[Critique] Invisible Man, machination perverse
Deux ans après Upgrade, Leigh Whannell est de retour derrière la caméra pour Invisible Man, relecture moderne de L’Homme Invisible avec au casting Elisabeth Moss, Aldis Hodges, Storm Reid, Harriet […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Deux ans après Upgrade, Leigh Whannell est de retour derrière la caméra pour Invisible Man, relecture moderne de L’Homme Invisible avec au casting Elisabeth Moss, Aldis Hodges, Storm Reid, Harriet […]
Deux ans après Upgrade, Leigh Whannell est de retour derrière la caméra pour Invisible Man, relecture moderne de L’Homme Invisible avec au casting Elisabeth Moss, Aldis Hodges, Storm Reid, Harriet Dyer, Michael Dorman et Oliver Jackson-Cohen, nous plongeant dans le quotidien de Cecilia Kass, une jeune femme tentant de se défaire de l’emprise néfaste de son ex-compagnon…
Après le semi-échec de La Momie d’Alex Kurtzman, qui devait être le fer de lance du Dark Universe, Universal Pictures a revu sa copie concernant le développement de nouveaux longs-métrages basés sur son bestiaire et s’est associé à Bluhmouse pour proposer une adaptation moderne de L’Homme Invisible, sous la houlette de Leigh Whannell.
Ici point d’univers partagé à construire, laissant une plus grande liberté de ton à son réalisateur, qui officie également à l’écriture, celui-ci en profitant pour se réapproprier le concept et le juxtaposer à un sujet d’actualité, celui des violences conjugales.
Ainsi Invisible Man nous fait suivre Cassandra Kass, qui a été victime du comportement abusif de son petit-ami, Adrian Griffin, un brillant scientifique et qui tente de reprendre goût à la vie après avoir réussi à le quitter. Sauf que ce dernier semble avoir trouvé le moyen de continuer à la hanter, même après que sa mort eut été annoncée.
Jouant avec les traumatismes de son personnage principal et le machiavélisme de son nemesis, Leigh Whannell parvient à proposer un long-métrage traitant avec justesse de la perversité narcissique et du pouvoir qu’ont les bourreaux sur leurs victimes. De ce fait la majeure partie de Invisible Man se concentre sur la paranoïa propre à l’histoire de Cassandra. Psychologiquement atteinte par le comportement de son ex et devant faire face à d’étranges manifestations, qu’elle seule observe, son combat pour prouver qu’elle ne sombre pas dans la folie, même quand tout l’indique, est le point fort de l’intrigue.
Privilégiant le thriller à l’horreur, le réalisateur nous entraîne dans une machination sadique qui est efficace, notre victime perdant progressivement pied alors que ses appels à l’aide et ses mises en garde tombent à l’eau. Voir ce piège, à première vue implacable, se refermer sur elle procure la tension nécessaire pour captiver le spectateur, avec quelques séquences ‘horrifique’ à la clé et une utilisation minimale du jump-scare, ce qui est à souligner pour une production Blumhouse.
Cependant, alors que cette spirale infernale tenait ses promesses, Leigh Whannell se perd en cours de route, son dernier acte cassant le rythme installé, se montrant plus exhaustif concernant la menace fantomatique représentée par Adrian. Cumulant ainsi action plus poussée et série de retournements de situations plus ou moins attendus, Invisible Man se termine sur une note classique du genre et cela lui fait perdre en intérêt.
Si le scénario se dégonfle en fin de parcours, l’atmosphère anxiogène qui en découle fonctionne dans son ensemble et cela grâce à l’implication d’Elisabeth Moss qui est clairement le moteur du long-métrage, qui se repose à raison sur sa performance. L’actrice surpasse ses camarades de jeu et porte Invisible Man sur ses épaules, parvenant à nous embarquer dans le gouffre dans lequel son personnage, Cassandra, s’enfonce. De sa terreur initiale, renforçant notre affect pour cette dernière, à sa paranoïa quant aux épreuves subies, nous ne pouvons que compatir à son sort, connaissant le stratagème utilisé à son égard et suivre son parcours du combattant ainsi que sa transformation psychologique est le point fort de l’intrigue.
Après avoir vu Upgrade, force est de constater que la mise en scène de Leigh Whannell a été beaucoup moins inspirée pour ce deuxième long-métrage, sa patte étant plus effacée même si on la retrouve lors de quelques séquences (l’évanouissement ou encore le déferlement de violence à l’hôpital) mais dans sa globalité, la sobriété est de mise, ce qui profite à son actrice principale, dont le jeu est l’atout majeur du film.
Reconfigurant le mythe de L’Homme Invisible et le développant sous le prisme des violences faites aux femmes, un sujet pertinent à une époque marquée par le mouvement #MeToo, Leigh Whannell concocte un thriller paranoïaque qui se montre efficace mais qui, plombé par un dernier acte en roue libre, ne parvient pas à être réellement marquant. N’en reste pas moins la prestation habitée d’Elisabeth Moss qui fait de cette adaptation un honnête divertissement.