[Critique] Seules Les Bêtes, le destin se moque des hommes
Trois ans après Des Nouvelles De La Planète Mars, le réalisateur Dominik Moll est de retour avec Seules Les Bêtes, adaptation du roman éponyme de Colin Niel qui comprend au […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Trois ans après Des Nouvelles De La Planète Mars, le réalisateur Dominik Moll est de retour avec Seules Les Bêtes, adaptation du roman éponyme de Colin Niel qui comprend au […]
Trois ans après Des Nouvelles De La Planète Mars, le réalisateur Dominik Moll est de retour avec Seules Les Bêtes, adaptation du roman éponyme de Colin Niel qui comprend au casting Denis Ménochet, Laure Calamy, Valeria Bruni Tedeschi, Damien Bonnard, Nadia Tereszkiewicz et Guy Roger N’drin. Présenté en avant-première lors de la vingtième édition de l’Arras Film Festival, le long-métrage nous plonge dans une mystérieuse affaire de disparition dans les hauts plateaux des Causses.
Avec Seules Les Bêtes, Dominik Moll revient avec force à son genre de prédilection, le thriller, pour un résultat prenant et glaçant.
En reprenant la structure du roman de Colin Niel, le réalisateur et son co-scénariste Gilles Marchand, réussissent à distiller les tenants et les aboutissants de leur intrigue principale, à savoir la disparition de Evelyne Ducat dont seule la voiture a été retrouvée sur le bord d’une route à la suite d’une tempête, par le biais de destins croisés.
Divisé en cinq chapitres, Seules Les Bêtes parvient à conjuguer les codes du film noir à ceux du drame social en se centrant sur des personnages esseulés aussi bien géographiquement qu’émotionnellement. Nous sommes en présence d’hommes et de femmes qui se comblent dans la solitude et les non-dits, la froideur de leur être se reflétant dans la blancheur de l’hiver. Tous ont besoin d’évasion, sous différentes formes, mais de leurs envies secrètes va surgir une avalanche de répercussions.
Le long-métrage réussit sa transposition du roman à l’écran, dépeignant avec une écriture fine ces portraits croisés, liés par la force des éléments. Dévoilant progressivement ses cartes, révélant à un rythme maîtrisé les informations nécessaires, ce procédé de découpage en segments joue implacablement sur notre compréhension globale, grattant sous la surface pour mettre en lumière problèmes personnels et financiers, intrigues amoureuses vouées à l’échec ou encore duperies. Autant d’obstacles qui se mettent en travers de ces hommes et ces femmes. L’ironie du destin va les réunir de manière macabre, pour mieux nous surprendre quant aux ramifications entourant ce mystère central. Un effet papillon aux battements d’ailes ravageurs va bousculer la morne plaine qu’est leur existence et tous seront plus ou moins victimes et coupables de leurs agissements.
Dominik Moll sait instaurer une atmosphère et aidé par les multiples décors naturels, propres aux différents cadres de l’intrigue, des hauts plateaux des Causses à Abidjan, il crée un climat austère pour mieux dégager la solitude de ces cinq principaux protagonistes, perdus dans l’environnement qui les entourent, que ce soit des massifs neigeux pour certains aux ruelles bondées pour d’autres. Peu importe où ils se trouvent, la désuétude l’emporte.
L’autre force de Seules Les Bêtes réside dans sa distribution. Chaque comédien et comédienne s’imprègne de l’aura mystérieuse ambiante pour proposer une composition plus que convaincante, s’étoffant au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue. Si le talent de Valeria Bruni Tedeschi et Denis Ménochet ne sont plus à prouver, ces derniers excellant une fois de plus, saluons les prestations de Laure Calamy et Damien Bonnard, qui continuent d’enchaîner les très bons choix de carrière et la révélation des deux plus jeunes acteurs du casting, Nadia Tereszkiewicz et Guy Roger N’drin, qui s’intègrent parfaitement à l’ensemble et tiennent la dragée haute à leurs partenaires.
Avec Seules Les Bêtes, Dominik Moll signe un retour remarqué dans le monde du thriller avec un jeu de piste intriguant au sein d’un polar glacial et social, dévoilant la dure réalité du monde rural via ce chassé-croisé existentiel. La réalisation millimétrée et la profondeur du jeu d’acteur achèvent de parfaire ce sinistre coup du sort où le destin montre sa supériorité et son inexorabilité.
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