Quatre ans après Good Boys, Gene Stupnitsky effectue son retour sur grand écran avec Le Challenge, une comédie réunissant Jennifer Lawrence, Andrew Barth Feldman, Laura Benanti, Natalie Morales, Scott MacArthur et Matthew Broderick au casting, se centrant sur le parcours de Maddie, une jeune femme acceptant un emploi quelque peu particulier émanant de parents fortunés mais désespérés…

Comme le laissait transparaître Good Boys, l’ambition de Gene Stupnitsky semble de vouloir remettre au goût du jour les comédies gentiment sexy et trash du début des années 2000. Une tendance se confirmant avec son second essai, synonyme d’opération séduction sur le public cible de ce type de productions, avec la mise en place d’une rom-com débridée où sexualité rime maladroitement avec passage à l’âge adulte. Une formule à première vue classique pour le genre mais encore faut-il éviter les pièges pour ne pas sombrer dans la gaudriole et l’outrance sur l’autel de l’humour – d’un niveau généralement situé sous la ceinture. Le cinéaste y est-il parvenu ?

A la lecture du synopsis, la crainte était au rendez-vous, le sujet paraissant casse-gueule. Des parents fortunés, un brin désespérés que leur fils de dix-neuf ans ne profite pas de la vie, cherchent à le ‘décoincer’ avant son entrée en fac. Pour s’y faire, ces derniers publient en toute simplicité une petite annonce afin de trouver une petite-amie temporaire à leur Percy chéri, qui devra lui faire connaître les plaisirs de la chair. Un job que va accepter à contrecœur Maddie, chauffeur Uber qui à du mal à joindre les deux bouts financièrement parlant et aurait bien besoin d’une nouvelle voiture pour continuer à avoir un salaire. Quelque peu glauque n’est-ce pas ? Sur le papier, l’intrigue concoctée par Gene Stupnitsky et son coscénariste John Phillips (Dirty Papy) sentait le sapin dès le départ car propice à la gênante, surtout si l’écriture ne suivait pas.

Fort heureusement, les deux hommes ne se sont pas contentés d’être et méchants, conscients qu’il y avait de la matière pour aborder des thématiques sur la quête de soi et le rapport aux autres. Ainsi, en dépit de son postulat pouvant faire grincer des dents, Le Challenge tente de nous montrer qu’il ne faut pas se fier à la couverture pour juger un livre, se montrant moins graveleux que prévu. Pour autant, le long-métrage n’évite pas tous les obstacles se mettant en travers de son chemin, la faute à un scénario déséquilibré, balbutiant au démarrage avant de trouver une direction intéressante à suivre. Passée la phase des préliminaires et des tentatives frontales de Maddie pour séduire sa cible, qui ne font pas réellement mouches en terme de situations comiques (à l’exception d’une improbable scène de bagarre en bord de plage), le script gratte petit à petit à la surface et explore d’autres facettes inhérentes à son sujet.

Et cela fonctionne mieux, car en se reposant sur l’alchimie entre Jennifer Lawrence et Andrew Barth Feldman, le long-métrage gagne en sensibilité, le tandem principal l’aidant à prendre un peu de hauteur. Que ce soit la différence d’âge, le fossé entre les générations et la peur d’aller de l’avant, la relation pour le moins bancale entre Percy et sa ‘dulcinée’ prend de l’épaisseur, sortant finalement des sentiers battues. Dans son dernier acte, Le Challenge prouve qu’il ne manque pas de cœur et se conclut de manière convaincante. Mais quand on regarde le délire dans son ensemble, difficile d’être vraiment séduit par cette proposition, qui ne vaut le coup d’œil que par sa distribution. Car si le script est balbutiant, la réalisation de Gene Stupnitsky est quant à elle transparente, sans aucune âme, ce qui est dommage. Un tant soit peu de créativité question mise en scène aurait pu donné du pep’s à cette comédie faussement trashouille.

Si le duo Jennifer Lawrence/Andrew Barth Feldman bénéficie d’un grand capital sympathie, difficile d’être sous le charme du Challenge, Gene Stupnitsky mettant platement en scène une comédie borderline ayant du mal à trouver sa raison d’être.

© Sony Pictures

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