Six ans après A Trois On Y Va, Jérôme Bonnell revient derrière la caméra avec Chère Léa, qui réunit au casting Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier, Léa Drucker, Nadège Beausson-Diagne ou encore Pablo Pauly. Présenté en avant-première lors de la vingt-deuxième édition de l’Arras Film Festival, le long-métrage nous fait suivre Jonas qui, après une soirée arrosée, décide sur un coup de tête de rendre visite à son ancienne petite amie…

Poursuivant son analyse du sentiment amoureux, présent en filigrane dans sa filmographie, Jérôme Bonnell nous convie à une comédie dramatique cherchant à mettre des mots sur la douloureuse notion de rupture, pour une chronique douce-amère sur les relations humaines ne parvient pas totalement à nous emporter malgré un casting de qualité.

Avec Chère Léa se met en place une valse conduite par la gente masculine, le long-métrage se centrant sur leur regard face au monde, aux femmes ainsi que leur capacité à appréhender tout ce qui s’apparente au domaine du cœur. Pour évoquer ce vaste sujet, le réalisateur, qui officie également à l’écriture, prend le chemin de l’introspection par le biais d’une déambulation où les destins s’entrecroisent, où les émotions se troublent au gré des rencontres. Jouant de ses unités de lieu et de son ancrage temporel, le scénario s’articule autour de la tumultueuse journée d’un homme arrivé à la fin d’un chapitre de sa vie – aussi bien professionnellement qu’affectivement – faite de hauts, de bas et de remise en question. Le tout pour une marche réflective prenant de nombreuses déviations pour arriver à destination.

Se réveillant dans un bureau qui n’est pas le sien, à la suite d’un cocktail un peu trop arrosé, notre protagoniste principal – Jonas – s’engage sur une route pour le moins cabossée à l’aube d’un jour qui va se révéler riche d’expériences. Décidant sur un coup de tête de se rendre chez son ex petite amie, Léa, ce dernier ressasse une histoire compliquée où la peine a pris le pas sur l’amour malgré la puissance de la passion. Se faisant rejeter par sa dulcinée, notre quadragénaire éconduit s’installe au café d’en face avec l’intention d’écrire une lettre à destination de celle qui fait battre son cœur. Une entreprise qui ne sera pas de tout repos, mettre des mots sur des maux s’avérant plus ardu que prévu, d’autant plus lorsque des évènements viennent en interrompre la rédaction.

De ce chassé-croisé se mettent progressivement en place, allers et retours témoignent de l’instabilité psychologique de la plupart de nos personnages, à commencer par Jonas – arrivé au bout d’une impasse. Entre difficultés au travail et problèmes d’ordre intimes, notre homme se voit pris en étau, se retrouvant à un carrefour de sa vie. Les épreuves traversées au cours de sa folle journée vont-elles l’amener à avoir un regard différent sur sa condition ? Un questionnement au centre des enjeux de Chère Léa, Jérôme Bonnell s’appliquant à nous amener vers une épiphanie, par le biais d’un cheminement pour le moins balbutiant malgré un parcours balisé. Les digressions se mettant au travers de l’exploration du cœur des hommes viennent atténuer l’efficacité de l’ensemble avec des sous-intrigues inégales, étirant artificiellement le récit. Si l’on devine aisément ses grandes lignes, le film peut malgré tout compter sur sa distribution pour que l’on reste attentif à ces pérégrinations sentimentales, que ce soit Grégory Montel, Anaïs Demoustier, Léa Drucker ou encore Grégory Gadebois, qui campe avec bonhommie le rôle du patron du café, bienveillant et de bon conseil.

Avec Chère Léa, Jérôme Bonnell tente de trouver les mots justes pour parler d’amour, s’attelant à la confection d’une balade entre les sentiments avec Chère Léa, comédie dramatique qui dispose d’un capital sympathie grâce à l’interprétation de son casting mais ne parvient pas à nous convaincre totalement, à cause des balbutiements de son scénario.

© Celine Nieszawer

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