point B puis d’essayer de faire monter la sauce en faisant apparaître zombies et créatures en chemin. Sauf qu’en se partageant entre deux groupes, Johannes Roberts ne sait pas sur quel pied danser, ce qui a pour effet immédiat de mettre la majorité des personnages de côté. Si l’on tente de nous lier à Claire Redfield et son flic de frère, l’alchimie ne prend pas. Pareil pour les membres des équipes Alpha et Beta des S.T.A.R.S, Valentine et Wesker étant peu développés et assez manichéens. La palme revient à Leon, qui passe de badass à fadasse en étant caractérisé comme un bleu maladroit – devenant un sidekick comique du plus mauvais effet.
De ce fait, l’ennui prend vite ses quartiers, la peur n’étant jamais au rendez-vous malgré une atmosphère glauque. Que nous pénétrions dans les couloirs du Manoir Spencer ou dans les locaux de la R.PD., l’angoisse est aux abonnées absentes, les affrontements entre nos personnages et les monstres tentant de les dévorer manquant cruellement d’ampleur – aussi dégoûtants soient-ils. Un soucis de taille, que l’on doit à un soucis d’économie, Constantin Film ne s’étant pas donné les moyens de leur ambition. A part la photographie de Maxime Alexandre, qui tente de sauver les meubles comme il peut, il n’y a pas grand chose à sauver. Si l’on apprécie les clins d’œil aux jeux-vidéos, le scénario anémique ainsi que la réalisation plate de Johannes Roberts n’aident pas à l’immersion dans cet univers horrifique, avec en point d’orgue des effets spéciaux de mauvaises qualités, dignes d’un téléfilm ou d’une série télé de The CW. Même cas de figure pour la direction d’acteurs, d’où ne ressort que Kaya Scoledario, la seule qui s’en tire avec les honneurs – ses camarades devant se contenter de miettes niveau caractérisation et présence, ce qui est dommage (surtout pour Hannah John-Kamen, qui méritait d’être mieux mise en valeur).
Avec Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City, les ténèbres planent toujours au-dessus d’une franchise malmenée sur grand écran. Malgré une envie manifeste de se rapprocher de l’univers vidéoludique dont elle est l’adaptation, Johannes Roberts ne parvient aucunement à relancer la saga vers une direction pertinente, la faute à une production clairement fauchée et un script peu inspiré. En clair, un reboot inutile, dont le seul intérêt semble d’avoir mis en parenthèse l’aventures Resident Evil au cinéma pour un petit moment.