[Critique] Sans Un Bruit, le silence est d’or
Après Brief Interviews with Hideous Men et La Famille Hollar, qui ne sont jamais sortis dans les salles françaises, John Krasinski passe à nouveau derrière la caméra avec le thriller Sans […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Après Brief Interviews with Hideous Men et La Famille Hollar, qui ne sont jamais sortis dans les salles françaises, John Krasinski passe à nouveau derrière la caméra avec le thriller Sans […]
Après Brief Interviews with Hideous Men et La Famille Hollar, qui ne sont jamais sortis dans les salles françaises, John Krasinski passe à nouveau derrière la caméra avec le thriller Sans Un Bruit pour lequel il s’est entouré d’Emily Blunt, Millicent Simmonds ou encore Noah Jupe pour nous entraîner dans un monde post-apocalyptique où le silence doit régner à tout prix sous peine de vite le regretter…
Avec Sans Un Bruit, John Krasinski embarque le spectateur dans un drame intimiste flirtant avec le thriller fantastique pour un résultat efficace grâce à la bonne utilisation de son concept.
Dans le scénario de Bryan Woods et Scott Beck, le silence joue le rôle de pierre angulaire et il est d’or dans l’intrigue à un double niveau : nous suivons une famille dont la fille aînée est sourde, les personnages utilisent donc le langage des signes pour communiquer entre eux et cela a un intérêt direct sur l’intrigue du film qui nous plonge dans un monde post-apocalyptique où des créatures, se repérant aux bruits, déciment l’humanité.
Ce postulat permet donc de jouer sur la carte de l’audible et l’inaudible avec comme résultat de n’avoir que deux ou trois lignes de dialogues parlées, la quasi-totalité des répliques étant signées et de nous forcer à nous concentrer sur le son, d’où provient le suspense du long-métrage. Chaque bruit provoqué par inadvertance a des conséquences terribles et nous fait prévoir le pire pour nos personnages principaux.
L’autre bonne idée est de se concentrer sur une famille vivant recluse, soulignant le caractère intime du film. Nous assistons à un drame familial sur fond d’apocalypse et ce parti pris permet à Sans Un Bruit de se démarquer par rapport aux autres long-métrages de genre sortis dernièrement. Tout ce qui se rapporte à l’apocalypse ayant eu lieue est relégué au second plan via des détails montrés brièvement comme des coupures de journaux. Simple et efficace, pas besoin d’en faire plus pour ancrer la trame générale.
Avec une unité de lieu et un environnement restreint, les acteurs ont eu fort à faire car tout repose sur leur jeu. Dès l’introduction, l’aspect émotionnel est mis en exergue à travers une séquence choc pour le spectateur et la famille, nous aidant à nous sentir en empathie avec eux et comprenant le choix des parents de vouloir consolider leurs liens avec une naissance à venir. Les différents membres ressentent de manières opposés les drames se nouant autour d’eux et les interactions sont avant tout basées sur la sensibilité de chacun. Emily Blunt et Millicent Simmonds sont celles qui s’en sortent le mieux au niveau palette de jeu et parviennent aisément à transmettre les états-d’âmes de leurs personnages. John Krasinski incarne la figure autoritaire qui se voit obligé d’agir ainsi en raison du monde hostile environnant qui peut mettre sa famille en danger à tout moment mais ce qui marque le plus son interprétation sont ses non-dits avec sa femme (Blunt) et sa fille (Simmonds) qui témoignent de sa douleur et de sa fragilité. Le jeune Noah Jupe n’est pas en reste et sait témoigner au spectateur sa peur de vivre dans un tel monde.
La réalisation de John Krasinski renforce le sentiment de solitude vécu par les personnages avec une utilisation de plans larges sur les lieux du film, principalement la ferme où ils se sont établis et au contraire en rétrécissant la mise au point de sa caméra, montre la proximité entre les protagonistes et surtout se focalise sur les visages pour être au plus près de l’émotion.
Concernant l’aspect horrifique de Sans Un Bruit, si au départ le jump scare est efficace et l’attente un bon moyen d’appuyer la tension, le dernier acte du long-métrage ne joue plus sur ce point mais va droit au but en nous montrant l’horreur (alias les créatures) de face comme pour les dé-diaboliser. Un message pour signaler qu’il est temps d’affronter cette peur. Ce passage à l’action est alors symbolisé par un changement de rythme et le cadre change de couleur, l’urgence est au rendez-vous, ce que le rouge, prédominant et ressortant bien à l’image en contraste avec la nuit noire. Du sang va couler et nous sommes prévenus.
Sans Un Bruit est un changement bienvenue dans le film de genre et son concept immersif capte immédiatement l’attention du spectateur qui, comme les personnages, n’a aucune envie d’émettre un son. Porté par un scénario oscillant entre thriller et drame familial, le long-métrage doit également beaucoup à son quatuor d’acteurs et sa facilité à véhiculer l’émotion. John Krasinski signe là une oeuvre post-apocalyptique efficace.
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