Pour son troisième long-métrage intitulé Velvet Buzzsaw, Dan Gilroy retrouve Jake Gyllenhaal et Rene Russo, le duo phare de Night Call (sa première réalisation) et s’entoure de Zawe Ashton, Billy Magnussen, Toni Collette, John Malkovich, Natalia Dyer et Daveed Diggs pour nous emmener dans le milieu de l’art contemporain à Los Angeles, où artistes et collectionneurs fortunés sont prêts à tout pour obtenir des œuvres pouvant leur rapporter un beau pactole.

Oscillant entre la critique acerbe du monde artistique et thriller aux allures de slasher fantastique, Velvet Buzzsaw se perd en ne choisissant pas réellement vers quelle direction se diriger, d’où un résultat qui n’est finalement pas homogène.

Le scénario écrit par Dan Gilroy est un plaidoyer pour l’art en lui-même, se voulant un pamphlet contre la vacuité du monde contemporain où l’argent, la notoriété et la manipulation ont plus de valeur que la qualité de l’oeuvre.

La majorité des protagonistes naviguant dans cet univers, à savoir le critique renommé (Jake Gyllenhaal), la gérante d’une galerie (Rene Russo), son assistante (Zawe Ashton), la conservatrice (Toni Collette), les artistes en manque d’inspiration (John Malkovich, Daveed Diggs), sont limite caricaturaux même si fort heureusement Gyllenhaal et Russo parviennent à survoler le reste de la distribution et à nous garder un minimum attentifs.
L’écriture n’est pas particulièrement fine et ces personnages sont froids et bourrés de défauts, ne nous permettant pas de nous attacher à eux, un effet voulu par Dan Gilroy, qui nous rend ce microcosme superficiel et antipathique pour mieux nous réjouir de la tournure que prend le long-métrage, devenant une farce macabre.

Lorsque Velvet Buzzsaw décide de bifurquer dans le thriller, il appuie la métaphore de l’art qui reprend ses droits face à ces gens qui l’ont déposséder de sa force, personnifié par les artistes joués par Malkovich et Diggs, qui ne sont que des poules aux oeufs dont on attend juste des oeuvres pour les vendre aux plus offrants quitte à les lessiver.
À la manière d’un slasher, des éléments surnaturels entrent alors en jeu et face au manque de scrupule de tout ce petit monde, les créations vont devenir des instruments de morts. En basculant dans le jeu de massacre, la réalisation de Gilroy devient finalement incarnée et les mises en scènes de ces mises à morts font partie des meilleures séquences du long-métrage où l’on sent l’inspiration derrière la caméra. Dommage de ne pas avoir conservé ce travail soigné de réalisation tout du long, causant des pertes de rythmes malvenus.

Velvet Buzzsaw est une mise en exergue de ce qui met à mal le monde artistique, à savoir le mercantilisme où l’argent à plus de valeur que l’ouvrage est bienvenue puisque malheureusement véridique.
La beauté de l’art est ternie par la cupidité et l’avidité de l’homme, privilégiant le profit à la qualité. Un message pertinent pour un film qui ne parvient pas à exploiter son potentiel, la faute à une exécution bancale. Il aurait fallu que le film parte soit dans le délire complet du slasher ou dans la satire mais ne pas jongler avec les deux en essayant de rendre le tout homogène car cela ne fonctionne pas vraiment comme ça le devrait. Reste le jeu de Jake Gyllenhaal et Rene Russo qui livrent comme à leur habitude des prestations inspirées.

VelvetBuzzsaw
©Netflix

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